SVETLANA RASTOSHANSKAYA, sculpteure

ENTRETIEN AVEC JEANINE SMOLEC-RIVAIS

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Jeanine Smolec-Rivais : Svetlana Rastoshanskaya, c'est vous qui avez un nom si long qu'il faut prendre son souffle avant d'arriver à la fin ?

Svetlana Rastoshanskaya : Oui, c'est sûr !

 

J.S-R. : Vous êtes d'origine russe ?

S.R. : Oui.

 

J.S-R. : Et vous vivez depuis longtemps en France ?

S.R. : Douze ans, maintenant, et j'habite à Grenoble.

 

J.S-R. : Votre travail ne comporte que des personnages ? Ou j'aperçois un lapin qui pointe ses oreilles ?

S.R. : Avant, je faisais de la peinture. Mais, depuis trois ans, je ne fais que des poupées.Des personnes et des animaux ! Je suis si passionnée, que j'ai l'impression d'être une malade mentale, avec ces poupées ! Dès que je vois quelque chose qui peut m'aider, je le prends. Et toute technique est bonne à prendre : En ce moment, j'apprends celle du papier mâché. C'est très intéressant, mieux que ce que je faisais avant.

 

J.S-R. : Prenons d'abord celles qui ont vraiment figure humaine. Avec des corps complets, etc.

S.R. : J'adore les familles : papa, maman, les enfants. Celles-là sont en céramique.

 

J.S-R. : L'une d'elles nous nargue, avec son air coquin. Vous connaissez l'histoire du cul de Fanny ?

S.R. : Oui, oui, absolument, c'est pourquoi j'ai fait celle-ci. Elle est coquette et coquine ! Il y a aussi des chanteuses, des messieurs qui promènent leurs chiens, des danseuses classiques…

 

J.S-R. : En fait, tous sont dans des occupations très quotidiennes ?

S.R. : Oui, en effet. Je cherche toujours quelque chose d'intéressant pour les rendre vivants.

 

J.S-R. : Je prenais l'une d'elle pour une duègne ? Mais en fait, c'est une mère avec tous ses enfants ?

S.R. : Oui, avec tous les enfants.

 

J.S-R. : Vu leur nombre, je suppose qu'elle s'est mariée au moins deux fois ?

S.R. : Peut-être, oui ! Je suis d'accord avec vous parce que les premiers sont vraiment grands. Mais les autres plus petits, appartiennent sans doute à un autre mari ?

 

"Le cul de Fanny". Coll. J. Smolec-Rivais
"Le cul de Fanny". Coll. J. Smolec-Rivais

J.S-R. : Il y a beaucoup d'humour dans votre travail !

S.R. : Oui, c'est sûr ! J'ai donné tout mon amour à mes poupées !

 

J.S-R. : Non, pas de l'"amour", bien qu'il y en ait ; mais de l'"humour" !

S.R. : Je ne sais pas ce qu'est l'humour !

 

J.S-R. : Chaque fois que vous placez vos personnages dans une situation d'une drôlerie inattendue, c'est de l'humour ! Par exemple, cette femme qui n'a pas de mari et tant d'enfants ! Immédiatement, le visiteur pense que, puisque cela ne peut être de la génération spontanée, il y a forcément plusieurs pères à tous ces enfants. Et le fait qu'elle les ait tous autour d'elle sans un seul père, génère une situation d'humour !

S.R. : Il y a aussi ce monsieur qui demande de l'argent à une jolie dame ! D'habitude, c'est le contraire !

 

J.S-R. : Il me semble tout de même que, parfois, vous manifestez un peu de nostalgie de la Russie, parce que le couple qui tient son enfant, et le couple qui tient sa vaisselle, me semblent très russes !

S.R. : Oui, peut-être, même si je crois qu'il y a longtemps que j'ai perdu toute nostalgie.

 

J.S-R. : Etiez-vous déjà créatrice, en Russie ?

S.R. : Oui, j'ai fréquenté l'Ecole des Beaux-arts, à Moscou. Et ici, je travaille comme animatrice de cours de dessins pour des enfants.

 

J.S-R. : Venons-en à vos cochons ! Il faut prendre le titre "Cochons de Français" au sens vulgaire ?

S.R. : Non, non, non !!! Le français est dur pour moi, et je n'ai pas encore appris les mots vulgaires !

 

J.S-R. : En même temps, c'est une expression pleine d'humour. Quand on dit "Oh la la, ces cochons de Français…", on pense qu'ils sont grivois, bons vivants.

S.R. : Non, je n'ai pas pensé à cela ! J'ai juste pensé que ce sont de bons mangeurs !

 

J.S-R. : Et puis, à un moment, vous avez changé : vous êtes passée de personnages au physique tout à fait "normal", à des personnages/ballons. Pourquoi ?

S.R. : Parce qu'avec le papier mâché, le travail est plus manuel. Mais il est aussi plus artistique. Je suis plus libre dans mes réalisations.

 

J.S-R. : Oui, mais cela devient tout à fait décoratif, alors qu'avant il y avait dans le travail une recherche des caractères des personnages !

S.R. : Mais j'y arriverai peut-être un jour. Je cherche toujours quelque chose ! Les premiers, avec tant d'amour, expriment des sentiments…

 

J.S-R. : Donc, ce n'est pas de l'humour, c'est de l'amour ?

S.R. : Oui, de l'amour ! Maintenant, j'entends bien la différence !

 

J.S-R. : Y a-t-il des sujets que vous auriez aimé évoquer et dont nous n'avons pas parlé ? Des questions que vous auriez aimé entendre, et que je n'ai pas posées ?

S.R. : Non, je pense que vous avez tout posé !

 

J.S-R. : Merci d'avoir bien voulu vous prêter au jeu ! C'est vraiment très gentil ! Et c'était plein… d'humour !

 

ENTRETIEN REALISE DANS LES ECURIES DE BANNE, LORS DU FESTIVAL BANN'ART LE 10 MAI 2013.