LES DETOURNEMENTS DE BERNARD LOUEDIN
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Deux artistes exposant actuellement à Paris, ont, à mon avis, le même point de départ : un dessin extrêmement fin, délicat, à la limite de la préciosité ; un travail descriptif si précis que le spectateur peut réellement sentir la vie dans La Salute de Luis Marsan à la galerie Claude Bernard ou Le piano de Bernard Louedin, à la galerie Michèle Broutta.
Ce travail de technique mixte qui relie les deux artistes s'arrête à la prouesse picturale pour Luis Marsan, mais part dans une direction très différente pour Bernard Louedin : Le piano n'est pas un simple piano, le drap qui le recouvre est porteur de champs, buissons, et barrières sur fond de soleil couchant. Le vaisseau fantôme inversé, au lieu de s'incurver, se resserre en rempart de château à la Walt Disney : l'éléphant devient arbre aux multiples rameaux.
Dans chaque œuvre, l'artiste détourne ainsi l'objet et, par le biais de ce détournement y introduit une note d'humour. Oiseaux, fleurs, animaux et monuments célèbres changent de définition et se retrouvent dans une sorte d'univers culturel très inattendu et provocateur.
Heureusement ! Car la suavité des tons gris-bleuté répétée au long des cimaises génèrent tout de même un certain malaise : tant -trop- de douceur deviendra vite insupportable ! Mais pris séparément, chaque tableau entraîne le visiteur dans un itinéraire très fantastique et c'est vraiment une belle exposition que propose la galerie.
Qui la propose d'ailleurs avec beaucoup d'énergie et de dynamisme. Michèle Broutta a, depuis des années, spécialisé sa galerie dans les œuvres sur papier. A notre époque où tant de galeries sont devenues simplement des lieux d'accrochage, les artistes qui exposent chez elle ont bien de la chance de trouver une personne capable de s'investir si fort et si sincèrement dans la présentation de leurs œuvres et leu promotion personnelle.
Jeanine RIVAIS
CE TEXTE A ETE ECRIT EN 1993 ET PUBLIE DANS LE N° 35 DE DECEMBRE 1993/JANVIER 1994 DE LA REVUE IDEART