GRAND BAZ'ART 2015 A GISORS

Entretien de JEANINE RIVAIS avec JEAN-LUC BOURDILA fondateur et organisateur du Grand Baz'Art ; et OANA AMARICAI, co-organisatrice du Grand Baz'ART 

*****  

Le vernissage : Discours du Maire de Gisors
Le vernissage : Discours du Maire de Gisors

Jeanine Rivais : Oana, Jean-Luc, autre année, autres artistes, autre lieu : Quelle est votre impression ? 

Oana Americai :  Sur le moment, mes impressions sont un peu élaguées. Bien sûr, c'est un progrès, bien sûr c'est un pas en avant. Nous avons la chance d'avoir plus de visibilité dans une plus grande ville. Nous avons la chance d'avoir un public nouveau. Ce qui ne veut pas dire que nous n'aimons pas notre public fidèle, que nous ne l'apprécions pas ! Au contraire. Mais c'est bien d'avoir accès à un public plus large. Tous ces changements ont peut-être suscité plus de difficultés, mais le bonheur est d'autant plus grand ! Quand tout se passe bien. 

Jean-Luc Bourdila : Je dirai quasiment la même chose qu'Oana. C'était notre septième festival, le premier à Gisors. Comme toutes les premières fois où deux groupes travaillent ensemble, il y a des ajustements à faire. Je ne dis pas des mises au point, mais des ajustements. Il y a de la bonne volonté et de l'efficacité des deux côtés.  Au point de vue bilan, nous sommes vraiment très, très satisfaits. L'exposition dans l'église de Bert Monterona et Jean-Christophe Philippi est un succès populaire affirmé. L'exposition dans la salle principale a frappé les gens. D'abord par la qualité des artistes présents, et la façon dont ils sont agencés dans la salle. Les autres lieux, comme la salle du château se prêtent parfaitement à recevoir les sculptures de Hans Jorgensen. De la salle Charpillon qui a reçu Laure Ketfa et Roland Bideau, les deux artistes qui sont avec nous depuis le premier Grand Baz'Art, je ne dirai pas qu'elle nous inquiétait, mais qu'elle nous interpellait un peu. Finalement, les deux artistes sont ravis d'être là-bas, ils ont vu beaucoup de monde. Oncle Maurice a interrogé énormément de visiteurs : Qui était cet oncle ? D'où venait-il ? Était-il encore vivant ? 

Et puis, nous avons fait une espèce de Off avec francis Lefèvre, le créateur de nos trophées, nos Oscars ! C'est un souffleur de verre. Avec lui, Karianne qui faisait des impressions avec du bois prédécoupé, des éponges et des personnages en taille humaine. Cela a attiré énormément de badauds qui se demandaient ce qui se passait dans cette salle ? La performance de Jim Sanders et Catherine Ursin accompagnés du groupe de percussions Copra s'est installée magnifiquement dans la salle ; à l'autre bout de laquelle s'était installé Marcel Bénaïs, presque en solitaire, et qui faisait un peu écho. Les gens sont restés. Ils avaient l'air ravis. 

Nous sommes un peu fatigués, parce que nous avons beaucoup plus couru qu'avant. Nous avons eu quelques soucis logistiques indépendants de tous les gens présents. Nous nous sommes efforcés de les résoudre. J'en profite pour remercier tous les gens qui se dévouent pour la réussite du Grand Baz'Art parce que, cette année, cela a vraiment été une grosse charge et un très gros travail. Mais personne ne le regrette ! 

Le vernissage : La foule du public
Le vernissage : La foule du public



J.R. : Je dois dire que cela a été une très bonne surprise, quand nous sommes arrivés, de constater que c'étaient les mêmes personnes qui étaient présentes à la cuisine, au bar, etc. Parce que j'avais craint que changeant de lieu, interviendraient d'autres gens qui dépendaient de ce lieu ! Donc, quand nous nous sommes retrouvés presque en famille avec tous ces visages connus, j'ai été très sensible à leur présence. 

J-L.B. : En fait, et nous sommes d'accord avec Oana, la troisième force du Grand Baz'Art, ce sont des gens que nous appelons dans la région «des bénévoles». Ce sont des gens qui prennent sur leur temps, sur leurs loisirs, qui souvent travaillent dans l'ombre... Ce sont des gens d'une générosité extraordinaire, qui apportent des solutions à nos problèmes. Personne n'a rien vu, car ils sont extrêmement efficaces. 

O.A. : Moi, je ne les appelle pas des « bénévoles », ce qu'ils sont sans doute. Je les appelle le système vasculaire de ce festival. Ils sont extrêmement importants. Il est difficile d'exprimer avec des mots la force de coopération et de fraternité qu'ils représentent. Cela peut faire cliché, mais c'est la réalité. 

Apparemment, le festival est important aussi pour eux, parce qu'ils prennent du plaisir à contribuer à cette organisation.  


J.R. : Nous avons donc aussi un nouvel invité d'honneur. Parlons un peu de lui. Dites-nous comment vous l'avez rencontré et comment vous en êtes venus à l'inviter ? 

J-L.B. : Je suivais le parcours de Mickaël Bethe-Sélassié depuis une vingtaine d'années. Et Oana a vraiment eu le coup de cœur pour ses sculptures. Nous l'avons rencontré... 

O.A. : J'ai eu le coup de cœur pour l'homme. Le courant est passé tellement vite ! Il m'a impressionnée sur tellement de niveaux différents ! Il a été facile de décider de l'inviter ! Quelle œuvre, et quel homme ! 


J.R. : Parmi les autres invités, j'aurais presque fait le même reproche qu'habituellement c'est-à-dire qu'il n'y a pas assez de sculpteurs. Mais finalement,  la façon dont vous avez disposé les œuvres, alternant des couleurs vives et du noir et blanc ; et le fait qu'il y ait un sculpteur génial dans le château tout cela fait que, finalement, je ne regrette rien. 

Je suppose tout de même que c'est à cause du changement de lieu, et pour éviter tout problème, que vous avez seulement quatre «nouveaux» ? 

J-L.B. : Nous avons dix nouveaux ! 

Le vernissage : Remise des Prix
Le vernissage : Remise des Prix

J.R. : Aïe ! J'ai oublié que j'avais rencontré certains avant et ailleurs ! Donc, ma question n'est pas valable ! 

J-L.B. : Jeanine nous oblige à dire des bêtises ! 

O.A. : Elle essaie de nous complexer ! 


J.R. : Comment ce Roumain, Papa Méric, qui faisait parti du groupe en 2013, est-il revenu tout seul, cette année ? J'ai regretté de ne pouvoir avoir aucun contact avec lui et sa femme ! Ils m'ont fait un peu de peine, de ne pouvoir communiquer avec personne ! 

O.A. : En effet ! J'ai essayé de rester le plus possible avec eux, mais j'avais aussi d'autres devoirs. Ses œuvres étaient en effet présentes dans le cadre de «Romania hors-les-normes 2013». 

Nous estimons que c'est un travail qui mérite d'être mis en valeur, et l'artiste aussi mérite d'être connu. Nous avons donc décidé de l'inviter cette année comme un artiste à part entière. Ce qu'il est, d'ailleurs, il n'y a pas de doute ! 


J.R. : Autre lieu, donc autres relations ! J'avais cru comprendre qu'il y avait eu quelques difficultés avec Bézu ? Mais, en fait, ce n'est pas la raison de votre départ ? C'était vraiment parce que vous étiez décidés à aller dans une ville plus grande ? 

J-L.B. : Il n'y avait pas de difficultés à Bézu. Il y a toujours des gens "bien" intentionnés qui racontent n'importe quoi ! C'est pourquoi lors de la remise des prix, il y avait Monsieur le Maire, et j'ai bien précisé que la présence de Monsieur Petit répondait à toutes les questions qui pouvaient se poser. 

J.R. : Oui, au ton dont vous l'aviez dit, j'avais bien compris que c'était une remise à plat de ce problème.

O.A. : En plus, Manuela qui est le pilier du Grand Baz'Art est membre du Conseil municipal de Bézu ! 

Donc, il n'y a pas eu de problèmes. Mais nous sentions que le potentiel de développement et de croissance de ce festival à Bézu, avait été atteint. Et que, si nous voulions continuer à grandir, il fallait changer ; aller vers un lieu mieux connecté avec Paris, pour pouvoir attirer un public plus large, et avoir plus de visibilité, en fait. 


J.R. : Si j'ai bien compris, vous avez la chance d'avoir à Gisors, un jeune maire qui a été immédiatement partie prenante. Et je dois dire que la présence continuelle de l'Attaché culturel a beaucoup touché les artistes. Il faudra lui signaler que chacun a bien noté sa présence, et l'a appréciée. 

J-L.B. : Le Maire est passé plusieurs fois. 

J.R. : Cela prouve bien qu'ils ont pris au sérieux cette nouvelle charge pour la municipalité.

J-L.B. : Une charge ! Une charge, dit-elle !!

O.A. : Un privilège ! 

J-L.B. : Ce nouvel événement, dirons-nous ! 

O.A. : Il est vrai que le Maire croit beaucoup à la culture. Il est venu nous voir à Bézu l'année passée. Il avait déjà eu un coup de cœur à ce moment-là. Et, depuis, il y croit beaucoup ! 

J-L.B. : Nous lui avons fait une proposition qu'il a jugée sérieuse. Quand je dis "le Maire", je devrais dire aussi les Conseillers municipaux. Nous avons essayé d'être à la hauteur. Ils nous ont pris au sérieux. Et je pense que, pour une première ensemble, le résultat est significatif. Bien sûr, il ya aura des choses à se dire, mais rien de négatif. Et nous aussi, avons été très touchés de leur présence. Et il ne s'agit pas seulement d'un soutien parce qu'il y avait un public. Le soutien et la présence sont là depuis que nous avons envisagé de développer le Grand Baz'Art ensemble. C'est vraiment un engagement.  


Michel Smolec, Mickaël Bethe-Sélassié et Jeanine Rivais
Michel Smolec, Mickaël Bethe-Sélassié et Jeanine Rivais

J.R. : A votre avis, quelle a été la densité de spectateurs cette année par rapport aux années précédentes ? 

J-L.B. : Aujourd'hui, plus que d'habitude. Mais hier, avec la chaleur écrasante, nous avons eu un peu moins de monde. Mais nous avons fait deux fois le tour de tous les sites qui accueillaient des artistes du Grand Baz'Art, et nous avons constaté que les rues également étaient désertées. Les commerçants ont trouvé que la quantité de clients était faible. En raison de la forte chaleur.

Mais, vu le nombre de dépliants qui nous restent,  je pense que nous avons largement dépassé les 2800 visiteurs. 

 

J.R. : Donc, c'est bien ! 

Et puis,  diriez-vous que la fréquentation a été la même ou différente ? Le même public ou un public différent ? Surtout des promeneurs et pas forcément des visiteurs concernés ou des acheteurs ? 

       O.A. : Il y a eu les deux, en fait. Nos avons eu des visiteurs venus de loin. Même de très loin. Qui connaissent le sujet et qui avaient déjà leurs favoris. Qui avaient vu sur Internet notre liste d'invités. Cela existait déjà à Bézu, mais ici il y a eu un très grand nombre de gens qui découvraient cet art. Et c'était très satisfaisant de regarder le moment où se produisait cette découverte. Regarder sur le visage des gens ce moment de surprise, d'émerveillement, parfois de choc, parfois de rejet. Au premier regard, ce n'est pas toujours le sourire. Mais tant que les gens ne sont pas indifférents, nous pensons que c'est gagné.  


J.R. : Y a-t-il des sujets que je n'ai pas évoqués et dont vous auriez souhaité parler ? 

J-L.B. : Oui, je suis "extrêmement fâché" qu'après m'avoir dit pendant six ans que les artistes n'étaient pas présentés dans l'ordre alphabétique, pour une fois qu'ils le sont, vous ne nous en ayez pas parlé ! 

O.A. : En effet, Jean-Luc me disait avant : "Nous allons voir ce qu'en dira Jeanine" ! Et vous n'avez rien dit ! 

J.R. : C'est parce que je n'ai pas encore travaillé avec le catalogue ! 


CET ENTRETIEN A ETE REALISE DANS LA SALLE D'EXPOSITION PRINCIPALE DU GRAND BAZ'ART A GISORS, LE DIMANCHE 5 JUILLET 2015.


Certaines photos sont de JP Régnault. D'autres de Michel Smolec.