Quiconque rencontre LOREN est immédiatement conquis par son grand coeur, sa convivialité sans faille, son humour… Toutes qualités démonstratives qui le font passer pour un être dont la vie n'est que gaieté. Erreur ! LOREN est un anxieux, à la sensibilité à fleur de peau ; quelqu'un pour qui le monde ne tourne pas comme il le souhaiterait !
Subséquemment, pendant longtemps, il a essayé de pointer du doigt (littéralement puisqu'il ne se sert jamais de pinceau) sur des morceaux de bois aux formats hétéroclites parce que récupérés au hasard de ses pérégrinations, ce qui le dérangeait, ce qu'il espérait changer ; réalisant des peintures et sculptures militantes, dans lesquelles il infirmait les incongruités sociales, les bavures politiques, les injustices et les déraisons de la planète… Faisant, grâce à son talent, de la dénonciation de ces anomalies, une oeuvre d'art.
Aujourd'hui, la vie lui est-elle plus bienfaisante ? En tout cas –et même s'il reste quelques molosses s'entredéchirant, quelques lions aux griffes sorties… oubliés dans des placards mentaux- sa peinture s'est humanisée. La violence a largement cédé la place à de grands embrassements où l'érotisme demeure très démonstratif certes, mais n'est plus dans la souffrance. Des complicités apparaissent entre les protagonistes de ses œuvres.
Bref, ayant bien cherché, Loren semble avoir enfin trouvé un équilibre, une harmonie, une clémence. D'ailleurs, ses collages –lorsque collages il y a- se conjuguent à la matière au lieu d'en casser brutalement les rythmes. Les épaisseurs de peinture se sont assouplies, jouant avec les expressions au lieu de les malmener ! Et les fonds qui, naguère, ajoutaient au sentiment de panique, sont désormais non signifiants, aux couleurs mêlées, posées en volutes anarchiques, simples moyens de mettre en relief le "dit" de ses personnages…
Alors, en paix avec lui-même, Loren ? En marche vers une paix intérieure, vers une relation moins hostile avec le monde ? Presque…
Jeanine Smolec-Rivais