CULTURE ET PORTRAITS CHEZ KIM NAWARA, peintre.
*****
Le visiteur étonné par la cohérence des oeuvres, la qualité et la sereine certitude qui se dégage de chacune d'elles, demande-t-il à Kim Nawara si elle se considère comme une artiste ? La réponse fuse sans hésitation, "Depuis que je suis toute petite, je voulais être une artiste comme ma Mammy qui m'a appris les couleurs dans son atelier" ! Et, incontestablement, cette jeune fille d’une vingtaine d’années, qui peint depuis l’enfance et fréquente depuis quelque temps un atelier de dessin, EST une artiste : la façon dont elle maîtrise les techniques, crayon, gouache, aquarelle, encre de Chine… est impressionnante. Et les multiples portraits qu’elle a déjà réalisés, en attestent !
Non, apparemment, que ses personnages soient nés de son imagination : la plupart du temps, elle puise son inspiration dans les livres d’art, et déclare que telle œuvre est une copie de Van Gogh, telle autre de Gauguin, et le visiteur reconnaît au passage un Christ de Rouault, une danseuse de Toulouse-Lautrec… Mais il est surprenant de voir la liberté qu’elle se donne par rapport au modèle. Chaque interprétation (puisque, en principe, c’est ce dont il s’agit), est non pas "identique", non pas "conforme", mais peinte avec un sens prodigieux de la gestualité de l’œuvre originelle. Même lorsqu’elle fait plusieurs variantes d’une même œuvre, le mouvement demeure, et chaque réalisation est tout à fait différente des autres. D’où il faut conclure que les référents sur lesquels s’appuie Kim Nawara, ne lui sont, au fond, nécessaires que pour se sécuriser. Que, plus sûre d’elle-même, elle pourrait inventer "ses" représentations personnelles. Qu'en tout cas, elle serait parfaitement capable de peindre sans modèle. Et que, subséquemment, chaque portrait est une création !
En somme, elle réinvente l'histoire de l'art à son propre usage. Et crée son monde. Un monde extirpé du contexte dans lequel elle l’a saisi sur le tableau original. Toute la place appartient donc aux personnages, et ils sont là, bien d'aplomb, placés face au visiteur, sur fond évocateur de possibles maisons, arbres à peine délinéés, jeux d'ombres, géométries lourdement cernées de noir, etc. …Toujours seuls… Debout, assis, en buste comme sur les photos d’identité, en pied… : Selon la posture de l'original, sans doute ? En tout cas, chaque visage est très travaillé ; les grands yeux aux pupilles brillantes ou au contraire éteintes comme aveugles, et la bouche ouverte, plissée, contractée, tordue, disent tantôt la joie, tantôt la tristesse, l'impatience, l'indécision… Enfin, la signature bien visible sur chaque œuvre, dit assez que Kim Nawara a conscience d’avoir trouvé là un langage bien à elle, et qu’elle y est à l’aise ! Et le plaisir qu’elle manifeste en voyant le public apprécier ses œuvres, confirme qu’elle a pleinement le sentiment d’être une authentique artiste. Mais qui en douterait ?
Jeanine Rivais.
*****
C'est une gouache sur papier "Sans titre", de Kim Nawara qui a été sélectionnée pour l'affiche 2010 de "Visions et Créations dissidentes" de Bègles.
********************
MUSEE DE LA CREATION FRANCHE : 55 avenue du Général De Lattre De Tassigny, 33130 Bègles. Tél : 05.55.85.81.73.