Les créatures de Carole Bailly sont raides comme à la parade, toujours à l’avant-plan du tableau ; dotées de minuscules corps et de membres longs et filiformes ; avec des têtes démesurées, par contre, aux énormes bouches lippues violemment maquillées, aux visages en forme de poire, et tout en haut des yeux méchants, en amande. Pas de front, mais une coiffe, chapeau haut de forme souvent, ou tiare, toque... richement brodées. Et tout autour, la “foule”, dans des sortes de bulles comme pour les bandes dessinées, créant des “étages” qui permettent à l’artiste de faire se côtoyer des personnages de taille donc d’importance psychologique différente. Le tout noyé dans des textes, sortes de redondances amusées des activités du personnage principal ! Tout se passe comme si trois étapes étaient nécessaires à Carol Bailly : le dessin pour la mise en scène ; les détails picturaux foisonnants pour conforter l’aspect baroque de sa création ; et l’écriture pour raconter l’histoire “ , telle cette phrase abrupte : Marisa se marie en minijupe. Gérald la regarde de près... On voit les dentelles de ses culottes...”
Jeanine RIVAIS