MADALINA DINA, peintre

Entretien avec Jeanine Rivais.

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Jeanine Rivais : Madalina Dina, vous avez souhaité revenir sur certaines définitions que vous aviez donné de votre travail, lors de notre entretien d'il y a quelques années. Qu'est-ce qui, selon vous, a changé ?

            Madalina Dina : Je voulais préciser que, dans ma création, je reviens parfois sur des thèmes que j'avais déjà pris il y a des années, peut-être même dix ans. Je considère que ma création est comme une spirale. Je reviens sur des choses que j'ai déjà senties, que j'ai déjà travaillées, mais je les travaille différemment. Par exemple, j'ai déjà travaillé sur les cartes à jouer, mais à l'encre de Chine, à la plume, sur papier, pas sur des grands formats comme ceux que je fais actuellement. J'ai donc évolué sur le même sujet.

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JR. : C'est-à-dire que vous avez changé la forme, mais pas le fond ?

            MD. : Voilà ! Je reprends les mêmes thèmes, mais je considère que j'ai mûri, donc avec le temps j'ai accumulé d'autres informations. Et, puisque les matériaux ont changé, le même sujet se transforme.

 

            JR. : Vous placez dans un coin du tableau, un petit personnage qui a l'air de surplomber le village ? Qui est ce petit personnage ?

            MD. : C'est le metteur en scène. C'est comme un personnage qui arrive dans un autre univers, et qui pose, met en scène, coordonne et dirige ce qu'il voit.

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JR. : Qu'est-ce que vous vouliez dire encore ?

            MD. : C'est exactement cela. Nous parlions il y a quelques années d'icônes byzantines. Et dès mon enfance, j'ai travaillé les icônes byzantines sur bois ou sur verre. Je reprends de la même façon mes personnages, et je les travaille de la même façon, mais en les créant à mon idée.

 

            JR. : On pourrait donc dire qu'une sorte de nostalgie, et la recherche de la mémoire demeurent, simplement elles ont changé de formulation ?

            MD. : Bien sûr. Mais je considère que j'ai un certain bagage, que je suis nourrie déjà de ma culture. Et que je veux garder toutes ces influences pour m'en servir maintenant.

 

JR. : Ce matin, une visiteuse qui passait s'exclamait "il y a trop de rouge ! Trop de rouge !". Alors, pourquoi cette obsession du rouge ?

            MD. : Bonne question. En fait, j'aime beaucoup le rouge. On m'a déjà fait cette observation bien des fois. On dit que personne ne peut quitter l'endroit où sont ses origines, où il est enraciné. Je me suis donc posé souvent la question, puisque j'ai quitté mon pays et que je ne suis pas restée accrochée à mon lieu natal. Néanmoins, je le porte en moi. Je suis très attachée à mon lieu actuel d'habitation, mais je remarque que dans beaucoup de mes toiles, je mets le lieu d'où je viens. Donc, ce rouge parle de mes racines. J'ai pu facilement partir, mais je porte cet endroit en moi, et il se retrouve très souvent dans mon travail. Soit sous forme d'un petit collage qui rappelle la Roumanie ; soit je dessine carrément le pays, soit je mets un petit emblème de chez moi.

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JR. : Donc, en fait, ce n'est pas une déchirure, c'est seulement une réminiscence ?

            MD. : Bien sûr. Cela complète mon travail et ma vie d'aujourd'hui. Je ne peux pas laisser oublier l'endroit d'où je viens. Il va donc toujours se retrouver dans mon travail.

            Je voudrais ajouter que, dans mon travail, je suis souvent revenue sur des compositions, et sur des formats ronds, des tondos, parce que je considère que la terre est ronde et que les compositions rondes parlent aussi de la spirale, de l'idée de circuler, toujours avancer vers quelque chose, et accumuler pendant le trajet que l'on effectue. Il n'y a pas de ligne d'horizon, dans un tondo, et j'aime beaucoup cette façon de travailler.

 

Cet entretien a été réalisé à Banne, dans les Ecuries, le 16 mai 2010.

 

** VOIR ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : SITE : http://jeaninerivais.fr RUBRIQUE : Comptes-rendus de festivals. BANNE 2008

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