Jeanine Rivais : Lana Guerra, l'an dernier vous étiez ici, avec Jesse Reno, mais vous n'exposiez pas. Qu'est-ce qui vous a amenée cette année, à montrer vos poupées ?

            Lana Guerra : Juste le plaisir d'exposer avec les autres !

JR. : Il y a longtemps que vous créez des poupées ?

            LG. : Il y a environ une dizaine d'années.

            JR. : Pourquoi ne créez-vous que des bijoux et des poupées, et pas d'autres personnages ?

            LG. : Je ne sais pas trop. Ce que je sais, c'est que j'aime infiniment cette occupation, que je trouve très relaxante.

            JR. : Vous avez un "look" étrange : Diriez-vous que chacune de ces poupées est un autre vous-même ?

            LG. : Oui, tout à fait ! C'est comme si elles étaient mes enfants ! J'aime les carnavals, les cirques… Je danse, je joue, c'est pourquoi elles ont toujours l'air de faire partie d'un spectacle.

JR. : Ce doit être un véritable travail de patience de faire ces petites fronces, coudre des perles… Qu'est-ce qui vous détermine à donner à chaque poupée tel ou tel aspect ?

            LG. : Je n'ai aucun idée préconçue. Je fais d'abord des corps, puis je prépare des têtes et je les laisse sécher (les têtes des poupées de Lana Guerra sont en terre, les corps en tissu).Je ne sais jamais comment la terre va réagir, donc ce à quoi les têtes ressembleront ? Une fois que la tête est fixée sur un corps, alors, la poupée est déjà une personne ! Et je l'habille en fonction de son air.

            JR. : Pourquoi faites-vous seulement les têtes en argile ?

            LG. : Quelques-unes sont en argile, d'autres en argile cellulosique. Je ne fais pas le corps dans ces matériaux, parce qu'ainsi je peux les bouger : j'aime qu'elles ressemblent à des poupées, et qu'elles puissent bouger. J'aime que leurs bras et leurs jambes soient très souples.

            J'ai tenu le rôle d'une poupée, dans un cirque. Alors, j'aime que mes poupées bougent comme je bougeais à ce moment-là.

            JR. : Je pense que leurs corps sont à l'image du vôtre, avec des tatouages partout ! Est-ce que vous ne souffrez pas, lorsque vous faites graver tous ces tatouages sur votre corps !!

            LG. : Pas vraiment, parce que, quand vous désirez si fort quelque chose, il faut vous donner les moyens de l'avoir ! Vous ne vous souciez pas de souffrir, et même la douleur est excitante ! Et puis, ce ne sont que quelques souffrances d'un moment ; et ensuite votre corps est une vraie œuvre d'art !

            JR. : Vous savez que vous ne pourrez jamais faire retirer ces tatouages : n'est-ce pas un peu effrayant ?

            LG. : Noooon ! Au contraire, j'en veux d'autres ! C'est comme une histoire de vie ! Une aventure personnelle !

            JR. : Quand je vois vos doigts, les tatouages me font penser à ce film terrible où Robert Mitchum** avait fait tatouer "Hate" et "Love" !

            LG. : Jesse a ces mots sur ses mains ! Quant à moi, j'ai été coiffeuse pendant dix-sept ans. Mes mains impressionnaient beaucoup mes clientes !

Dans la région où nous habitons, de très nombreuses personnes se font tatouer, les chauffeurs, les serveuses et les serveurs ! Tout le monde a ses tatouages particuliers !

JR. : Revenons à vos créations : Qu'est-ce qui vous a fait passer des poupées aux bijoux ? Ou bien avez-vous commencé les deux en même temps ?

            LG. : J'ai d'abord été coiffeuse, comme je viens de vous le dire. J'ai commencé à réaliser des coiffures très sophistiquées puis j'ai commencé à faire des perruques. Ensuite, j'ai fait des vêtements, pour des mannequins, parce que je travaillais dans la mode et pour des magazines, et j'ai créé des poupées qui ressemblaient à mes modèles. Et, comme j'avais toujours besoin de bijoux pour mes modèles, j'ai commencé à les faire moi-même. Je réalisais donc tout l'ensemble, et je prenais des photos.

            JR. : En tout cas, cet itinéraire que vous venez de décrire, ces réalisations magnifiques que montrent vos photos, et ces poupées que vous présentez à Bézu, tout cela est fort créatif et très sympathique ! Et, ici, j'aime infiniment vos poupées !