GRAND BAZ'ART A BEZU 2014
Festival international d'art singulier contemporain
PRESENTATION D'OANA AMERICAI
La sixième édition du Grand Baz’Art à Bézu, festival international d’Art Singulier Contemporain, confirme sa vocation cosmopolite avec une invitée d’honneur enfant du monde et des œuvres d’art provenant de dix pays.
Ody Saban est l’invitée d’honneur de l’édition 2014 de ce festival qui justifie pleinement l’adjectif "international". Les voyages fantastiques de ses navires vivants sont mis en scène, tout comme les cartographies sur toile de ses pays fabuleux avec leurs habitants sortis des rêves et des cauchemars, les mythes à la fois inventés et primordiaux, racontés dans un langage fortement symbolique, au centre desquels on trouve toujours la Femme. Pas Eve, la soumise, le produit secondaire extirpé de la côte d’Adam, mais Lilith, la Première, parfaite, libre et égale de l’homme, bannie des écrits "orthodoxes" et de la mémoire collective par les patriarches, voir même répudiée dans les rangs des démons. Dans les toiles d'Ody Saban, militante féministe de toute une vie, Lilith regagne sa dignité et sa noblesse. Le Grand Baz’Art à Bézu est fier d’avoir comme artiste-phare de l’édition 2014 cette créatrice vigoureuse, fortement inspirée et talentueuse, qui s’intègre parfaitement à la suite d'Yvon Taillandier, André Robillard, Danielle Jacqui, Louis Chabaud, Christophe Ronel, invités d’honneur des éditions précédentes ; tout comme dans le cortège des créateurs bruts et marginaux présentés à la Halle-Saint-Pierre, dans l’exposition-événement "25 Years of Raw Vision", dont elle fait partie.
Aux côtés d'Ody Saban, le festival montre les œuvres des vingt artistes tous présents, parmi lesquels le public peut retrouver le noyau dur des "habituels" qui apportent chaque année la garantie de la qualité de leur travail, tels Roland Bideau, Laure Ketfa, Marcel Benaïs, Jean-Pierre Faurie et Hubert Duprilot ; mais aussi découvrir des jeunes talents, surgis de la culture underground, du punk et du fanzine, tels Sébastien Lorraine et Julia Judet, dont c'est la première exposition dans un milieu "singulier". Entre les deux extrêmes, le public va retrouver ou rencontrer pour la première fois des noms incontournables du singulier contemporain, tels Marilena Pelosi (Brésil), Jeantimir Kchaoudoff, Julia Sisi (Argentine), Dan Casado (Argentine) et Catherine Ursin, ou ceux qui réclament leur place amplement méritée dans cet univers, tels Sandrine Lepelletier, Tatiana Samoïlova (Russie), Daniel Faivre et Djihem.
Présent l’année passée en tant que commissaire de l’exposition invitée "Frenchtown Outsiders", l’Américain Dion Hitchings revient cette année exclusivement en tant qu'artiste, montrant plus son propre travail éclectique, originel, multiculturel. Un autre retour-surprise est celui de Jérôme Bouscarat, la "sensation" de l’année passée.
L’amour de la vie, les couleurs éclatantes, l’humour, les envolées grande-vitesse de la fantaisie, la joie et le jeu, tout cela exsude des œuvres de Yagdom ; ainsi, l’hommage que nous rendons à cet artiste exceptionnel se garde bien de laisser transparaître la tristesse de son départ.
L’exposition-invitée de cette année peut sembler un choix quelque peu surprenant : il s’agit de Naïfs de l’Est, une exposition d’Art naïf est-européen, comme l’indique le titre. Elle vise premièrement à mieux situer l’Art singulier par rapport à ses genres proches, mais aussi à montrer les œuvres des créateurs situés à la frontière de l’Art brut et classifiés comme Naïfs faute d’un terme plus correct, car la constellation conceptuelle des arts marginaux est très peu connue dans l’Est. Sans doute, le meilleur exemple présenté aux Grand Baz’Art à Bézu de cette nécessité de re-catégorisation est Nikifor, connu des lecteurs de Raw Vision comme un grand Outsider. D’autres exemples nous viennent de Pologne, Slovaquie, Serbie, Roumanie et Bulgarie, au total une cinquantaine d’œuvres, à la fois différentes dans leur esthétique et leur thèmes, et très évocatrices d’une certaine spiritualité partagée.
Une autre présence inédite cette annéeest celle du groupe de création encadré par les animateurs de l’Association des Parents et des Amis des Personnes en Situation de Handicap (APAPSH) de Gournay (76) qui montre la fabuleuse scénographie étonnamment "bourbonnaisienne" créée pour les représentations de la Compagnie d’Art Lyrique "Les Voix Lactées".
En plus, comme chaque année, une nouvelle Terre-à-Toto –l’œuvre à dix mains qui est l’emblème du festival– est exposée, ainsi que les projets collectifs à but caritatif, la Bézubanq –la plus grande banque du monde- et ADADA –le haras fantastique, bien connus des fidèles du festival-.
Durant ce vernissage qui vient de débuter, un jury composé, entre-autres, de Jeanine Smolec-Rivais et Nadine Servant, décernera les Osk’Art, créations originelles du maître verrier Francis Lefèvre pour le Grand Baz’Art à Bézu.
Samedi et dimanche le public passionné pourra déjeuner ou dîner en compagnie des artistes, sur réservation.
Vivons donc tous ensemble, ce weekend de vibrations positives, de découvertes culturelles et humaines, d’animations surprise, d’amitié au-delà de la géographie et des étiquettes, de solidarité et de bénévolat et, surtout et avant tout, de "vivre l’Art" ; dans la petite commune de Bézu St Eloi, à cinq km de Gisors.
ENTRETIEN REALISE LORS DU GRAND BAZ'ART A BEZU, LE 7 JUIN 2014.