Jeanine Smolec-Rivais : Fauve, quelle est votre définition de votre travail ?

            Fauve : C'est une peinture expressionniste, avec un peu de Fauvisme. Je pars de la couleur pour arriver à mon personnage. C'est la couleur qui va guider la composition de mon tableau.

                J.S-R. : Il me semble que, dans ce que vous avez apporté, il y a deux aspects : une partie très structurée, très surlignée, qui serait plus proche du Cubisme. En somme, vous partiriez de ce que vous appelez l'Expressionnisme pour arriver au Cubisme ?

            F. : Voilà, oui. Mais je crois que je mets les deux en parallèle.

                J.S-R. : Et puis, me semble-t-il aussi, votre monde est singulièrement de guingois !

            F. : Oui ! Tout à fait. Les maisons sont un peu chaotiques, et les femmes boivent des coupes de champagne. C'est très onirique. Et très festif, en même temps.

                J.S-R. : Vos couleurs sont très harmonieuses. Et vous êtes dans un paradoxe entre le côté bancal des constructions, et l'harmonie des couleurs !

            F. : C'est ce qui fait l'équilibre.

                J.S-R. : D'une façon générale, ce sont des femmes ?

            F. : Oui, beaucoup de femmes. Et s'il m'arrive de peindre des hommes, ils sont toujours très androgynes ! Je préfère donc faire des femmes. Et autrement, ce sont des paysages urbains, qui sont, eux aussi, un peu bancals.

                J.S-R. : Vous avez toujours peint un monde bancal, ou vous y êtes venue petit à petit ? Et dans ce cas, pourquoi y êtes-vous venue ?

            F. : Pour mes maisons, c'est en même temps que je faisais mes personnages. Quand j'ai voulu faire les paysages, je me suis sentie libre de mes mouvements, et c'est venu de soi-même. Et cela a toujours été des maisons bancales ! Il n'aurait pas fallu que je sois architecte, parce que j'aurais eu des soucis !

                J.S-R. : La dominante de vos œuvres est le violine ?

            F. : Oui, rouge orangé/violine.

                J.S-R. : Les Expressionnistes dont vous vous sentez proche n'étaient pas spécialement dans ces couleurs-là. Alors, qu'est-ce qui vous fait dire que vous êtes expressionniste ?

            F. : Par le choix des thèmes. Et puis, les gens qui voient mes tableaux me disent souvent que ma peinture ressemble à celle de Soutine. Les personnages qui s'envolent ont un peu de Chagall. Et puis, il y a aussi du Fauvisme par la couleur.

                J.S-R. : Est-ce que pour cette raison que vous avez choisi votre pseudonyme ?

            F. : Non, pas du tout. J'ai fait vingt ans d'aquarelle au cours desquels on m'a baptisé "Fauve" et le nom m'est resté. Et maintenant, il me convient très bien, alors je le garde.

            ENTRETIEN REALISE A SAINT-PAUL LE JEUNE, AU FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI 2012.