SOPHIE DELPY, peintre

Entretien avec Jeanine Smolec-Rivais

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Jeanine Smolec-Rivais : Sophie Delpy, vous signez vos œuvres "Delpy" : c'est votre unique nom ?

            Sophie Delpy : Oui, c'est mon nom de famille.

 

                J.S-R. : Je voudrais que vous donniez votre définition de votre travail.

            S.D. : C'est tout dans les sentiments, ce que je ressens et que je fais sortir sur mes toiles. C'est de l'abstrait, de la peinture à l'huile. Et suivant mes états d'âme, les couleurs ressortent différemment. Très honnêtement, je parle très mal de mon travail !

 

                J.S-R. : Vous parlez de sentiments. Mais vous êtes tout de même largement abstraite, même si sur certains tableaux, vous ajoutez un petit personnage. Comment dites-vous que vous exprimez vos sentiments avec de l'abstrait ?

            S.D. : Par les couleurs.

J.S-R. : Expliquez-moi comment vous procédez ?

            S.D. : Un tableau, par exemple, a été réalisé à propos d'une amie. Il y a différents passages avec le rouge représentant une flamme, tout à fait en haut. C'était un bouillonnement. Une colère. Et, au fur et à mesure des mois, des portes se sont ouvertes. On voit donc tous les carrés avec des possibilités d'ouverture. Possibilités d'ouvertures !

 

                J.S-R. : J'allais vous reprendre sur cette idée, parce qu'à mon avis, elles sont plutôt fermées qu'ouvertes !

            S.D. : Ce sont bien des "possibilités" d'ouverture. Mais petit à petit, les sentiments de colère se transforment ; vont vers l'apaisement du bleu. Il y a toujours en bas cette colère qui est présente, mais juste un frissonnement, dirons-nous. Et puis, à un moment donné, cela s'écarte sur la lumière, et sur la nature.

                J.S-R. : Vous voyez que vous en parlez très bien ! Il suffit de vous poser la "bonne" question !

            S.D. : Avec toujours, malgré tout, le sentiment que "La vie n'est pas un long fleuve tranquille", et même dans la sérénité, il y a toujours un peu de tourbillons dans la couleur orangée. Et malgré tout, dans la colère également, des soupçons de calme, de sérénité traduits par les traces blanches.

 

                J.S-R. : Dans l'ensemble, vous avez largement écarté les paroxysmes, parce que vous avez deux bandes blanches, une de chaque côté de votre colonne de colère.  

            S.D. : Oui.

                J.S-R. : Et il me semble que mis à part celui que vous venez d'évoquer et dont les couleurs sont violentes, la plupart sont conçus dans des couleurs très douces ! Cela signifie-t-il que vous êtes d'un tempérament modéré, et que vous vous mettez rarement en colère ?

            S.D. : Oui, plutôt, oui. Je vis dans la nature, dans le calme, et je fais en sorte que les moments soient les plus possibles sereins.

 

 

            ENTRETIEN REALISE A SAINT-PAUL LE JEUNE, AU FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI 2012.