Jeanine Smolec-Rivais : Guillaume Aznar, vous êtes mosaïste. Pour vous, ce genre de création est-il un art ? Ou un artisanat ?
Guillaume Aznar : Une partie est artisanale. Et une partie est assez créative, je la considère donc comme un art. Je mélange souvent une partie décorative, plus utilitaire, à une partie constituée d'objets créatifs et donc artistiques.
J.S-R. : Il y a longtemps que vous travaillez comme mosaïste ?
G.A. : Il y a douze ans que je suis mosaïste, mais je suis auto-entrepreneur et artisan depuis un an et demi.
J.S-R. : Et dans la conjoncture actuelle, être auto-entrepreneur est-il une bonne démarche ?
G.A. : Au début c'est un peu difficile pour se faire connaître. Et puis, je n'avais pas beaucoup de contacts pour les expositions ou les salons. Mais au fil du temps, j'ai de plus en plus de contacts, j'ai de plus en plus d'endroits où exposer et présenter mon travail, Et pour le moment, je suis assez content. Il faut se faire connaître. Il faut obtenir des contacts, présenter son travail, et créer de nouvelles œuvres à chaque fois.
Je travaille aussi sur commandes pour des particuliers. Je me déplace. Mon atelier est dans le Loiret, mais je suis originaire de Paris. Je participe aussi bien à des festivals d'Art singulier qu'à des petits salons où l'on recherche des œuvres décoratives.
J.S-R. : Comment vous rattachez-vous à l'art singulier ?
G.A. : Peut-être par mes techniques ?
J.S-R. : Je dirai que vous êtes ici plutôt au titre de l'Art d'aujourd'hui, art contemporain ; et non au titre de cet art tellement psychanalytique que l'on ne retrouve pas dans votre travail !
G.A. : Oui, si vous voulez. Chacun a son œil, et…
J.S-R. : Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas de psychologie dans ce genre de travail, il s'agit uniquement de technique !
G.A. : Oui, si on veut !
J.S-R. : Qu'est-ce qui fait que vous ne semblez pas d'accord avec moi ?
G.A. : C'est que pour moi, il y a de la création dans certaines œuvres !
J.S-R. : Mais quand je dis qu'il n'y a pas de psychologie, je ne dis pas qu'il n'y a pas de création !
G.A. : Je ne comprends pas ce que vous voulez dire !
J.S-R. : Une œuvre psychologique est une œuvre où vous exprimez votre "moi", vos joies, vos souffrances… Une œuvre technique est faite avec les mains et le savoir-faire de vos mains. Il n'y a pas de psychologie dans une glace ou un damier !
G.A. : OK ! Je ne sais pas trop que vous répondre !
J.S-R. : Comment procédez-vous pour réaliser un guéridon, ou un miroir ?
G.A. : J'aime bien donner des noms aux œuvres. J'intitule celle que vous montrez "Miroir X". Parfois, le nom ne se rapporte pas exactement au thème. Mais si je les trouve space, ou par rapport à la forme… Ce n'est peut-être pas un vrai X mais cela s'en approche.
J.S-R. : C'est donc la forme que vous considérez ? Je pensais au nombre de petits miroirs utilisés, je me disais que, peut-être, un miroir se reflétait dans l'autre ? Donc, que vous pouviez aller à l'infini ?
G.A. : C'est votre point de vue. Mais chacun a un point de vue différent ! Chaque fois que je montre une œuvre, j'ai mon point de vue, je lui donne un nom. Mais quelqu'un d'autre va le voir différemment et lui en donner un autre.
J.S-R. : Expliquez-moi le processus de création ?
G.A. : Je choisis des supports, souvent en bois. Je dessine au crayon dessus. Je fais mes coupes. Et, en fonction de mon feeling, je vais les placer. J'aime bien inventer des formes originales. Selon mon inspiration, j'aime bien travailler les courbes. J'aime bien aussi les formes géométriques. En fonction de la forme, j'intègre des miroirs. Je travaille l'harmonie des couleurs.
J.S-R. : A part le verre des miroirs, que collez-vous ? Du plastique ? De la pierre ?
G.A. : Non. En fait, je ne travaille qu'avec les émaux de Briare, et la pâte de verre italienne. Et j'aime bien travailler avec des miroirs. J'aime bien le côté qui reflète, et les effets de lumière. Je découpe les morceaux de miroirs et je les travaille à la pince. Je n'ai pas apporté les pièces que j'ai faites avec la technique italienne. Ici, c'est plus le travail avec les émaux de Briare, et les pâtes de verre que je taille à la pince.
J.S-R. : Vous me dites : "J'aime beaucoup les miroirs". Cependant, si je regarde votre table, ou l'objet trapézoïdal qui est devant nous, ceux-là sont entièrement opaques.
G.A. : Oui, tout à fait.
J.S-R. : Qu'est-ce qui fait que, parfois, vous décidez que l'objet va être brillant ou au contraire opaque ?
G.A. : C'est selon mon inspiration, mon feeling quand je commence une œuvre. D'une façon générale, je ne mets pas de miroirs sur les tables. Je ne travaille qu'à la pâte de verre et des motifs opaques.
J.S-R. : Sous quelle forme achetez-vous ces matériaux ?
G.A. : J'achète souvent des carreaux, et je les taille. Soit avec un diamant, soit avec une pince. Je décide alors si je vais choisir de faire des carrés, des triangles…
J.S-R. : Pour conclure, y a-t-il d'autres questions techniques que vous auriez aimé entendre et que je ne vous ai pas posées, parce que je suis vraiment profane ? Des thèmes que vous auriez aimé aborder et que je n'ai pas évoqués ?
G.A. : Peut-être parler des supports bois ? Après, je fais ma mosaïque, je fais mes joints, je les colore en fonction des éléments qu'ils séparent… Chaque fois, je cherche l'harmonie.
ENTRETIEN REALISE DANS LA SALLE DES FETES DE SAINT-PAUL LE JEUNE, AU COURS DU FESTIVAL BANN'ART, LE 11 MAI 2013.