LES ASSEMBLAGES-"RECUPS" DE FREDERIQUE HEMMERT-JACOB
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"Ecoutez, que je vous le rapporte… Qu'importe les vieilles branches mortes qui se fracassent et que les troncs jadis frappés par la foudre éclatent en rendant le bruit du tonnerre d'autrefois ?" (¹)
Il importe si bien qu'à notre époque où se sont quasiment taries les décharges naguère tellement pourvoyeuses d'objets du quotidien rejetés par des inconnus et récupérés par des artistes, une constante semble caractériser l'œuvre de Frédérique Hemmert-Jacob : la volonté de n'utiliser que des objets de récupération. Quels que soient les lieux où elle les glane, elle les restitue non pas comme des objets cassés, mais burinés, patinés par le temps, témoins de vies également finies ou changées, dotés d'une puissance résiduelle suffisamment évidente pour l'influencer, l'entraîner dans des associations inattendues, inventer des rythmes nouveaux, associer harmonieusement des éléments disparates, partir en fait de l'éphémère pour parvenir à la pérennité.
Mais cette pérennité n'est-elle pas d'ores et déjà compromise ? Combien de temps encore trouvera-t-elle les boules, chaînes, statuettes pour réaliser ses mondes stellaires ; ses portes et ses barres métalliques derrière lesquelles emprisonner quelque "Little boy" ; ses espaces/cadres dans lesquels encastrer ses Fanny ; érotiser ses filles légères ; ou tout simplement jouer des couleurs de tiroirs ou de planchettes "ornées" de fils de fer voire barbelés ou de voiles légers ? "Oser", en somme, ce petit mot audacieux qu'elle répète à diverses reprises, et dont elle semble avoir fait sa devise.
Lorsque toutes ces richesses qui font les petits bonheurs de Frédérique Hemmert-Jacob seront enfouies, où sentira-t-elle les ondes auxquelles elle est sensible, pour recréer à travers l'histoire des autres, sa mythologie personnelle ? Souhaitons-lui quelque répit ! Et que, longtemps encore, elle puisse ramasser, collecter, glaner… voir la beauté là où elle n'est pas forcément visible.
Jeanine RIVAIS
(¹) Georges Ribemont-Dessaignes ("Le règne végétal")
TEXTE ECRIT SUITE AU BIZ'ART FESTIVAL 2016 DE HAN-SUR-LESSE EN BELGIQUE.