VILLY-EN-AUXOIS (21350) / VILLEBERNY / SALMAISE / VERREY-SOUS-SALMAISE :
SYMPOSIUM et EVASIONS DES ARTS CONTEMPORAINS
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IIe SYMPOSIUM DE SCULPTURES : Bois et pierre.
**** 4 artistes réalisent des sculptures monumentales : CATHERINE ARNAUD / GEORGES BECKER / FRANCOIS LELIEVRE / JOSEF NADJ :
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Lorsque CATHERINE ARNAUD apparaît près de l'énorme bloc de pierre qui lui est dévolu, le spectateur retient son souffle à l'idée que cette frêle jeune femme va se colleter à une telle démesure !
Une semaine plus tard, il comprend combien ses craintes étaient vaines : le voilà confronté à un élégant double éventail dont les stries jouent des ombres et de la lumière !
Qu'a-t-il pu se passer en ce court laps de temps ; comment cette artiste a-t-elle su dompter ce monstre anonyme et banal ? Entrer en osmose avec lui, le convaincre de la laisser extirper de ses bords et débords un premier "acte" de cette transformation, pour laquelle elle ne disposait que d'un autre monstre : Un disque diamant ? Ou une tronçonneuse ? Et puis, quelques gouges et ciseaux, un polissoir, peut-être ? Dont il lui faut chaque fois faire ses complices pour convaincre le matériau brut de se laisser transformer !
Nul doute que, par la chaleur caniculaire qui régnait lors de cette gestation, celle-ci ne se soit pas opérée sans souffrance ! Mais le résultat ne valait-il pas cette peine et ce plaisir conjugués de montrer une fois encore que tant de talent enfermé dans son cœur et dans ses mains venait de s'épanouir !?
A quelles étranges plantes GEORGES BECKER donne-t-il vie, chaque fois qu'il se trouve face à un tronc d'arbre qui le sollicite ? Têtes incertaines au milieu de "galets" qui pourraient être des "graines" ; gousses mi-ouvertes, vides comme si, déjà, les "spores" qu'elles avaient protégées se sont envolées ; corolles de fleurs aux pétales doucement écartés… Et puis, récurrents, des épis disposés en alternance au long de tiges dépourvues de feuilles… Plantes composites, enfin, dont les doubles tiges sont reliées, comme en symbiose, pour aboutir à des pétales arrondis…
Le tout, jouant des veines du bois, s'attardant sur la trace des nœuds ; s'écartant ou au contraire se resserrant pour capter la lumière ; si parfaitement lisse que chaque œuvre appelle la main, la caresse… Naît alors une nouvelle symbiose, celle de l'œuvre si pleine de poésie et de patience, avec le spectateur, cette fois.
Un tronc desséché posé à même le sol, et voilà FRANCOIS LELIEVRE tout émoustillé, face à cette nouvelle "provocation". Car, pour cet amoureux du bois, son esprit s'ouvre immédiatement à l'idée du nouveau totem qu'il va en extraire !
Pourrait-il expliquer cette fascination pour les totems ? S'agit-il pour lui de conjurer d'ancestrales frayeurs ? De retrouver des dieux tutélaires ?
Mais comment se fait-il alors que, même si parfois, le spectateur peut "lire" quelque tête de profil, quelque silhouette finement découpée dans la masse, il s'agisse plutôt d'images "créées" par sa subjectivité ? Car, finalement, il semble bien que ce ne soit pas le propos de l'artiste ? Que, de sa tronçonneuse, il sache parfaitement retirer le côté violent pour sembler caresser plutôt qu'attaquer le bois, le découper, créer courbes et contre-courbes, générer des plis, des creux… jouer de verticales et d'obliques pour contrecarrer les horizontales… Un jeu, en somme, purement esthétique !
Qui devient, après ponçage, et profond "brûlage" au chalumeau, une magnifique œuvre, fine, élégante, noire, affirmant les ombres et captant la lumière !
Certainement ne faut-il pas voir dans les multiples anneaux de JOSEF NADJ, un quelconque symbole sexuel ni, qui pourrait être subséquent, un anneau marital, ou religieux ; ni même un anneau magique capable de conjurer de néfastes influences ? Par contre, peut-être l'artiste se rattache-t-il à l'anneau solaire, symbole du pouvoir des éléments ?
Peut-être faut-il également tenir compte du fait que la plupart de ces anneaux sont percés d'une sorte de flèche, ou placés à proximité de quelque protubérance ? Alors, il serait possible de s'en aller plus loin, dans l'infini du cosmos ; décider que ces anneaux dont l'orientation inclinée capte la lumière même sur une pierre de nature banale, seraient des restes burinés de quelque planète glacée, ou encore le point de chute de quelque astéroïde ou vaisseau spatial ?
Bref, ces compositions tellement minimales, brillantes malgré les matités que leur impose l'artiste, sont si impossibles à définir, qu'elles peuvent être à l'origine de toutes interprétations subjectives ! Bon voyage !
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Les textes sont de JEANINE SMOLEC-RIVAIS.
Le photographe JEAN-PHILIPPE JARLAUD a suivi pendant toute la semaine le travail des artistes, et la progression de leurs créations. Voir ci-dessous quatre photos choisies par lui, pour illustrer l'une de ces étapes.
Photo 1 : Catherine ARNAUD.
Photo 2 : Georges BECKER.
Photo 3 : François LELIEVRE.
Photo 4 : Josef NADJ.
Pour voir les photos en grand format, cliquez dessus.