ACJ 2021
ART DANS LES COURS ET JARDINS
LES ARTISTES ENVAHISSENT SAINT-SAUVEUR
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LES LIEUX ET EXPOSANTS
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LA GERBAUDE // Mme J. BROUXEL ET CHEZ EUGENE 15 et 22 RUE DE LA GERBAUDE // LE BARDABO PLACE DU MARCHE :
Comme chaque année, FRANCK MERCKY avait, le temps du festival, emporté un nombre important de ses œuvres au long des rues, depuis La Gerbaude, l'entrée du village, jusque dans les jardins où elles retrouvaient celles d'INES LOPEZ SANCHEZ MATHELY et celles de PAUL HERAIL. Un bon moyen de mettre le visiteur dans l'ambiance dès son arrivée.
VOIR AUSSI :
MERCKY FRANCK : ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS : Banne 2013. COURT TEXTE DE JEANINE RIVAIS : EVAsions de la Peinture VILLY EN AUXOIS. FESTIVALS 2018. Et TEXTE DE JEANINE RIVAIS : FESTIVALS ACJ SAINT-SAUVEUR EN PUISAYE
LOPEZ SANCHEZ MATHELY INES : ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : FESTIVALS : BANNE 2013. ET AUSSI TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ "LA MEMOIRE DES ETRES" : ART SINGULIER
HERAIL PAUL : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LES ASSEMBLAGES DE PAUL HERAIL" : http://jeaninerivais.jimdo.com/FESTIVAL SINGULIEREMENT VOTRE, MONTPELLIER 2015. Page des Nouveaux
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Etrange impression pour le visiteur qui parvient au Lavoir de la Gerbaude, de n'y voir qu'une œuvre au milieu de l'eau couverte de lentilles ! Et pourtant, il sait qu'en neuf années, Béatrice Neirinckt a ramassé dans la nature plus de quatre-vingt-cinq mille cannettes ! Que rentrée à ma maison, elle les découpe en petits carrés qu'elle colle côte à côte autour d'un objet dur, ici un mannequin dépourvu de membres, lui-même récupéré. Tantôt laissant l'aluminium découvert, elle obtient des brillances et des matités aléatoires. Tantôt les recouvrant de peinture, elle maîtrise à son gré les nuances. Générant dans l'une ou l'autre option, des œuvres très colorées ou non pas monochromes, mais moirées.
La voilà donc créatrice d'une sorte de land-art métallisé. Une land-artiste qui, recouvrant ses multiples supports, s'est définie comme une "surcycleuse". Qui est donc en même temps une militante écologiste, défendant par ses multiples glanes, la propreté des lieux qu'elle traverse.
Le visiteur pourrait donc se sentir lésé de ne voir qu'une seule œuvre, s'il ne savait qu'elle propose en même temps une importante exposition au CRAC de Fontenoy, et qu'elle installe ses œuvres en divers points du globe, pour inciter les gens à s'inquiéter de l'état de la Terre !
Jeanine RIVAIS
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LA MAISON ROUGE 5 RUE DE LA GERBAUDE :
Le galeriste parisien Frédéric Roulette qui compte parmi ses exposants Joseph Kurhajec proposait dans sa maison de Saint-Sauveur, quelques œuvres de ce dernier.
VOIR AUSSI : KURHAJEC JOSEPH : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LE BESTIAIRE FANTASMAGORIQUE DE JOSEPH KURHAJEC" : " BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA : N° 55 de juillet 1995 et N° 71 DE JANVIER 2002. Et aussi TEXTE DE DE JEANINE RIVAIS : "LE BESTIAIRE FANTASMAGORIQUE DE JOSEPH KURHAJEC, SCULPTEUR" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ ART SINGULIER
Il y a apparemment de l'eau dans toutes les scènes d'Anouchka Desseilles, et pas toujours à bon escient, d'ailleurs, puisque les protagonistes sont parfois en bien mauvaise posture !! Mais quand ils ne sont pas en péril sur leur "Radeau de la Méduse", ce moyen de locomotion semble être leur outil de travail, à en juger par l'attirail qui l'encombre aux pieds des passagers.
Par ailleurs, tous sont noirs, ce qui donne à penser que l'artiste a vécu avec eux en Afrique et partagé leur quotidien.
Et puis, tous les tableaux sont construits sur une même idée : l'un des personnages est plus grand que les autres et les domine de sa haute stature. Le problème se pose alors : est-ce seulement sa stature qui le fait dominer la scène ? Ou bien faut-il y voir symboliquement l'idée qu'il est le dominant ? Aussi bien pour tout ce qui matériel ou objet de commerce que pour le groupe de personnes qui l'entourent. Et est-ce alors une façon pour Anouchka Desseilles de hiérarchiser le groupe, d'où émane pourtant chaque fois une grande convivialité : famille assise sur le radeau, femme reposant vêtue d'un long manteau, près d'un homme couché, tandis que le pilote mi-caché par les marchandises, dirige l'embarcation…
Enfin, les protagonistes ne se regardent pas, ils regardent le visiteur en off, l'amenant ainsi à les observer en retour et s'interroger sur leur vie !
En somme, voulant rendre compte de façon réaliste de vies qu'elle aurait partagées là-bas, Anouchka Desseilles privilégie sans romantisme et sans idéalisme, les vraies histoires, les vrais sentiments et les vrais environnements qu'elle peint avec objectivité. Mais se veut-elle vraiment réaliste ? Aucune brutalité ni rigueur, rien de cru dans sa peinture, chaque œuvre semble même baigner dans une sorte de très fine brume qui atténue les contours, adoucit les reliefs, comme si finalement elle voulait créer l'illusion de la réalité, qu'au lieu d'un monde cruellement figuratif, elle rendait compte d'un univers légèrement onirique ?
Subséquemment, le tout forme une œuvre d'une facture simple et épurée. Avec une palette colorée limitée, elle compose ses mises en scène variées et créatives. L'emploi de couleurs douces lui permet de dédramatiser les scènes qui, autrement, seraient dures ; de rendre chaleureuses celles qu'elle veut plus intimistes : bleu pastel, jaune pastel, rose poudré, rouge, gris bleuté, plus rarement vert d'eau...
Ainsi, Anouchka Desseilles voyage-t-elle sur sa toile, légèrement mélancolique, nostalgique peut-être, sentiments à la fois nés de son imaginaire, de ses souvenirs, et de la réalité qu'elle aurait partagée. Proposant au visiteur un travail ethnographique curieux et intéressant.
Jeanine RIVAIS
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INES ET PAUL RUE DU BOURG GELE :
Comme chaque année, Inès avait prêté à une peintre sa boutique où le bleu de ses tableaux contrastait avec le bistre des œuvres de ses œuvres, et son atelier à la deuxième, dont les paysages à dominante verte surprenaient dès l'entrée.
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Certes, chaque artiste a ses coloris préférés, mais tout peindre en bleu comme le fait Sophie Bons relève du passionnel, voire de l'obsessionnel !
Geneviève Asse, peintre célèbre, écrivait : " Le bleu a quelque chose de rapide. Il passe, dans les nuages, dans l'espace. C'est une couleur qui bouge. Il y aussi une sorte de transparence, aussi bien dans la pluie, dans un mur. Pas un monochrome. C'est une couleur qui bouge, c'est-à-dire qui vibre. Il y a toujours le geste du peintre qui fait bouger ce bleu et qui fait un appel pour y rentrer".
Couleur qui bouge, qui s'affirme, certes. Et pourtant, les œuvres de Sophie Bons sont d'une douceur ineffable ! Dans son monde apparemment exclusivement féminin, chaque corps stylisé semble d'une simplicité trompeuse ! Tout est en courbes, aucun angle dur, du ventre rond aux petits seins délicatement mamelonnés, ce ne sont que lignes douces, ininterrompues, qui capturent l'élégance de la jeune femme. Et si, parfois, les cheveux sont ocres, couleurs automnales, la plupart du temps ils sont bleus sur bleu, comme si chaque nuance avait sa propre vie, son propre mystère. Même les poissons répétitifs et les algues semblent avoir été choisis non pour quelque symbole mais parce que le pinceau peut sans relâche en inscrire les courbes !
Le plein, le vide et les ombres portées lorsque, par exemple ondule la chevelure, jouent chacun un rôle jusqu'à créer un mélange original, inattendu et plutôt agréable. Par ailleurs, De la Blanchère prônait le sacrifice des détails, afin de mettre l’accent sur les éléments prépondérants de l’œuvre, tout en estompant les parties secondaires. "Sacrifiez, éteignez tous ces détails, […] estompez vos mille riens pour ne pas distraire de l’ensemble et vous aurez un tout vraiment artistique, vraiment satisfaisant". Est-ce cette démarche que poursuit Sophie Bons lorsqu'elle pousse le travail jusqu'à un flou où la silhouette féminine est suggérée plutôt que montrée ? Pense-t-elle alors avoir atteint la quintessence de son art, lorsqu'elle a, en quelque sorte, supprimé toute distinction identitaire de son personnage ? Ou bien pousse-t-elle ainsi ses sujets pour montrer le caractère passager de toute chose et l'instabilité de toute forme ? Qui sait ?
Jeanine RIVAIS
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Le portrait d'intérieur est un genre pictural qui apparaît en Europe à la fin du XVIIe siècle et connaît une grande vogue dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il consiste en la représentation minutieuse et détaillée d'une pièce d'habitation, sans aucun personnage.
Ce "genre" constitue une partie de la création de Pascale Garcin. Ce qui l'intéresse, ce n’est pas l’action qui se déroule dans cet espace, mais plutôt l’ambiance paisible qui s’en dégage. Elle nous présente un univers familier et clos, dans lequel règne une impression de calme et de silence. La lumière froide provenant d'une grande fenêtre et reflétée dans un trumeau vient illuminer la scène. La pièce est vide d'occupants, mais la place des fauteuils, les bibelots sur la table… révèlent un quotidien qui devient source de poésie.
Même préoccupation lorsque l'artiste passe au portrait. Portrait de garçon parfois, de femmes le plus souvent, jeunes à en juger par la posture gymnique de l'une, le visage de l'autre... Désœuvrés, toujours. Et pourtant, là encore, apparaissent des différences notoires : si la femme à la robe rouge, aux jambes en l'air, nues, terminées par des chaussures à talons aiguilles, peut sembler frivole, la jeune femme en bleu, assise dans un fauteuil, coudes appuyés sur les genoux, mains croisées, visage immobile et yeux fixant l'horizon est son antonyme ! Pour insister sur le sens qu'elle entend donner à cette œuvre, la peintre a oblitéré une partie de la pièce, ne laissant en évidence qu'un chevalet et, posé sur une tablette, une tête de mort dont les orbites vides sont orientées comme les yeux de la jeune femme. Et voilà soudain, une simple peinture narrative devenue une Vanité!
Ces trois scènes sont des œuvres de proximité, et le visiteur imagine bien l'artiste penchée sur sa toile, s'attachant aux détails, aux jeux d'ombres et de lumière sur un genou, une manche de pull-over, les mains croisées finalement nimbées d’une lumière mauve-laiteux…
D'une facture complètement différente sont les œuvres d'extérieurs, natures mortes ou paysages ; études plutôt que tableaux achevés ; têtes-à-têtes ou petits groupes, têtes chapeautées façon XIXe siècle, etc.; chaque élément traité nerveusement à longs traits du pinceau, ou aux teintes appliquées à larges coups du couteau chargé de peinture, si denses que les épaisseurs se côtoyant ou se chevauchant, font vibrer les surfaces voisines plus claires ! Le tout nuancé à grandes plages de peintures aux couleurs complémentaires.
Ainsi, Pascale Garcin apparaît-elle comme une peintre qui sait que seuls l'intéressent les intérieurs vides d'humains traités avec le soin infini de qui veut rendre compte ; mais aussi les études rapides, ne brossant que les traits principaux qui l'amènent peut-être aux humains lorsqu'ils sont définis par l'environnement ? De sorte que toutes ces démarches s'enchaîneraient. A suivre.
Jeanine RIVAIS
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M. ET MME PATRY 2 RUE DES GROS BONNETS
Depuis des années, Jean Guillemard, hante les bois à la recherche de vieilles souches capables de ressusciter sous forme d'animaux, de très exotiques oiseaux ou de fantasmagoriques châteaux. De sorte qu'il se définit comme un artiste animalier, faisant revivre ces vieilles souches qu'il travaille, ponce, vernit… jusqu'à ce qu'elles captent la moindre lumière.
Mais cette année, mis à part une planche et un pilier sur lesquels il a pyrogravé motifs floraux ou animaux en jouant des nœuds et des nuances du bois, il n'a proposé que des oiseaux.
Un groupe d'oiseaux très stylisés, non pas perchés, lançant leurs trilles, ou couvant dans un nid : mais tous présentés comme vus de dessus, sur un support blanc et cernés d'une lourde plaque noire qui faisait ressortir leurs couleurs lumineuses. Chaque bec, pointu, effilé, crochu… se détachait nettement des cous épais, fins, étirés ou recroquevillés. La tête et le corps ne semblent pas avoir suscité un grand intérêt chez le peintre.
Par contre, les ailes sont de véritables merveilles : Les unes rouges bordurées de bleu, semblables à des ailes de papillons aux ocelles blanches. D'autres dans toutes les nuances d'orange, largement éployées comme pour une parade nuptiale. Mais le bleu semble être la couleur favorite de Jean Guillemard : ailes larges, recouvrant le corps à la manière d'une capeline ; bizarrement ouvertes formant bosse ; véritable dentelle s'arrondissant autour du corps, etc.
Ainsi, Jean Guillemard, étrange ornithologue de non moins étranges oiseaux, passe-t-il de la récup' à l'imaginaire. Sans se soucier de réalisme, il persévère dans une création où l'oiseau est devenu la créature archétypale, toujours d'une grande simplicité et sérénité.
Jeanine RIVAIS
Il est assez difficile de définir ce que doit être une sculpture abstraite, tant elle est différente pour chaque artiste. Les amateurs de cette discipline s'accordent généralement sur le fait qu’une sculpture abstraite ne représente pas la réalité extérieure, mais s’efforce d’incarner un concept, une idée, ou une émotion en trois dimensions. Les matériaux des sculptures modernes abstraites varient considérablement, allant des matériaux classiques (la pierre, marbre et bronze) à des matériaux moins nobles (fer, métal, objet du quotidien …).
Alexandre Mayeur associe souvent le verre et la pierre, deux matériaux qu’il juge complémentaires pour ses compositions verticales. Le verre, taillé est soudé à la pierre. Il canalise la lumière sur la pierre de couleur blanche ou grise, de l’andésite peut-être, qui semble inébranlable, intemporelle. D'autres fois, il affronte la pierre seule.
La pierre a été, de tout temps, définie comme la matière apte à souligner le relief, faire ressortir tous les détails d'une figure, sa dureté garantissant la pérennité de la réalisation de l'artiste. Alexandre Mayeur est un sculpteur talentueux. Pour chaque œuvre ébauchée, il cherche avant tout à assurer la perfection. Il maîtrise tous les outils nécessaires et les techniques pour réaliser ses sculptures.
Le matériau choisi, pierre dure ou tendre, blanche ou colorée, c’est son imagination qui prend la relève. Il façonne le bloc de pierre en créant une forme avec seulement en tête une ligne directrice. Ainsi, la conformation apparaît-elle, sous forme de volumes, de surfaces, de plans, de courbes et contrecourbes. Toujours en lignes arrondies, sans jamais d'angles durs. Veillant à la finition du poli, du granité, générant un extérieur mat et un intérieur brillant au creux des courbes.
Ainsi, Alexandre Mayeur démontre-t-il qu'il possède toutes les qualités indispensables à un sculpteur sur pierre : la créativité, la patience, une bonne santé et de bonnes techniques. Il produit des réalisations très diversifiées, attestant de sa liberté de création.
Jeanine RIVAIS
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"J’essaie de produire quelque chose de plus beau que l’ancien. C’est pour cela que j’utilise l’or, une matière qui sublime les choses".
Le stock de poutres calcinées a fondu. Pierre Marty a continué à créer… en brûlant lui-même des morceaux de bois. Après des pièces verticales et horizontales, il a imaginé des tableaux, des "petits bonheurs" (tranches de bois brûlées sur pieds), des sphères, des galets "résilients".
VOIR AUSSI : MARTY PIERRE : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS ACJ SAINT SAUVEUR 2020
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MME ET M. DUMAND 10 RUE DE LA ROCHE :
Se rattachant plutôt à l'artisanat, JEAN DOMERGUE proposait un assortiment pots, vases, bougeoirs, et autres petites boules parfaitement rondes, en bois de belles teintes, jouant des veines et des taches, fabriqués avec beaucoup de savoir-faire.
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VOIR AUSSI : NOURY MARIE-NOËLLE : TEXTES DE JEANINE RIVAIS : "MARIE-NOËLLE NOURY ET… MAURICE" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ART SINGULIER. Et "Maurice encore ? "Pas" Maurice ? Ou Maurice toujours ? Ou Marie-Noëlle Noury dans ses œuvres" (www.marie-noelle-noury.com/) Rubrique ARTICLES.
Suite au confinement, peut-être, ayant besoin d'augmenter son entourage, Marie-Noëlle Noury a encore agrandi la famille de Maurice. Lui, impassible, est toujours présent ! Et bien malin qui devinera dans quelle situation il se retrouve, du fait, peut-être de ses descendants en deux dimensions !?
Mais pour cette nouvelle génération, jouant de l'humour, elle a créé une branche parallèle de la généalogie mauricienne. Et jouant aussi de la dégénérescence, ils sont démembrés, décervelés, le vide du cerveau étant compensé par des chevelures hirsutes ! Pas étonnant qu'elle les ait baptisés 'Les Sacerariens" !!
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L’utilisation du métal en sculpture remonte à la Préhistoire. Les diverses qualités qui font d’un métal un matériau de choix pour la sculpture sont une grande dureté et une cohésion importante ; la malléabilité, ce qui permet de le travailler par martelage ; sa bonne résistance aux intempéries et à la corrosion atmosphérique ; son aspect brillant, massif ou au contraire sa légèreté, la capacité d’être fondu, coulé dans un moule, ou bien soudé, brasé.
Ce sont toutes ces qualités qu'utilise Lasco, qui le plus souvent œuvre sur de la tôle de voiture pour laquelle il pratique la découpe au plasma, conservant les couleurs naguère offertes au matériau. Véritable artiste d'Art-récup', il a à cœur de lui rendre vie, tenant compte du fait qu'après avoir rempli son rôle, avoir été témoin d'une période de notre civilisation, celui-ci peut encore, entre ses mains, jouer un rôle. Il s'agit en fait, pour l'artiste, de dénoncer, parallèlement, une civilisation qui rejette ses objets à peine consommés, dans un grand gaspillage de beauté et de sens patrimonial. Créer, à partir des rejets d’autrui, une poésie personnelle qui ressemble fort à un défi ! D’autant qu’à l’appui de cette condamnation, Lasco insuffle à tous ces objets arrachés à la destruction, vie et pérennité. Avec une façon originale de rapprocher ses trouvailles au gré de son imaginaire.
Ainsi, passant de petits personnages aux postures résolues, jambes et bras écartés ; à des animaux de son entourage quotidien, bœufs cornus, cigognes… ; ou à des animaux exotiques aux formes bizarres "rencontrés" au cours de ses voyages, ce globe-trotter témoigne-t-il de son rôle dans le monde contemporain. Mais, quel que soit le "sujet" proposé, loup au corset biseauté hurlant à la lune, ou vieux Chinois à chapeau de paille, aucune fioriture ne distrait la ligne principale ; toutes ses créations sont très stylisées, très géométriques, toujours figuratives. Peu de vides, dans ces œuvres, sauf si anatomie oblige. Elles sont lourdes, imposantes malgré leur taille souvent réduite, et la soudure est volontairement très apparente entre les faces colorées.
Des sculptures, donc, très expressives. Un travail de ligne, de composition entraînant tout un jeu entre le regardeur et le sculpteur. Un "jeu sculptural" : En définitive, le petit monde de Lasco, stylisé, d’apparence lourde, raide et solide comme il est dit plus haut, constitue une création vivante, tonique et généreuse, épisodique et bon enfant et atteste d'une vraie présence et originalité.
Jeanine RIVAIS
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LES CREACTEURS 6 RUE DE LA ROCHE :
Comme chaque année, la boutique des créacteurs proposait un gentil mêli-mêlo d'œuvres des adhérents où se côtoyaient art et artisanat : tableaux muraux, sculptures, vêtements, bijoux, etc.
Plus surprenants, voire pas forcément justifiés dans une galerie d'exposition, étaient les deux présentoirs d'un ou une artiste qui semble s'appeler Milo : Un ensemble de permacultures, et un groupe d'insectes prélevés sans doute dans une collection ?
Dans un angle, ALBERT HALL avait concocté un ensemble très morbide de sculptures ; allant de la mort invitant le visiteur à danser avec elle ; à une lanterne contenant le squelette ratatiné de quelque animal… préhistorique ; et, enfermés dans des globes de mariées, à des personnages aux corps difformes, l'un à tête animale, l'autre pétri à gros traits comme un individu sorti de quelque cauchemar… Conséquences peut-être de combats entre individus hors-normes ? Ou la version de l'Enfer d'Albert Hall ?
En continuant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, le visiteur rencontrait ensuite les femmes murales en tissu d'ISABELLE GRUARD, les oiseaux aux squelettes mi-réels, mi-stylisés de JEAN G. ; et la somptueuse tenue japonaise créée par KAWASHI.
Alexandra Peroux, qui est une habituée des ACJ, proposait l'année précédente des petits personnages très simples, à la bouille gentille et au ventre rond, groupés au pied de gigantesques arbres, le tout en des proximités de belles couleurs harmonieusement associées, où la noblesse du marbre se conjuguait avec la dureté du métal récupéré lors de ses glanes.
Métal, verre, mosaïques, minéraux subsistent, mais la facture des créations d'Alexandra Peroux a complètement changé : Elle présentait cette année dans des bocaux, ses créatures faites apparemment de résine du plus beau noir, comme le faisaient naguère les musées pathologiques lorsqu'ils collectaient sur un même plan que les corps étrangers avalés par les malades, les embryons anormaux et les têtes réduites ou tatouées, importées de divers continents.
A la différence près que ses têtes sont joliment décorées et se présentent comme des œuvres d'art et non comme d'authentiques trophées.
Ne montrant que la tête, au visage caché derrière un loup ou une "peinture tribale" et l'amorce du torse. Commence alors une longue histoire d’amour entre l’artiste et son sujet : elle va déployer toute son imagination pour l’orner, le piqueter d’infimes pointillés, l’agrémenter d’étoiles minuscules, le guillocher de languettes bleu pâle ressortant joliment sur le noir en lignes onduleuses, le fleuronner, etc.
Chaque œuvre est différente et originale. La chevelure s'aperçoit rarement, mais elle est alors cernée par un collier de cauris et de minuscules galets. Mais, la plupart du temps, elle est absente, le crâne auréolé d'une touffe de grandes fleurs, ou couvert d'une sorte de nid de mousses, lichens, etc.
Œuvres d'art, certes. Néanmoins, il semble bien que, ce faisant, Alexandra Peroux, qui s'est sentie libre de quitter ses petits êtres d'"avant", en est venue à se créer une civilisation bien à elle. Le visiteur ne trouve jamais deux statuettes identiques, même fabriquées dans le même esprit. Mais les motifs décoratifs et le modèle stylistique (proportions, détails typiques, facture) sont toujours les mêmes. Tout réside dans l’équilibre savant des volumes, la douceur des courbes. L'artiste génère donc une rencontre de la matière et de la forme. Et elle a la force artistique d'exprimer son rapport à cette ethnie spéciale, et la place qu'elle prend dans son esprit. Un travail d'ethnologue, en somme ! Plaquant sur SA création contemporaine les méthodes appliquées autrefois aux créations primitives !
Jeanine RIVAIS
Il semble bien que Sofi Buquet, longtemps potière créatrice d'objets usuels, ait migré vers des créations de terre très originales, qui la placent désormais parmi les artistes à l'imaginaire sinon morbide, du moins macabre !
Infini est le nombre d'artistes qui recherchent des os d'animaux pour les réintégrer dans leurs créations de personnages. Sofi Buquet, elle, les crée à parti d'une argile d'un blanc éblouissant ! Mais ses ossements sont d'une telle pureté, d'une telle absence de défauts que le visiteur en oublie qu'ils sont supposés être des os ! C'est que l'os ou le fragment trouvé est une forme à part entière, qui a son unité, ses cassures, ses porosités, ses couleurs, ses entrelacs veinés, marbrés. Leur redonner un second destin, c'est en somme tenter d'apprivoiser la mort. Les os de cette artiste, sculptés en méplat, sont si parfaits qu'ils en perdent l'idée d'ossements !
Peut-être Sofi Buquet a-t-elle eu conscience de leur froideur, qu'elle a essayé de les humaniser en les ornant parfois de longues cornes. Ou en créant des petits êtres conçus à partir d'ossements plus vrais que vrais. Protégés par des globes de mariées. Chez l'un, un crâne devient le corps, tandis qu'une vertèbre et un jeu d'osselets forment une petite tête avec une bouche bée édentée, un gros nez et des yeux exorbités auxquels une pupille noire confère un peu de vie. Pas de front. A la place, une chevelure drue formée de mèches roides.
Quant à l'autre, il représente une sorte d'animal étrange, perché sur de longues pattes filiformes au corps/tête hérissé de piquants comme les carapaces de crabes ; une large bouche, un long nez et deux yeux énormes, sphériques, clos. Une sorte de queue foliée se dresse au-dessus du dos.
Finalement, les petits individus nés de l'imaginaire de Sofi Buquet sont-ils beaux ? Oui. Sont-ils vivants, chaleureux ? Non ! A croire que cette argile blanche qui fait de si magnifiques plats, ne confère aucune vie aux sculptures ! D'où il faut conclure que si ces œuvres sont "belles", elles ont besoin pour être "vivantes" de terres colorées, mêlées au gré des fantasmes de l'artiste.
Jeanine RIVAIS
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LA GRANGE RUE DES FOURS BANAUX :
VOIR AUSSI : BULLY FRED : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http:/jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS : ACJ COURS ET JARDINS SAINT-SAUVEUR 2019
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Pendant longtemps, de recherches en découvertes, de peinture, poterie, danse… Mniha en est venue à une surprenante technique photographique, la "Light Painting" ou "Peinture lumineuse". Possédant désormais parfaitement ce procédé, l'artiste explore un monde interlope de misère peut-être, de mal-être assurément, d'adultes en habits grossiers bravant nuitamment leur mélancolie en se livrant à des jeux d'enfants ; de femmes aux corps déstructurés, assises/accrochées sur/à des gradins, hurlant à la nuit ; de clochards sans tête allongés sur des bancs… Un monde de plaies et bosses physiques et morales, en somme, à l'image peut-être de sa génitrice ?
Et, bien sûr, sa technique a évolué, est devenue art ! Mais il reste difficile, pour un béotien de l'art photographique, d'expliquer cette démarche que Mniha, elle, sait parfaitement raconter : "Après être passée par la photo argentique avec un moyen format, j'ai souhaité garder dans le numérique tout ce qu'il peut y avoir de spontané. Le choix du light painting me permet d'e¬ffectuer des montages photo en une prise de vue unique.
Mon travail photographique s'axe sur la décomposition/recomposition et multiplication du corps. Ayant évolué dans une famille où il était interdit de parler de soi, de son mal-être physique ou psychique, j'ai longtemps eu des difficultés à me considérer en tant qu'Être ! En passant par cette déstructuration du corps, je prends conscience de tous mes membres, et j'accepte d'être un corps physique vivant dans ce monde. Ce qui m'amène également à prendre en compte mon fonctionnement psychique. Ainsi je peux engager ma personnalité dans le monde et prendre conscience de l'autre".
Ainsi, mêlant son savoir scientifique, et son talent artistique, ses films et vidéos lui ont permis de se libérer de la pression du passé, de créer des "corps déstructurés". C'est ce qu'elle a mis en application lors des derniers ACJ.
Dans la grange où elle était installée, elle avait obstrué la porte, de façon à créer le noir complet. Sur le mur du fond, elle avait installé un grand écran blanc. Elle avait apporté une lampe puissante ou "Maglite" et un appareil photo. Et elle a invité le public du festival à venir assister à sa performance. Ainsi a-t-il pu voir Mniha se promener sur l'écran, tour à tour s'éloigner d'elle-même, se tourner le dos, jouer avec son ombre, etc.
Etrange démarche qui l'amène à dialoguer avec le spectateur ébahi ! Etrange artiste, polyvalente, créative et tellement originale !
Jeanine RIVAIS
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"Chaque fois que tu admires un tableau, souviens-toi que tu pénètres dans le plus sublime des arts. Ne reste jamais à la surface des choses. Pénètre dans la scène, déplace-toi entre ses éléments, découvre les angles inédits, fouine dans les détails... C'est de cette manière seulement que tu pourras atteindre sa véritable signification. Mais, je te préviens, il faut du courage pour cela".
Javier de Sierra
Français d’origine uruguayenne, contraint très jeune de s'exiler de son pays, longtemps la vie a été dure pour Javier de Sierra qui a vécu en Argentine, en Belgique et en France. Autodidacte, il a découvert tôt les artistes qui influenceront sa peinture ; en particulier les Muralistes mexicains et, s'il a su trouver son style personnel, son cœur est bel et bien resté là-bas !
Pour l'homme adulte arrivé en France, il semble que la chance ait enfin tourné, lui permettant de devenir un écrivain et peintre de renom. Car les années ont passé. Son incessante réflexion sur lui-même, sur la vie lui a permis de peaufiner le "dit" qu'il veut exprimer à travers ses tableaux ! Depuis toujours, il a travaillé sans se soucier des modes, des stéréotypes de la création officielle ; donnant à son œuvre une connotation marginale. Faisant apparemment appel à tout ce qui jusqu'alors avait marqué sa vie. Sa peinture est de ce fait devenue éminemment psychologique, sorte de journal extrait du plus profond de lui-même. Chaque œuvre est une petite aventure, où il semble bien -conséquence de la solitude de l'exil ?- que nulle personne du petit peuple qui revient de façon récurrente sur ses toiles ne puisse être seule : un ou plusieurs protagonistes accompagnent toujours le personnage central. D'autant que la plupart des scènes qu'il "raconte" se déroulent dans un bistrot, un dancing, sur la rue, dans un lupanar… que ce sont toujours des peintures narratives. Intemporelles. Populaires. Figuratives. Hyperréalistes même. Elles offrent les réminiscences des vies de ses lointains ancêtres, au spectateur. Et l’œil de ce dernier est à la fête, face à chaque toile fourmillant de subtiles vibrations, comme impatiente d'"exprimer" son histoire, en une sorte d’explosion, d’élan heureux des couleurs ! Car, avant tout, cet artiste est un coloriste. Possédant un sens inné des teintes douces, qui lui fait associer des gris et des jaunes en des progressions chaleureuses ; des bruns patinés de terres desséchées de soleil ; des rouges mats de lieux piétinés par des passants. Tout cela joint au mouvement propre des personnages de la toile, d’autant plus "mobiles", que le peintre veille à ce que chacune soit "lisible" au premier regard !
Et puis, Javier de Sierra a une manière très originale de traiter l’humain, d’élaborer ses personnages. Là commence le temps de la narration évoquée plus haut : celui où un homme assis lève son verre en réponse à une femme allongée sur une table, jambes écartées, sexe en évidence. Car l’érotisme est omniprésent dans l'œuvre de cet artiste, poussé à son paroxysme par les lèvres surchargées, les seins dardés, la bouche offerte… tandis qu'un accordéoniste au visage blasé regarde ailleurs ! C’est le temps où une autre femme (ou la même) nue au centre du bar hèle un homme sur le point de s'éloigner sur une barque, tandis qu'un accordéoniste (le même ?) joue dans son coin (Les musiciens sont omniprésents dans les peintures de Javier de Sierra). C'est le temps encore où dans une rue chaude de la ville, sous la pancarte indiquant "Aqui es" accompagné d'un verre de vin, une femme à la robe largement décolletée, une autre en short ultramoulant et tee-shirt coupé sous les seins découvrant son ventre, attendent le client, tandis qu'un enfant rentre de l'école et que des grues en arrière-plan "disent" que la scène se déroule dans un port. C'est le temps toujours, où un bourgeois en costume et chapeau tyrolien caresse les hanches d'une autre femme (ou la même) ; où un couple virevolte au son d'un tango endiablé ; où une femme en robe moulante découvrant ses jarretelles, semble vouloir aguicher l'autre sagement vêtue et chaussée de bottines ! Etc.
Souvenirs ? Souvenirs et imaginaire, cheminant de concert avec la réalité ? Fantasmes de l'artiste ou retour vers ses racines ? Toutes les œuvres exposées sont des merveilles de technicité ; les formes tendues, les contours et les détails minutieux portent au paroxysme de l'expression, le travail du peintre.
Ainsi, d'œuvre en œuvre de Javier de Sierra, le visiteur prend-il conscience de la cohérence manifeste de sa création, de la richesse de sa créativité, de son côté atavique, car il est évident que toutes les scènes se déroulent dans quelque lointaine Amérique. Au point qu'une telle création peut répondre à la phrase d'introduction lancée par l'auteur à ce visiteur, tout en illustrant une phrase d'Antoine Vitez : "Nous sommes des dieux, parce que nous organisons la vie".
Jeanine RIVAIS
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CHEZ RAYNALD 2 RUE DE LA ROCHE :
Chaque année, le rez-de-chaussée de la maison de Raynald s'emplit d'œuvres d'artisanat, des poteries usuelles. Cette année, cohabitaient les œuvres de sept membres du Collectif Bo, artisans ou artistes.
**** Les timbales et tasses de terres d'EMILIE DULIEU, les plats en bois de REMI MARCEAU, et les objets divers de BRUNO COMPARET.
**** Les créations de métal de CHRISTINE LEMAIRE :
VOIR AUSSI :
LEMAIRE CHRISTINE : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : " CHRISTINE LEMAIRE ET SES PERSONNAGES DE METAL" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS : INVITEE D'HONNEUR EVA 2015
**** Les peintures de HEKO KÖSTER
VOIR AUSSI :
KOSTER HEKO : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS EVAsion des ARTS (Prix du Jury 2018)
**** Les sculptures de CORINNE LIENHARDT, blanches, froides, hiératiques.
**** Les sculptures de métal projetées dans l'espace, de WILLIAM LEMARIEY, fines et faisant arabesques.
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CHRISTINE ET PATRICK 1 RUE DE LA ROCHE :
L'installation de pneus de CHRISTINE PERES
dont il n'est pas évident qu'ils ajoutent grand-chose à l'Art !
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HELENE TOITOT ET CLAUDE LELONG 14 GRANDE RUE :
HELENE TOITOT :
VOIR AUSSI : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LES GEOMETRIES BAROQUES D'HELENE TOITOT : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS ACJ ART DANS LES COURS ET JARDINS 2020 NOUVEAUX
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LELONG CLAUDE :
VOIR AUSSI : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LES PERSONNAGES DE GUINGOIS DE CLAUDE LELONG : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS ACJ ART DANS LES COURS ET JARDINS 2020 NOUVEAUX
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LA MAISON JAUNE 4 RUE DE COUDRAIE :
LES DESSINS DE MODE VIRGINIA CROFTS
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Installée récemment dans une maison ancienne de Saint-Sauveur, Virginia Crofts crée des modèles qui deviendront des milliers de mètres de tissus. Et la plus grande fantaisie règne dans ses choix ! Taches colorées, grandes et petites fleurs y alternent avec des poules nègres-soie à la huppe vertigineuse. Panachages de fleurs finement striées, et de cygnes au dos/corbeille contenant des pierres polychromes. Perruches au plumage resplendissant se becquetant au-dessus de larges feuilles palmées. Etc.
Une visite agréable, vu le contraste entre les vieux murs et les compositions gaies, les harmonies d'un goût très sûr qui les éclairent.
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POINT-BAR PLACE DU MARCHE :
LES PERSONNAGES DE PIERRE D'ANNE-MARIE DE PASQUALE
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VOIR AUSSI : COURTS TEXTES DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS EVAsions des ARTS EXPOSANTS 2016 et 2017
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LES PHOTOS-VIDEOS DE CLARKE DRAHCE
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VOIR AUSSI : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "L'ART DU FLOU CHEZ CLARKE DRAHCE": http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS. ACJ SAINT-SAUVEUR 2019
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LES COQUILLAGES ET BUSTES D'HELENE LEROY-COQUART
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VOIR AUSSI : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LES SCULPTURES DE PIERRE D'HELENE LEROY-COQUART" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS ACJ SAINT SAUVEUR 2020
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Voilà deux décennies, Michel Smolec, autodidacte, a fait son entrée dans le monde de l'art, et très vite, lui si réservé, si pondéré, a plongé avidement dans le milieu des galeries, des musées, comme un boulimique qui se jetterait sur de la nourriture dont il aurait été trop longtemps privé. Et surtout dans la création. Et pendant des années, il s'est posé, sous formes de dessins, sculptures, peintures, des questions sur lui-même, ses espoirs, ses déceptions. Son imaginaire aidant, il est devenu l'auteur d'œuvres de terres mêlées, polychromes, avec un sens inné des rapports de couleurs. Bouleversantes, telle une œuvre de chair au sens quasi-littéral. Provocatrices ! Frondeuses ! Raisonneuses ! Un peu militantes, aussi, sous leurs airs innocents et leur bon sens populaire. Pas non plus dépourvues d'érotisme, au fil de leur apparition.
Sont nés ensuite de nouveaux questionnements, en dessins d'abord, puis en peinture : des femmes dont les corps indéfinissables étaient conçus en une connotation obsessionnelle dont seuls, peut-être, des psychanalystes sauraient décrypter le message ! Les bras disparates, disproportionnés ! les corps uniques ou siamois ! Mais surtout les yeux qui, finalement, accentuaient l’étrangeté des personnages et ajoutaient à la difficulté de les définir ! Au regard à la fois énigmatique et dur, voire arrogant. Et, comble de l'inattendu, jamais à la bonne place, et leur nombre jamais satisfaisant ; mais, à l'évidence tenant dans l’esprit de l’artiste, une importance capitale.
Les années ont passé, le Covid est apparu, obligeant nombre d'artistes à rentrer dans leur coquille, contrairement à Michel Smolec qui, enfermé, est sorti de la sienne, pour pénétrer dans un monde interlope. Fantasmagorie aidant, il a contrecarré les projets de sorcières qui, au cours de leurs hallucinations, mêli-mêlotant de savantes alliances de bave de crapauds et autres bestioles à des incantations pas piquées des vers, qui touillant, qui farfouillant, avaient décidé qu'il était temps d'en finir avec le monde !! Et puis, sentimental, il s'est perdu dans ses souvenirs en revisitant "Le jardin de (son) grand-père". Et s'auto-portraiturant au milieu des tomates, poireaux et autres salades, il a décidé que rien ne valait la verdure pour contrecarrer "Le ventre encore fécond, d'où a surgi la bête immonde" (¹) qui ravage actuellement villes et campagnes ! Et là, bien sûr, ce sont des lutins bienfaisants qui, usant de leurs pouvoirs cosmiques, l'ont protégé et accompagné dans son confinement !!
Dans le même esprit, a surgi, à l'échelle mondiale artistique, un étrange monstre issu de la mythologie japonaise du XIXe siècle, l'Amabié. Un peu oiseau, un peu sirène, et beaucoup humanoïde. Sur laquelle s'est jeté un nombre infini de peintres. Dont Michel Smolec qui l'a fantasmée sous tous ses aspects possibles ! Avec ou sans écailles, avec un nombre variable de jambes, de face ou de profil, droite ou lascivement étendue, le visage rond ou allongé, les yeux en amandes ou ronds exorbités, une abondante chevelure frisée ou hirsute... Mais toujours image mythique offerte à des fins psycho-magiques ; issue des eaux profondes, émergée dans un monde en danger ; capable de mettre fin à la pandémie actuelle qui ravage ce monde qu'elle est supposée protéger. Une entité guérisseuse, en somme, sortie de l'imaginaire de l'artiste !
Et, à travers cet étrange personnage fantasmatique, Michel Smolec sorti de lui-même ; parti à l'assaut du cosmos !! Jusqu'à quand ? Qui sait ?
Jeanine RIVAIS 2021
(¹) Bertold Brecht : " Grand’ Peur et Misère du IIIème Reich" .
VOIR AUSSI :
SMOLEC MICHEL : TEXTES DE JEANINE RIVAIS : "NAISSANCE D'UNE VOCATION" DANS LE NUMERO 58 DE SEPTEMBRE 1996, DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA. "DE TERRE ET DE CHAIR, LES CREATIONS DE MICHEL SMOLEC, sculpteur".
TEXTE DE JEANINE RIVAIS "NAISSANCE D'UNE VOCATION" : BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N°58 de SEPTEMBRE 1996. TEXTE : http://jeaninerivais.jimdo.com/ RETOUR(S) SUR UN QUART DE SIECLE D'ECRITURE(S)
ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVAL CERAMIQUES INSOLITES, SAINT-GALMIER 2005. Et : "TANT ET TROP D'YEUX ou MICHEL SMOLEC dessinateur" : ART SINGULIER. Et aussi : "ET DE NOUVEAU NOUS SOMMES DEUX" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ ART SINGULIER. Et TEXTE DE JEANINE RIVAIS : RUBRIQUE FESTIVALS RETOUR SUR BANNE 2003. Et : COURT TEXTE DE JEANINE RIVAIS : FESTIVALS : 6e BIENNALE DE SAINT-ETIENNE 2018. TEXTE "MICHEL SMOLEC A LA CAMPAGNE". TEXTE "MICHEL SMOLEC ET L'AMABIE"
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VOIR AUSSI SALEM DANIEL : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : FESTIVALS : ACJ COURS ET JARDINS SAINT-SAUVEUR 2019
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SALON DE THÉ DARLING PLACE DU MARCHE :
LES PHOTOGRAPHIES DE JAYNE MORLEY
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"L’image ressemble au réel, elle cite le réel, mais n’est pas le réel". André Gunthert
D'origine britannique installée en mai 2021 à Saint-Sauveur, Jayne Morley est tout à la fois designer, écrivain, photographe, performeuse, réalisatrice, cinéaste. Comme beaucoup de photographes actuellement, elle a renoncé aux photos trop composées, aux attitudes calculées qui ne laissent pas beaucoup de place à l’authenticité ni à l’émotion. Et une "branche" de ses images est d'un réalisme éclatant, pour dévoiler ses sujets au naturel dans leur intimité, raconter des histoires personnalisées et sincères. Chacune de ses œuvres révèle un aspect de sa sensibilité : elle sait rendre à tour de rôle par un sourire et des yeux clos, l'intimité d'un couple enlacé ; la complicité avec une amie par la proximité de leurs épaules formant l'arrière-plan d'une coupe de champagne rosé ; son plaisir avec un autoportrait où son visage souriant est vu de profil, tandis que ses cheveux défaits s'affolent autour de son oreille ; la mélancolie rendue par un visage légèrement de côté, des yeux fixés sur un point indéfini, et des commissures légèrement tirées… Pour traduire cette gamme d'expressions, Jayne Morley sait utiliser toutes les nuances : les couleurs claires d'une robe rose faisant ressortir une dentelle noire ; des visages à peine colorisés, des lèvres légèrement maquillées…
Paradoxalement, le décor ne tient que peu ou pas de place dans les photographies de Jayne Morley, comme si elle concentrait tout son savoir-faire sur l'expressivité de ses sujets. Toutes portent témoignage d'une forte sensibilité esthétique, un regard transgressif, presque pulsionnel. En multipliant les expérimentations techniques sans jamais s’y enfermer, l'artiste a construit un langage visuel complet, en constante mutation sans perdre de vue une cohérence esthétique et sans tomber dans la simple séduction technique.
Complètement différentes sont les photographies détournées par Jayne Morley. Et le détournement qu'elle pratique interpelle et suscite les réactions du visiteur. Car le résultat est à l'opposé de ce qu'il pourrait attendre du procédé : en effet, l'artiste devient compositrice, parsème abondamment le portrait préalable de pétales de fleurs, de découpages clairs sur visage noir ; pose comme à cache-cache un jeune visage derrière un entrelacs de branchages ; floute un coin arboré pour y placer en des nuances d'ocres d'où seuls ressortent les bas zébrés de noir et blanc, une femme allongée sur le dos, les yeux clos, endormie peut-être ou simplement rêvant ? Et tout ce travail qui devrait créer une ambiance festive, sensuelle, apparaît sombre, non pas triste, mais chagrin, mélancolique !
Ainsi Jayne Morley met-elle en scène ses visions fantasmatiques, et grâce à son talent, oblige l'œil de ce spectateur à s'habituer aux transformations a priori étrangères à l'aspect originel de la représentation. Et à prendre finalement conscience que ces images ne mentent pas, que la photographie devient fiction ; que la photographe a voulu par ce travail très subjectif, lui transmettre beaucoup de son moi intime et peut-être son mal-être ?
Subséquemment, deux approches s’affrontent dans son œuvre : L'une où la photographe a tenté d'être objective et s'approcher le plus possible du réel, en l'interprétant à sa manière ; l'autre longuement travaillée, où le message est plus littéraire, brouillé, fragmentaire, voire difficile à interpréter.
Il n'empêche que, réalisme ou fantasmagorie, dans l'œuvre de Jayne Morley, son talent s'impose et offre au visiteur un pur moment de plaisir et/ou de dépaysement.
Jeanine RIVAIS
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Céramiste, chez Yenna Zabor les animaux sont prépondérants, et cette démarche révèle une unicité dans le principe-même de ses personnages, et les teintes douces qui les illustrent.
Ses "animaux" ? Peut-on vraiment appeler animaux ces sortes de cryptides qui sont parfois réduits à un profil vermicole, terminé aux deux extrémités par un visage bien humanoïde !? D'ailleurs, il semble que seul le visage intéresse l'artiste, car nombre de ses autres créations sont de simples "récipients" surmontés de cette tête toujours semblable avec le visage ovale, le nez au profil grec, des pommettes bien en relief, des lèvres petites et lippues, et des yeux exorbités blancs avec une minuscule tache noire au milieu. Pas de sourcils, ou alors très arqués, reprenant le contour de l'œil.
Lorsqu'elle revient de ses lointaines fantasmagories, Yenna Zador passe aux animaux familiers, aux formes stylisées au plus haut point, aux corps peints ponctués ou rayés : bassets patauds, lamas peut-être, cerfs aux bois très fins et élevés, poules aux ergots palmés, aux ailes /moignons et à tête humaine chapeautée ! Etc.
Ainsi passe-t-elle de créatures oniriques à d'autres à peine réalistes, dont la répétitivité génère une sorte de poésie un peu enfantine, fantasmatique et naïve.
Jeanine RIVAIS
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SALLES DES ROCHES, PARVIS TOUR SARRAZINE :
LES SCULPTURES ARTICULEES DE SYLVIANE TONDINE
VOIR AUSSI :
TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS : ACJ COURS ET JARDINS SAINT-SAUVEUR 2019
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LES BRONZES DE FABIEN LALOUX
VOIR AUSSI :
TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS : ACJ COURS ET JARDINS SAINT-SAUVEUR 2019
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JOCELYNE CORNET, LA DAME AUX CHAPEAUX
VOIR AUSSI :
TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LA DAME AUX CHAPEAUX" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS ACJ SAINT SAUVEUR 2020
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LES PHOTOGRAPHIES ET AUTRES CREATIONS DE SYLVIE BUENO
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"La photographie est un jeu. Un titre, un cadrage, tout peut être trompeur. Si on trouve le bon angle, le spectateur se fait avoir à tous les coups !" Noémie Goudal.
Photographe, Sylvie Bueno capte les sensations vécues lors de ses sorties dans la Puisaye. Seulement, elle ne place pas son appareil pour photographier et restituer le réel. Ce qu'elle exprime, ce sont des petits "morceaux" d'un paysage, ceux qui vont rester dans son œil quand elle aura oublié l'ensemble. Ainsi, ses photos perdent-elles leur portée régionale, pour devenir des témoignages universels : un morceau de bois couvert de cicatrices projeté dans une rivière devient un énorme rocher au fond de l'eau, tandis qu'à l'arrière-plan de l'image d'un bleu profond se profile quelque rivage accidenté et le spectateur se demande s'il ne s'agit pas là de vestiges du passé découverts par la photographe ; un sous-bois devient une jungle où jouent les ombres et la lumière ; un filet d'eau coulant à travers quelques branchages devient torrent dégringolant sur un lit de feuilles…
Ce travail où la perspective s'efface est impressionnant de qualité, de diversité, et conduit au constat que l'irréalité de la vision de l'artiste est une interprétation subjective alors que, pendant longtemps, chacun s'est attendu à une restitution objective de l'image : "Une autre lumière, un autre angle de vue, un autre cadrage... donnent à voir... une autre réalité !" (¹)
Parallèlement, Sylvie Bueno œuvre dans les bleus qui semblent être son unique couleur, sur un travail où la tache déstructurée est la figure essentielle du tableau. Et le visiteur se demande de nouveau si, comme pour ses photographies, ces motifs informels peuvent faire le pendant à sa volonté de fixer son objectif sur un détail ? Car la tache l'amène à un rendu opposé à la rigueur de l’art concret, résultat sans doute aléatoire, même si elle en maîtrise apparemment l'essentiel.
Bien sûr, ce visiteur se demande ce qu'elle a voulu exprimer, lorsqu'elle inter-mêle tache et écritures, jouant encore sur un paradoxe entre le texte forcément codifié même si seuls quelques mots sont déchiffrables à l'œil nu, alors que la forme de la tache est aléatoire. Le texte complète-t-il la tache ? La limite-t-il ? Fait-il redondance avec elle ? Il lui faut donc examiner les rapports possibles entre les deux aspects de l'œuvre, la place qu’y occupent l’imaginaire et la subjectivité, dans l’univers de Sylvie Bueno… et ce que sa propre subjectivité peut l'amener à ressentir face à une telle création ?
D'autant qu'ailleurs, il ne verra qu'une tache de Rorschach ! Et qu'ailleurs encore, l'intervention volontaire de l'artiste sera beaucoup plus évidente.
Ainsi, par son choix d'une photographie non conventionnelle, et d'une peinture non figurative, Sylvie Bueno est-elle l'auteure d'une œuvre curieuse, insolite, à la fois fantasmagorique et réaliste, attachante à coup sûr.
Jeanine RIVAIS
(¹) Lu au hasard sur Internet.
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Charlotte Sirlin est très jeune. Elle dessine depuis peu de temps. Et elle ne s'attaque pas au plus facile, en dessinant le corps humain. Et à considérer les seins menus, les hanches étroites, les cuisses fines et déliées, il s'agit à l'évidence d'un corps jeune ; le sien peut-être ?
Qu'elle place au centre de la feuille blanche, laissant une marge importante autour de son dessin. Interrogé par Jeanine Rivais sur les raisons pour lesquelles il laissait toujours une large marge autour de ses écrits, le poète Guillevic répondait :"Mon poème est dans la page comme un grain de poudre explosive. Je ne vois pas de marge blanche. Le blanc, c'est le silence et il reste à explorer. Il me provoque". Est-ce pour la même raison que la jeune artiste procède de la même façon ? Le fait-elle consciemment ou non ?
Mais, ce faisant, elle donne à son corps une impression de fragilité. Fragilité d'une jeune fille pas encore sûre d'elle ? Et pourtant, déjà, elle a trouvé le geste pour composer cette anatomie, et le rythme pour le représenter, le structurer de façon surprenante, saisir le mouvement de ce corps lascif. Sachant déjà étoffer la chevelure drue par des fleurs ou des feuillages irréalistes, et même créer un quiproquo, car ce corps évident n'en cache-t-t-il pas un autre ? Sinon, à qui appartient cette épaule gauche surdimensionnée par rapport au buste de la jeune fille, cette amorce de torse, et ce bras gauche dont la main est posée sur son ventre ? Et, émergeant sous son bras droit replié sous sa tête, un bras musclé, terminé par cette main droite à demi-fermée qui tient un minuscule "bouquet", seul détail coloré dont les tiges vont rejoindre la chevelure ?
Ailleurs, le corps encore, central, deviné et non vu, blotti au milieu de compositions de traits informels dont seuls dépassent la tête et le bras droit.
Pour ne rien dire de cette étude d'une tête, dans laquelle elle ocre les courbes et les renflements, comme pour en fixer dans sa propre tête, les difficultés ?
Une artiste en herbe, donc, avec déjà du talent. Ce sera un plaisir de la voir évoluer dans les années prochaines !
Jeanine RIVAIS
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Camille Le Cardonnel est jeune. Elle a récemment décidé de se lancer dans les arts plastiques. Mais la diversité de ses propositions prouve qu'elle est en recherche.
Surprenants sont ses dessins, l'un colorisé montrant des femmes nues en train de se baigner dans… un bol, devant un buisson de plantes exotiques ; l'autre au crayon à papier, montrant une femme apparemment seule plongeant dans des profondeurs de plantes aquatiques, tandis que dans deux bulles, la plongeuse pose en anglais la question existentielle et inquiétante : "Quelle profondeur serait la bonne ?"
Par contre, les peintures de Camille Le Cardonnel sont carrément kitsch : Sur l'une, deux femmes assises sur un lit sont en train de se lutiner. Quant à l'autre, sur un fond rouge carminé, une sorte d'éphèbe aux sourcils flamboyants a posé devant lui différentes icônes où rougeoient des flammes ! Ce travail atteste que la jeune femme a encore du mal à dominer les idées et la technique.
Plus amusante est l'idée d'une jeune fille pratiquant de nos jours des travaux d'aiguille ! Elle semble avoir trouvé sa liberté en se livrant à ce genre de création. L'une de ses œuvres est rectangulaire, l'autre est ronde, posée à l'ancienne sur un cercle de broderie.
Sur le tissu rectangulaire, elle n'a brodé que des écritures. Mais elle semble avoir investigué toutes les possibilités de ses humeurs lui permettant d'en venir à la conclusion très psychologique :"J'attends la fin du monde avec attendrissement". Pour en arriver là, elle a, verticalement ou horizontalement, conjugué le verbe attendre au présent de l'indicatif, et énuméré au fil rouge ou noir les multiples attentes qui, apparemment, accompagnent son mal-être. Par exemple, elle dit : "J'attends que tu tombes amoureuse de moi". Tout près de laquelle, elle répond : "J'attends de ne plus avoir faim". Ailleurs, : "J'attends que ma plante me réponde, mais on m'a dit qu'elle n'allait pas le faire" ; et tout près : 'J'attends tes doigts sur mes pi(illisible) qui ne sont pas les miens". Il serait intéressant de les parcourir toutes ; et il est bien dommage que la plupart soient difficiles ou impossibles à lire, même après impression et agrandissement de l'image !
Sur le tissu rond, plus lisible, elle a brodé des sirènes et ajouté toujours en anglais, une petite histoire : "Les sirènes me donnent des perles. Elles veulent que j'entre dans l'océan. Je porte les perles je les mange aussi. L'eau est froide, leurs mains sont douces". Rejoignant ainsi l'esprit de sa peinture avec les deux femmes.
Ces trois expressions picturales semblent bien représenter les variantes de l'inquiétude existentielle de cette jeune artiste, une sorte de crise identitaire, de doute de soi. Qu'elle exprime de façon très intime. Espérons que les trois conjuguées témoignant d'un niveau de réflexion personnelle, lui permettront de s'affirmer. Il sera en tout cas, intéressant de la suivre les prochaines années.
Jeanine RIVAIS
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LES CREATIONS ¨PROTEIFORMES DE JUDICAËLE PILLON
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Sous la garde bienveillante d'un faune bleu, aux bois multiples, pieds disparates et vêtement/peau, assis à l'ombre de feuillages, Judicaële Pillon abritait ses créations protéiformes : poèmes, dessins, peintures, livres, etc.
Pour présenter ses poèmes, elle propose des titres qui sont chaque fois des jeux de mots : EXPOème, MOPOétique, PEINTURÉMOI... Et ses ouvrages publiés révèlent de drôles de titres : "Chants d'ovaires sur Oise", "Ogé, mon ennami", "Recroquevillage dénoué"… et "Quand les cochons cuisinent" !! qu'elle illustre d'un lourd embrouillamini de traits noirs au milieu desquels le visiteur peut détecter deux yeux blancs triangulaires donnant à penser qu'embrouillamini il n'y a pas, mais qu'il s'agit d'un personnage ? Une autre fois, sous un titre suggérant tous les dangers, "Le loup et moi", qu'elle illustre joliment d'une fresque verticale proposant deux têtes dont l'une masculine indique que le loup c'est l'homme, elle pose toutes les questions existentielles : Quand, Comment, Pourquoi, etc.
Mais surtout, Judicaële Pillon dessine. De jolis dessins en noir et blanc. Où règnent presque exclusivement les femmes, même si, ici et là, un audacieux ? égaré ? fait du joue à joue avec l'une d'elles ! Des cadres où, apparemment, elles ne sont jamais seules.
Tantôt, l'artiste déploie son imagination pour orner, piqueter d’infimes pointillés, agrémenter d'entrelacs minuscules, guillocher de mille petites lignes brisées ou onduleuses, fleuronner, incruster, carreler… sa page où un couple se lutine dans un milieu aquatique, semble-t-il, puisqu'ils sont abrités par une pieuvre aux longs tentacules et que des méduses gravitent autour d'eux.
Tantôt, elles sont deux à se prélasser dans des chaises longues, protégées, accompagnées du moins par un papillon à tête et corps humain. Robe ornée d'énormes ocelles pour l'une rappelant les ocelles d'une des ailes du papillon ; à fines hélices, robe suggérant plus que montrant la seconde aile pour l'autre dont l'opulente chevelure descend jusqu'au sol. Leur visage est serein, leurs yeux rêveurs. Mais pourtant, interprétation du visiteur ou réalité, quelque chose ne va pas, car sur le mur qui les entoure, deux yeux énormes, sans doute des caméras, semblent les guetter ?
Ailleurs, elles sont deux, à genoux, robes ornées de pétales ou de longues feuilles, visages heureux, celui de l'une plus jeune que l'autre, la mère et sa fille peut-être, devant un décor aussi ornementé que sur le tableau précédent.
Ailleurs encore, elles sont quatre, cheveux au vent, détendues, en des poses gymniques, toutes vêtues de semblables collants striés de fines lignes noires, à moins qu'elles ne soient nues et que les stries ne soient qu'un fantasme de Judicaële Pillon, ce qui expliquerait que les seins soient si évidemment surlignés ? Derrière elles, sur le fond noir se profilent à l'infini petits cubes, croix, cercles perlés, blancs avec ici ou là, une infime touche de rouge.
On pourrait ainsi multiplier les scènes ou textes proposés par l'auteure/dessinatrice que l'on imagine le nez collé sur sa page, enrichissant son œuvre d'un poème ou d'un dessin, au fil de ses talents si divers, qu'elle développe au moyen de fantasmes, réflexions sur la vie, en des œuvres mémorielles ou imaginaires, générant les unes et les autres, beaucoup d'émotion chez le visiteur.
Jeanine RIVAIS