Philippe Kayumba, venu de son Congo natal pour vivre à Lyon, via Cape Town en Afrique du Sud, se sent-il un peu perdu, dans l'entrelacs de rues gravitant en direction de Fourvière, la Croix Rousse ou la Place Saint-Jean ? Toujours est-il qu'il se construit de bien curieux plans sur lesquels il couche non seulement de non moins curieux itinéraires, mais auxquels il s'ajoute, comme si géographie et psychologie étaient inséparables !

Ainsi, le visiteur se trouve-t-il face à une immuable façon de progresser : Sur un fond finement carrelé dans des tons de gris sur gris, l'artiste a installé des entrecroisements de lignes jaunes qui –paradoxalement- avortent toutes ici ou là dans le plan. Surlignées ? Doublées ? Croisées par d'autres bleues, dont l'aboutissement est aussi aléatoire ! Sans doute en fonction de ses déplacements fantasmatiques, d'autres lignes de couleurs variables et des indications de quartiers (Foch, Lyon, 69007…) compliquent –sans davantage aboutir- le réseau kayumbien !

Et, en surimpression, uniquement linéarisé, dominant cette non-géographie, un énorme visage aux traits négroïdes, aux grand yeux étonnés, semble s'amuser du hiatus qu'il a ainsi créé. Semblant dire à ce visiteur : "Es-tu perdu ? Regarde comme, moi par contre, je suis parfaitement à l'aise dans ma si spéciale façon de voyager !"

Une œuvre à la fois simpliste et porteuse de nombreuses possibles clefs ! Pleine d'humour, en tout cas, et éminemment originale.

                             Jeanine Smolec-Rivais.