Bonjour et bienvenue à tous pour cette 17e édition du Festival de Banne.
L’année dernière, je vous avais promis de dérouler le tapis rouge pour le festival de Cannes, pardon le festival de Banne… Les temps sont difficiles, mais j’en ai trouvé à 1€ le m2, j’espère qu’il tiendra le coup encore une année, si vous n’avez pas trop de goudron sous les chaussures ! Enfin ces super-artistes de Bann’Art méritaient bien le tapis rouge. Et leur permettre pour quelques instants d’être De Niro ou Angelina Jolie est peut-être un rêve d’enfant qui se réalise ! Et il me plaît de réaliser les rêves de ces artistes…
C’était ma minute d’humour…
Le titre de ce 17eFestival, "Nul ne guérit de son enfance…" a été choisi en 2009, un an avant le départ de Jean Ferrat, poète et défenseur des gens de peu, qui avait adopté l’Ardèche et les Ardéchois. Qui le lui rendaient bien ! Ce 17e festival est ainsi une façon pour les artistes et l'association les 3A de lui faire un sincère et grand "Salut l’Artiste et bonne route dans les étoiles !"
La création, quelle qu’elle soit, est fortement imprégnée de l’enfance. Dans leur activité créatrice mais aussi récréative, les artistes exorcisent les blessures mais aussi se lovent dans les douceurs de cette enfance qui nous accompagne notre vie durant… Certaines créations frôlent l’exploit, sentiment d’absolu propre à l’enfance et à l’adolescence !
Le regardeur est convoité par le créateur, avec en sous-entendu le désir d’être apprécié, voire aimé. Il est évident que tous ces artistes singuliers, tous ces bâtisseurs d’imaginaire qui construisent des environnements insolites autour, sur, ou dans leur maison, tous ces jardiniers du bord des routes… créent dans le souvenir de leur enfance dont on ne se sépare jamais vraiment ! L’enfant collectionne toutes sortes d’objets hétéroclites, se crée un monde de figurines qu’il s’approprie et en devient le chef. A l’âge de la retraite, nous redevenons des collectionneurs, timbres, vieilles voitures… Et puis, ne dit-on pas, quand on arrive sur la dernière marche de l’escalier de la vie que l’on retombe en enfance…
Je pense à deux artistes de Bann’Art qui nous ont quittés récemment : René Gregogna, qui à la soixantaine bien sonnée a créé son pays utopique, la Grégoslavie dont Saint Gulier était le mâalem de tous ses habitants, les Grégolos.
Nicolas Rudler qui, dans l’intimité de son atelier, collectionnait des figurines qu’il relookait à sa façon et qu’il mettait en scène dans les histoires rocambolesques qu’il écrivait. Il n’hésitait pas d’ailleurs, avec quelques copains, à se costumer et à jouer ces saynettes dans des lieux chargés d’histoire… "Nul ne guérit de son enfance…"
Je pense aussi à tous ces artistes de Bann’Art qui sont partis au pays des mille et une étoiles et il me plaît de penser qu’ils ont transformé le ciel en une grande cour de récré. Nicole joue à la marelle avec Aloïse et Séraphine ou chante des berceuses à ses petits camarades, accompagnée à la guitare par Jeannot et Marcel. "Dors petit ange, dors petit frère…"
A l’ombre bleue du figuier, Ramon, Thierry et Alain lisent les Fables de la Fontaine et le Petit Prince…. "Dessine-moi un mouton…".
Jean Léonard construit des châteaux fantastiques avec ses cubes de bois colorés pendant qu'Henri commande sa compagnie de dirigeables.
Giloux, avec son petit monde rose à la Barbara Cartland est allé rejoindre les filles qui jouent à la dînette.
Au fond de la cour, Bob, Nicolas, Grégo, Candide et Master font une partie de billes… Et de temps en temps, ils nous font un petit coucou avec un rayon de soleil à travers un nuage pour nous dire "Salut les Singuliers du festival de Banne, on ne vous oublie pas…"
Ils sont à jamais dans nos cœurs et habitent nos souvenirs, ils sont avec nous aujourd’hui encore.
Dans les créations des artistes de ce 17e Festival, "Nul ne guérit de son enfance…", chacun pourra retrouver un sentiment, une blessure, un souvenir de sa propre enfance… et se l’approprier pour que l’œuvre accompagne ses rêves.
On peut aussi acquérir une sculpture, un totem, pour faire de son jardin, un parc animalier ou un jardin des délices… Je vous invite à voyager dans vos rêves ou vos délires, à retrouver des petites histoires de votre enfance et à vivre ou revivre vos utopies…
Déguster ce Festival avec gourmandise !
N’oubliez pas de passer à la boutique acheter nos super-catalogues, nous faisons des lots à prix canons ! Les affiches sont toujours magnifiques !
Un scoop : il y a même en avant-première celles de 2012. A 1€ l’affiche, vous pouvez en profiter et ça ne vaut pas la peine de les chaparder sur les panneaux d’affichage…
Catalogues et affiches feront de beaux cadeaux à offrir à vos amis, vous pouvez aussi en tapisser vos toilettes à moindre frais…
Et puis l’association en a vraiment besoin pour continuer ce festival avec ses catalogues, ses affiches et tout et tout…
C’était ma minute de pub !
Et pour conclure enfin, une phrase que j’ai lue, mais qui n’était pas signée et que j’emprunte donc à cet anonyme : "Ce monde, c’est notre chant, notre poème, notre rêve, qu’il nous a été donné de connaître pour transmettre, pour deviner les perce-neige au pied des pommiers."
Les artistes aiment aussi chanter, j’aurais bien aimé que l’on chante "Nul ne guérit de son enfance…" mais elle est un peu difficile à chanter en groupe aussi je vous propose de chanter avec nous "La montagne" que presque tous les Ardéchois connaissent par cœur.
C’est aussi une façon de dire un grand merci à Jean Ferrat pour tous ses magnifiques textes mais aussi ses combats et ses engagements dans un monde de plus en plus individualiste et bling-bling.
Jean Ferrat nous manque beaucoup.
MARTHE PELLEGRINO : A Banne le 2 juin 2011.
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La montagne – Jean Ferrat - 1964
Ils quittent un à un le pays, pour s’en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés, depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets, du formica et du ciné
Les vieux ça n’était pas original, quand ils s’essuyaient machinal
D’un revers de manche les lèvres, mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau, et manger la tomme de chèvre
Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer
En voyant un vol d’hirondelles, que l’automne vient d’arriver ?
Avec des mains dessus leurs têtes, ils avaient monté des murettes
Jusqu’au sommet de la colline, qu’importent les jours les années
Ils avaient tous l’âme bien née, noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt, le vin ne sera plus tiré
C’était une horrible piquette, mais il faisait des centenaires
À ne plus que savoir en faire, s’il ne vous tournait pas la tête
Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer
En voyant un vol d’hirondelles, que l’automne vient d’arriver ?
Deux chèvres et puis quelques moutons, une année bonne et l’autre non
Et sans vacances et sans sorties, les filles veulent aller au bal
Il n’y a rien de plus normal, que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires, de quoi attendre sans s’en faire
Que l’heure de la retraite sonne, il faut savoir ce que l’on aime
Et rentrer dans son H.L.M, manger du poulet aux hormones
Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on s’imaginer
En voyant un vol d’hirondelles, que l’automne vient d’arriver ?