Le narrateur a volontairement renoncé à toute ambition. Il est correspondant du journal local d’une bourgade de "l’Est pluvieux", où rien ne se passe jamais, et où, subséquemment, le même article peut lui resservir à l’infini, en changeant simplement le nom des protagonistes. Son seul bonheur, mais il est absolu, est "d’éplucher des pommes de terre face à la fenêtre ouverte sur la pluie" ! Et de boire de la bière belge avec son unique ami, Basile. Un jour, Basile lui confie qu’il vient de tromper sa femme (que le narrateur déteste et méprise) avec un adorable tendron, "La petite Caillois". Cynique, il lui conseille alors de continuer et d’être enfin heureux !
C’est sans compter avec les tabous, la culpabilité, la découverte par Rose de l’adultère, la (les) vengeance(s) de cette dernière contre les deux hommes, bien après le suicide de la jeune fille et jusqu’à celui de Basile. Et la décision du narrateur de partir pour une autre bourgade où il pleuvra encore plus, où il ne se passera absolument rien !…
Tout de même, pour partir là-bas, il fait un bout de chemin dans la camionnette de la boulangère "qui sent la pluie et porte des bottes rouges"… Car "il est bon de mordre dans le pain frais" !
Un livre drôle, lyrique et désabusé, énonçant des poncifs à plume qui veux-tu ; cynique et provocateur. Mais un beau roman français, plein de verve, conçu d’une écriture fine et élégante.
Jeanine RIVAIS
FRANZ BARTELT: "LES BOTTES ROUGES": NRF Gallimard. 204P. 98FF.
Le Grand Prix annuel de l’Humour Noir est attribué au restaurant LE PROCOPE.