RENCONTRE INTERNATIONALE
"AUX ARTS CITOYENS" SAINT-AMAND-ROCHE-SAVINE (9 et 10 juillet 2011)
*****
EXPOSANTS 2011
*****
DENIS BONNES :
Les voilà, côte à côte, véritable saga d’une unique morphologie humanoïde et parfaitement géométrique, campés sur leurs jambes raides. Leurs corps rectangulaires sont tatoués de couleurs vives qui leur donnent l’air de s’être échappés de quelque lumineux arc-en-ciel. Mais ils sont dépourvus de bras. Quant à leurs têtes, naines, elles se retrouvent perchées à l’extrême bout d’un cou filiforme sans articulations (tout là-haut, pour qu’elles ne voient rien de ce que font les ventres ? ou au contraire pour qu’elles dominent la situation et donnent alors à ces personnages uniquement conçus en verticalités, des allures de totems ?). Mais il est, concernant ces têtes, un problème dont Denis Bonnes semble inconscient : C’est qu’au sommet des bustes, là où se trouvent les poitrines, il organise les seins ou les absences de seins (selon que les personnages sont féminins ou masculins), de telle sorte que mamelons et petits carrés colorés donnent l’impression d’une autre tête ! Ses robots seraient-ils donc bicéphales ? Et quelle serait la fonction de chaque tête : l’une penserait-elle « avec le cœur », tandis que l’autre serait cérébrale ? Et laquelle des deux commanderait aux sexes, disposés en une évidence criante sur chacun des ventres, générant un érotisme récurrent ?
VOIR TEXTE ENTIER DE JEANINE RIVAIS : "IN VINO VERITAS, LES ROBOTS DE DENIS BONNES" : (http://jeaninerivais.fr : Rubrique Art singulier). Et ENTRETIEN : (http://jeaninerivais.fr Rubrique Comptes-rendus de festivals Nottonville 2007).
STEPHANE CERUTTI :
chacune des œuvres naissantes est, pour Stéphane Cerutti, l’occasion d’un véritable plaisir physique, d’une sorte de retour vers des attitudes de l’enfance ; prétextes à se mettre à quatre pattes et, tel le garçonnet de naguère avec ses cubes, de manipuler les pièces de bois préalablement découpées de façon aléatoire, tenter des alliances de formes, tâtonner jusqu’à ce que soit atteinte la combinaison idéale : Montagnard, cet artiste sait que la patience est primordiale ; qu’une marche vers un sommet doit se faire à petites étapes… Ainsi procède-t-il, en ayant cependant le sentiment que le seul savoir et la seule patience sont insuffisants ; qu’il lui faut faire appel à toutes ses facultés créatrices, allier des talents d’architecte aux arcanes d’un imaginaire le plus vif… Enfin, franchies les difficultés de la composition, de même qu’un orfèvre désirant nieller l’or d’un bijou se pencherait longuement dessus pour en enjoliver les divers éléments, l’artiste en vient à la pyrogravure.
Commence alors une longue histoire d'amour entre lui et son sujet. Travail de fine ciselure au cours duquel il agit de manière à ce que chaque ligne, chaque cercle, chaque point… joue de la ligne, du cercle ou du point précédents. Il conforte par la façon de les entrecroiser l’impression ascendante de l’ensemble ; crée, entre les pièces, un lien indissoluble ; déploie toute sa fantaisie pour orner au moyen de sa pointe brûlante, ce bois encore impersonnel; le piqueter d'infimes pointillés, le guillocher de petites lignes brisées ou onduleuses, en fleuronner les angles, incruster de motifs géométriques les encadrements…
VOIR TEXTE ENTIER DE JEANINE RIVAIS : "STEPHANE CERUTTI OU LE REVE D'ICARE" : http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.
ALBERTO CUADROS :
Il est un aspect de la création, dans lequel Alberto Cuadros est beaucoup plus structuré qu'en peinture, issu directement de ses expériences enfantines, puisque tout petit il découpait dans des journaux, des personnages qu’il faisait « jouer » : C’est la sculpture. Qui lui permet de retrouver « autrement », les années de mises en scènes, d’incontournable organisation de son espace et de son temps. Comme nombre de peintres, l’artiste a été tenté par la notion de volume, de création en trois dimensions. Mais, las peut-être de cet univers de réflexions, d’interrogations dont les réponses devraient pourtant lui permettre un jour de traverser « le tunnel »* à l’entrée duquel il estime se trouver, il a, dans ses petits théâtres, introduit l’humour qui ne manque jamais de surprendre son visiteur ! Inénarrable est la manière dont il a (au sens littéral), « monté » « Roméo et Juliette ». Non pas une Juliette sage, avec un joli minois ; mais avec les cheveux en bataille : une va-t-en-guerre, plutôt qu’une triste amoureuse. De même, le physique d’« Hamlet » suggère-t-il que cet homme ne se pose pas trop de problèmes existentiels. Et « Le Malade imaginaire » est un lapin en grande souffrance devant une cage vide, etc.
VOIR TEXTE ENTIER DE JEANINE RIVAIS : "QUOTIDIENS ET QUETES D'AILLEURS D'ALBERTO CUADROS, peintre et sculpteur".": http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.
JEAN-CLAUDE DELANNOY :
JR. : Nous sommes dans un monde très humanoïde, où vous prenez tout de même des libertés avec les humains. Et dans lequel le monde animalier est à part égale avec les humains ?
JC.D. : Oui. J’aime créer des vaches et des chats. On me demande souvent pourquoi ? Mais je n’en sais rien. Je trouve les vaches très jolies et gaies. J’appelle cette création un « nôtre monde ». Et c’est mon monde à moi. Que j’essaie de faire partager.
JR. : Votre monde à vous : diriez-vous tout de même que, sur un mode plus optimiste, vous êtes un descendant de Basquiat ?
JC.D. : Je pense que, dans notre génération, nous sommes tous des descendants de Basquiat. Je n’ai pas beaucoup de connaissance de l’art, puisque je suis autodidacte. J’ai connu Basquiat après avoir commencé à dessiner. Et, effectivement, nos dessins se ressemblent. Nous retrouvons ses têtes de morts et surtout les écritures. Comme lui, nous dessinons comme des enfants. Nous dessinons tous avec notre cœur. Chacun de nous donne beaucoup. C’est notre énergie.
JR. : J’allais y venir, à cause de la composition de vos œuvres. La plupart du temps, vous avez un personnage en avant-plan, sur un fond complètement rempli. Il n’y a aucun espace libre dans votre monde.
JC.D. : En effet. Je remplis l’espace, c’est un vrai besoin. Parfois, sur mon travail en plexiglas, par exemple, j’aime tellement la couleur, que j’ai voulu faire du noir et blanc. Avec beaucoup de lumière. Beaucoup plus simpliste. Pour me calmer un peu, parce que cela devenait contradictoire.
VOIR ENTRETIEN ENTIER AVEC JEANINE RIVAIS : GRAND BAZ'ART A BEZU 2010 : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique festivals.
LAURENTIU DIMISCA :
JR. : Dans certaines de vos peintures, vous avez un personnage cerné par une foule ; ou bien au contraire, sur d'autres, vous avez une immense tête remplie de têtes plus petites. Quand décidez-vous de mettre la foule autour du personnage, et quand l'inverse ?
LD. : Je pense que chacun de nous a une histoire intérieure. Je dessine cette histoire intérieure, ou bien je dessine une histoire extérieure. C'est comme les esprits et les corps. D'abord chacun sent l'histoire en lui, puis il ouvre l'histoire. En général, ce qui compose une histoire, c'est la spiritualité, le sacré, et le corps. Mais dans mes peintures, j'ai découvert la sensibilité, le sentiment, la relation à n'importe quelle religion, la réaction à toutes les choses que l'on découvre dans la vie.
JR. : Juste devant nous, nous avons une immense tour : c'est la Tour de Babel ?
LD. : Non. C'est un autoportrait volant. C'est comme une nécessité : tu travailles beaucoup, tu as besoin de liberté. Chacun a toujours besoin de liberté. Mon autoportrait volant est comme un gratte-ciel d'où tu as besoin de t'évader. La société te transforme en robot, mais la culture, la peinture te transforment en homme spirituel. L'homme a besoin d'art, parce que sans art, sans culture, il n'est rien.
JR. : On pourrait donc dire que certains tableaux portent une critique sociologique ?
LD. : Oui. On peut parler de l'énergie qui se dégage de mes tableaux. J'essaie toujours d'en dégager l'humain, l'énergie positive, parce que nous n'avons pas besoin d'énergie négative. On peut rester égoïste, ne pas avoir besoin des autres. C'est pourquoi je veux exprimer l'optimisme, le positivisme. Dans un monde difficile !
VOIR ENTRETIEN ENTIER AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ GRAND BAZ'ART A BEZU 2010 : Rubrique festivals
MARC FAVRIAU :
JR .: Marc Favriau, comment définissez-vous votre création ?
MF. : Je suis récupérateur de métaux, bois flottés, ceps de vigne… J’invente mes personnages, au gré de mon imagination.
JR. : On pourrait dire que vos œuvres se situent dans le massif. Le lourd.
MF. : Oui. Je crée des grosses pièces.
JR. : Pourquoi avez-vous choisi cette formulation ?
MF. : Le fer, parce qu’il facile à récupérer. Et les grosses pièces sont plus faciles à réaliser que les petites. Je peux m’exprimer plus facilement avec elles.
JR. : Et quel que soit le matériau que vous avez choisi, vous êtes dans l’humain et l’animalier.
MF. : Oui. J’ai beaucoup de personnages animaliers. J’essaie de reproduire la réalité.
VOIR ENTRETIEN ENTIER AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.fr Rubrique Comptes-rendus de festivals : NOTTONVILLE 2007 :
ANNE GRENIER :
JR. : Anne Grenier, comment appelez-vous vos sculptures si particulières ?
AG. : Je les appelle des armures.
JR. : Ce qui me semble paradoxal, dans les œuvres que vous présentez, c’est que vos miroirs font penser à des vitraux, c’est-à-dire des ornements de lieux de paix, par opposition au mot « armure » qui est guerrier !
AG. : Oui, mais ce sont des armures « gentilles » !
JR. : Néanmoins, vous avez choisi ce mot. Pourquoi « armure » et non pas « moulage de corps », ou d’autres mots synonymes ?
AG. : Pourquoi « armures » ? Parce qu’elles ont des lances faites de végétaux. Ce sont des armures de protection. Ce sont des femmes. Elles sont toutes différentes, mais elles sont toutes « moi ». J’en ai une vingtaine. Chaque fois que j’en crée une, c’est comme si je créais un négatif de moi. Comme si je me moulais, comme si j’arrachais un morceau de moi.
JR. : En fait, c’est un dédoublement de la personnalité ?
AG. : Oui. Mais c’est moi partout. Je me reconnais chaque fois. J’assume complètement cette situation. D’ailleurs, l’intérieur est rouge, comme si je m’étais arraché un morceau de peau.
VOIR ENTRETIEN ENTIER AVEC JEANINE RIVAIS. Site : http://jeaninerivais.fr Rubrique COMPTES-RENDUS DE FESTIVALS. MIERMAIGNE 2008.
MARIE JEANNIN :
JR. : On peut dire que votre monde est, comme celui de Botero, le monde de l’obésité ?
MJ. : C’est le monde de la douceur et de la rondeur associées. Il y a l’opposition entre les angles qui sont abrupts, et les arrondis qui caractérisent mon monde.
JR. : Donc, quand on regarde votre énorme matrone au premier plan, elle doit être considérée comme bien dans sa peau et épanouie ?
MJ. : Oui. Epanouie et généreuse.
JR. : Vous avez toujours fait ce genre de personnages ? Sinon, comment y êtes-vous venue ?
MJ. : J’ai commencé par la terre, depuis que j’étais toute petite. Mais je n’avais pas de four, et comme j’ai changé de région, je me suis éloignée de mes amies qui, elles, en avaient un. J’ai donc dû passer à quelque chose de plus facile à gérer. Sans cuisson. J’ai donc inventé cette pâte qui me permet de réaliser mes personnages.
JR. : Quelle est donc cette matière qui a l’air lourde, et ne l’est pas ?
MJ. : Chaque personnage a, à l’intérieur, un bidon, un seau, une boule de plastique… qui sont donc très légers. Et que j’entoure de papier scotch. Une mise en forme assez sommaire. Ensuite, c’est le tissu qui va être tiré, de façon à lui donner sa forme définitive. D’autres sont Faites avec du sparadrap qui est vraiment génial parce qu’il se gère mieux…
VOIR ENTRETIEN ENTIER avec Jeanine Rivais. Site : http://jeaninerivais.fr Rubrique COMPTES-RENDUS DE FESTIVALS. BANNE 2008 :
KIM KIMBERLY :
JR. : La plupart de vos sculptures sont de couleurs très vives : des rouges, des jaunes… En procédant ainsi, vous cachez complètement le bois. Il ne reste que les formes, l’un fendu par le coin, l’autre… etc. Pourquoi voulez-vous supprimer l’apparence du bois ? Et qu’est-ce que vous supprimez ? Cela a-t-il à voir avec vos origines ?
KK. : Je travaille avec les couleurs fluo, et avec le noir. Je choisis ce qui va le mieux avec la lumière bleue. Et je m’assure que cela brille. En fait, ce n’est pas compliqué !
Je suis américaine, de Chicago. Mais j’habite en France depuis pas mal de temps. Et je travaille dans l’art depuis que je suis ici. En fait, je travaille en effet la toile et le bois, mais c’est le bois qui m’intéresse le plus.
JR. : L’autre partie sont des peintures. Qui, plus que les sculptures, nous ramènent à vos origines : Il me semble qu'à voir vos peintures, le spectateur se dit que vous êtes forcément une artiste noire. Se pose alors le problème de la négritude. Le vivez-vous bien quand vous êtes aux Etats-Unis ? Et ensuite, quand vous êtes en France ?
KK. : Aux Etats-Unis, on est toujours soumis à la ségrégation : on est « blanc » ou on est « noir ». Ou on me prend pour une Afro-américaine. Quand je suis allée en Afrique, je me suis inspirée de l’art africain.
Mais comme je vous l’ai dit, mon mari est ma muse, et souvent je le mets ou je me mets, ou je nous mets dans mes tableaux. J’aime tracer les lignes de nos visages.
VOIR ENTRETIEN ENTIER AVEC JEANINE RIVAIS : GRAND BAZ'ART A BEZU 2010 : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS.
LES MAGIK'X :
Les Magik'x sont tous Gentik'x, prompts au rire, à la plaisanterie, à la convivialité ! Leur nom, qu’à l’unanimité, ils déclarent issu "de mondes parallèles, de mondes subtils, de dimensions d'"à côté" ". Tandis que leur volonté de déformer le mot "magie" tient à leur faculté de s’échapper dans le rêve, pour sortir de la réalité lourde… Et puis, il y a l’originalité de leur vie ; puisque tous ont quitté leur travail pour se livrer à leur passion, même si cela implique un quotidien qui se rappelle durement à eux ! Leur inspiration, enfin, née de toute une vie bien sûr ; mais aussi et surtout "de l'influence des galaxies, des planètes, du monde actuel et du monde à venir, des couleurs, de la nature "… Parce qu’ils croient qu'après la vie, il y a la vraie vie. Qu’ils sont inspirés par tout ce qui les entoure.
Pour toutes ces raisons, ils travaillent en toute liberté, sans critères, sans obligations. Leur création n'est pas grave, pas académique, née selon le hasard ou leur gré.
VOIR TEXTE ENTIER DE JEANINE RIVAIS : "LES MAGIK'X, L'HUMOUR ET… LE TALENT !" http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER ; et aussi ENTRETIENS AVEC JEANINE RIVAIS, http://jeaninerivais.fr BANNE 2006 ET NOTTONVILLE 2007 Rubrique COMPTES-RENDUS DE FESTIVALS.
JEAN-NICOLAS REINERT :
Longtemps, Jean-Nicolas Reinert a été en colère. Très dures, ses premières sculptures étaient de simples masques. Grimaçants comme ceux que portaient les acteurs des théâtres antiques ; pommettes saillantes, joues rubicondes, autour de bouches hurlantes et édentées ; minuscules nez épatés entre les yeux vides. Œuvres d'un impressionnant primitivisme, jetées spontanément dans l'argile. Qui disaient tour à tour la souffrance, l'ironie, l'impuissance… ressenties par leur auteur.
Plus récemment, l'artiste est parvenu à concevoir les corps dans leur entièreté, avec des membres fonctionnels. Et, de matités où prédominaient les brûlures du raku formant des peaux malsaines, les œuvres se sont couvertes de brillances émaillées. Mais le sculpteur semble entré dans un paradoxe, une ambivalence surprenante : si ces corps sont sans ambiguïté des corps d'enfants, un peu patauds, un peu château branlant, si leurs petits pieds ou leurs doigts s'en vont farfouiller dans leur bouche, comme à la découverte de plaisirs insoupçonnés, les visages sont tantôt d'adultes, tantôt d'enfants. Pourtant, c'est finalement le sentiment d'enfance qui prévaut.
VOIR TEXTES ENTIERS DE JEANINE RIVAIS : "JEAN-NICOLAS REINERT, UN SCULPTEUR EN COLERE" et "DE LA COLERE A LA SERENITE OU JEAN-NICOLAS REINERT SCULPTEUR", : ENTRETIEN DE JEANINE RIVAIS AVEC JEAN-NICOLAS REINERT: Site : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS BEGLES 2010. Et AUSSI ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.fr Rubrique comptes-rendus de festivals/ BANNE 2006.
MARIE-HELENE ROGER :
JR. : Vos personnages sont en général caricaturaux, mais très vivants. Quand je dis « caricaturaux », c’est la raison pour laquelle ils me font penser à la bande dessinée. C’est-à-dire que les traits sont exagérés. Je vois même un personnage ouvrant une bouche démesurée !
MH.R. : Ce pourrait être vous et moi en ce moment. Ce sont souvent des couples, des situations par rapport à l’objectif photographique.
JR. : Je remarque que vos personnages, bien que se regardant très rarement, traduisent une espèce de complicité. Même quand ils sont dans une situation particulière, comme la fille qui est songeuse, ou le garçon qui tire la langue de façon très irrévérencieuse, on a, en effet, l’impression d’ « un couple ». Qui, parfois se situe dans le romantisme, d’autres fois dans le contraste… En somme, on pourrait les considérer couple par couple, et les situer dans une situation psychologique particulière…
MH.R. : Voilà, c’est exactement cela. Les mettre dans une situation psychologique que chacun de nous a vécue ou pourrait vivre.
JR. : En plus, c’est un monde très cosmopolite : vous présentez des blancs, des noirs, des basanés ; d’autres, d’origines indéfinies. En fait, quelles que soient leurs origines, ils se situent dans le même monde drolatique ?
MH.R. : Oui. Il n’y a, dans mon monde, ni races, ni frontières. Mes couples sont placés dans une sensation de joie de vivre, et d’amour universel. C’est ce sentiment-là que j’aime développer.
VOIR ENTRETIEN ENTIER avec JEANINE RIVAIS: Site : http://jeaninerivais.fr Rubrique COMPTES-RENDUS DE FESTIVALS, BANNE 2008.
JEAN-JACQUES ROYO :
Est-ce parce que l’école ne l’intéressait pas, qu’il s’est mis à dessiner dès son plus jeune âge ? Ou bien est-ce parce qu’il dessinait sans arrêt qu’il était un mauvais élève ? Quel que soit le sens dans lequel prendre ce postulat, Jean-Jacques Royo a toujours préféré la BD à l’orthographe ! Et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé peintre autodidacte, et qu’il émaille ses peintures de déclarations réduites à la plus simple phonétique (à se demander s’il n’y prend pas un tel plaisir qu’il en rajoute parfois !) : « éle è pa bele la vi », « pa keu dé moules a sete »…
A moins que ces fantaisies syllabaires ne fassent écho aux notions acquises au fil de ses pérégrinations. Car, rejetant le carcan qui l’enserrait, Jean-Jacques Royo est un jour parti voir si, derrière d’autres collines, l’herbe était plus verte ? Ainsi a-t-il glané un peu d’anglais en dessinant sur les trottoirs de Bombay, un peu de grec au pied du Parthénon, un peu d’espagnol… Mais dans le temps où il multipliait ainsi ses ressources linguistiques, il s’imprégnait de l’air ambiant, cueillait ici les excès relatifs aux problèmes raciaux (« he negro, sors la tune ou casse toi »), là, les contrecoups des pollutions diverses (« Con / ta / mi / na / ted dead »), ailleurs, les méfaits de la drogue (« snife de la coke biento »)… Mais aussi, il connaissait le vide de l’errance. Et un jour, ce vide l’a ramené au bercail (« mé je veu juste rentré che moi »)…. Là, il a délaissé les tags en constatant que les murs ne lui rendaient pas les couleurs qu’il en attendait, et puisque décidément, la seule chose qu’il savait faire était peindre, il s’est attaqué au papier et à la toile.
VOIR ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.fr Rubrique Comptes-rendus de festivals NOTTONVILLE 2007. Et TEXTE ENTIER : "JEAN-JACQUES ROYO, ET LE MAL DE VIVRE" : http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.
SYLVIE SALAVERA :
Le rouge et le noir ; le sang et la mort ; la splendeur et le néant : dans chacune des œuvres de Sylvie Salavera, transparaît l’atavisme espagnol, l’ambiguïté de la sauvagerie, la dramaturgie de la violence, symboliquement peints sur des matériaux durs qui font ressortir avec vigueur les éléments des « mises en scène ». La plupart du temps ronds pour mieux rappeler l’arène dans laquelle se déchaînerait la liesse populaire, ils suggèrent en même temps le manège, le théâtre, tous lieux de bruit et de fureur, dans lesquels s’affrontent psychologiquement conquérants et victimes, amuseurs et voyeurs, tandis que la multitude d’yeux de la foule massée sur les gradins, prête à tous les débordements, complète l’encerclement.
Dans ces huis-clos très colorés, Sylvie Salavera dont le travail se veut avant tout narratif, déroule ses contes picturaux, ses fantasmes, les angoisses de quiconque a dû faire ses bagages ; de qui l’errance a gommé les racines ; chez qui l’anonymat a ouvert les yeux afin d’orchestrer, pour exister, une éternelle parade !
VOIR TEXTE ENTIER DE JEANINE RIVAIS : "LES PETITS THEATRES EN ROND DE SYLVIE SALAVERA" N° 56 de Décembre 1995 du BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA. Et http://jeaninerivais.fr Rubrique Art singulier.
MICHEL SMOLEC :
Imaginaires malgré leur presque réalisme, les sculptures de Michel Smolec, oeuvres de terres mêlées, polychromes, avec un sens inné des rapports de couleurs. Bouleversantes, telle une œuvre de chair au sens quasi-littéral. Provocatrices ! Frondeuses ! Raisonneuses ! Un peu militantes, aussi, sous leurs airs innocents et leur bon sens populaire. Pas non plus dépourvues d'érotisme, surtout depuis qu’une nouvelle génération a pris corps : Ses anciens personnages ont-ils quitté leur jardin d’Eden où ils évoluaient nus et sans complexes ? La civilisation les a-t-elle rattrapés ? Toujours est-il qu’ils apparaissent désormais richement vêtus de costumes deux pièces et bottines à boutons pour les hommes ; bottes montantes, jupes sophistiquées et justaucorps pour les femmes dont les seins, pourtant, continuent coquinement de provoquer l’oeil…
L’effet de la cohabitation entre les diverses séries de sculptures est saisissant. Il met en évidence, une fois encore, que, comme tous les créateurs authentiques, cet artiste est incapable de se contenter d’une répétition à l’infini d’une même formulation. Il confirme sa volonté de créer sans cesse de façon originale, et l’obligation psychologique où il se trouve de renouveler son univers fantasmagorique.
VOIR TEXTES : "DE TERRE ET DE CHAIR, LES CREATIONS DE MICHEL SMOLEC, sculpteur" et : "TANT ET TROP D'YEUX ou MICHEL SMOLEC dessinateur" : http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER
SYLVIE VAN HAEKEN :
J. R. : Vos œuvres offrent, certes, trois dimensions. Mais on pourrait dire que ce sont des « sculptures plates ». Pourquoi cette volonté de les proposer presque en deux dimensions. Au point qu’on les imagine volontiers comme des peintures sur toiles ? Même vos masques sont à peine en relief.
SVH. : Parce qu’en effet, je travaille comme si je faisais un tableau. J’écrase la terre. Et après, je lui donne des formes. Je lui donne surtout un visage, et je fais ressortir les reliefs avec mon petit couteau. Et dans mes masques, seul le nez ressort, et un tout petit peu la bouche. Je n’arrive pas à les concevoir autrement.
J. R. : On peut dire que votre travail est infiniment précieux, au sens de « recherché », « sophistiqué »…
SVH. : Il y a une douceur dans mon travail.
J. R. : Oui, mais c’est encore autre chose. Finalement, vos œuvres proposent un aspect plein, c’est-à-dire sans dentelures, sans espaces intermédiaires autres que la ligne séparatrice, une sorte de dentelle compacte, en fait.
SVH. : Oui. Je ne m’en rends pas bien compte. C’est difficile de parler de son travail, lorsque l’on travaille spontanément. SYLVIE VAN HAEKEN : VOIR ENTRETIEN ENTIER AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ENTRETIENS