Artiste polyvalent, Jean-Joseph Sanfourche a toujours dessiné, peint, écrit, sculpté la pierre et le bois, travaillé l’émail et le bronze. A la fin des années soixante, il a commencé à employer également des matériaux insolites, comme des silex ou des os humains, qu’il taillait et sur lesquels il peignait de petits personnages colorés. Ses créations rappelaient l’univers de Gaston Chaissac, qu’il rencontra en 1956 à Vix et avec qui il collabora longuement. Jean-Joseph Sanfourche a également entretenu pendant dix-huit ans une importante correspondance illustrée avec Jean Dubuffet.

          Toujours bizarres étaient les petits personnages de Jean-Joseph Sanfourche,  multiples, comparables aux signes d’une écriture automatique, à la fois tellement similaires et différents par un infime détail, comme la ligne d’une bouche un peu plus longue, un peu plus courbe, des yeux un peu plus ronds, des nez un peu plus gros... Agglutinés comme dans une fourmilière dont ils semblaient posséder le système organisationnel ; doublant de leur masse impénétrable des remparts de villes qui  se profilaient sur l’horizon tout au fond du tableau ; fixant le visiteur comme on regarde quelqu’un de “différent”. Lui faisant bonjour, parfois, lorsque l’un d’eux avait réussi à s’extirper de la masse et apparaissait “entier”. Et puis, des frises, au-dessus de la foule, répétant “Je pars, je ne sais pas si je reviendrai”, “Nous sommes en route”…

          Oui, mais pour où ? Où se trouvait donc, pour Sanfourche, le champ de poésie, verdoyant et indiscipliné, qui aurait échappé à la rigueur géométrique de ses fragments de villes concentrationnaires ?

Jeanine RIVAIS