Jeanine Smolec-Rivais : Patrick Esmenjaud, Quelle est votre définition de votre travail ?

            Patrick Esmenjaud : Je pars de matériaux de récupération qui me donnent un thème de départ pour créer une sculpture.

                J.S-R. : Donc, tout métallique ?

            P.E. : Oui, toujours : métaux divers, aluminium, inox.

                J.S-R. : Et à partir de là ?

            P.E. : A partir de là, je construis. Par exemple, l'une de mes chaises a le fond fait à partir de chaînes d'embouteillages des usines Périer. De là, je suis parti sur le thème de la bouteille. J'ai fait toute une série de chaises sur ce thème.

                J.S-R. : Je vois aussi des couverts, installés…

            P.E. : Des couverts en argent.

                J.S-R. : Est-ce important qu'ils soient en argent ?

            P.E. : Non, sauf que, parce qu'ils sont en argent, c'est un métal plus noble.

                J.S-R. : C'est pourquoi je vous pose la question !

            P.E. : Il y a même les initiales des gens qui les ont possédés. J'en ai fait un dessous de plat/chauffe-plat. Le reste est de l'inox qui a été travaillé à partir d'un tube. A partir du même tube, toujours dans l'esprit de récupération, j'ai fait trois pièces différentes.

                J.S-R. : Donc, si je comprends bien, vous prenez des métaux qui ne sont pas susceptibles de rouiller ?

            P.E. : S'ils sont susceptibles de rouiller, je les traite pour qu'ils ne le fassent pas. Je mets l'antirouille qu'il faut, la peinture qu'il faut, et je mets du vernis.

                J.S-R. : Pourquoi, en fait, toute trace de métal disparaît-elle de vos créations ? Puisque vous prenez de la peinture brillante, vous pourriez aussi bien utiliser dessous n'importe quel matériau.

            P.E. : En règle générale, quand ce sont des matériaux de récupération, je laisse toujours apparaître le métal. Pour que le visiteur sache que c'est du métal. Vous pouvez voir que sur toutes les œuvres, une partie reste découverte.

                J.S-R. : Et il est important, pour vous, que vos bouteilles aient des visages ?

            P.E. : Oui, parce que j'ai voulu les personnifier.

                J.S-R. : Donc, toute personne qui s'assoit sur votre chaise, tourne le dos à vos personnages !

            P.E. : Et voilà !

                J.S-R. : C'est une façon de voir le monde ! Je crois que vous réalisez aussi des maquettes ?

            P.E. : Oui, et je les donne à des personnes qui les reproduisent en beaucoup plus grand.

                J.S-R. : Et vos tableaux sont également faits sur métal ?

            P.E. : Oui, sur aluminium.

                J.S-R. : Mais cela ne doit pas être le même raisonnement que pour les sculptures.

            P.E. : Pas le même raisonnement, mais le travail est le même. Et puis, pour les tableaux, je choisis des thèmes différents.

            ENTRETIEN REALISE A SAINT-PAUL LE JEUNE, AU FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI 2012.