L’EXPOSITION AUTOMNE 2024 AU HANG’ART DE SAFFRÉ

*****  

En cette mi-octobre 2024, même les dieux étaient en accord avec la convivialité du Hang’Art, puisque la pluie qui avait sévi toute la matinée, s’était arrêtée, permettant au public très nombreux comme à l’habitude, de visiter la nouvelle exposition, et bavarder sereinement dans le jardin ! 

La règle du jeu, cette fois, consistait à n’exposer que des artistes nés avant 1945. Et même, pour l’humour, d’y inclure deux centenaires ou presque. Sans parler d’un intrus dont les œuvres étaient largement visibles au milieu de celles des artistes singuliers. Et voici les douze qui, en cet automne, formaient le nouveau groupe d’exposants. Au lecteur qui a rencontré là-bas convivialité et ART, de trouver qui sont ces trois artistes 

 

GUSTAVE CAHOREAU (1929-2022),

 SES DESSINS ET SES SCULPTURES

             Fils d'ouvrier agricole, Gustave CAHOREAU naît le 16 août 1929 à Neau en Mayenne. De son court passage à l'école communale, il ne garde aucun souvenir excepté celui du dessin : « J'étais champion ! ». Il a dix ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate ; elle le traumatisera durablement. Dès l'âge de treize ans, il est placé comme domestique dans les fermes de la région, emploi qu'il occupera toute sa vie. En 1963, son père meurt accidentellement. C'est à cette période qu'il commence à ramasser et sculpter des pierres et des racines. Il approche alors de la quarantaine et la nécessité de créer ne le quittera plus. 

Au printemps 1986, Madeleine Lommel et Michel Nedjar, fondateurs de la collection d'art brut L'Aracine lui rendent visite. Ce sera le début de la reconnaissance du travail de Gustave par les musées d'art brut en France, mais aussi en Suisse. 

En 1998, Gustave entre à la maison de retraite d'Évron (53). Il lui est de plus en plus difficile de sculpter le bois. Il va alors se lancer dans le dessin. Gustave décède le 16 octobre 2022.     Michel Leroux

 

… Bien que n’ayant presque jamais fréquenté l’école, son instituteur lui fait un jour cadeau d’un livre de sculptures nègres. Et comme il est enfin chez un bon patron, il peut se mettre à travailler le bois. Commence alors une succession de récupérations d’objets ruraux, chevrons, segments d’outils… A partir desquels il va créer des totems aux lourds visages taillés dans la masse, les yeux gravés à peine, mais le nez et la bouche en relief ; des animaux ; des profils humanoïdes…, dont L’Aracine dira : « Paraissant tous semblables dans leur extrême simplicité, chacun pourtant porte sa différence. Autant de Dieux qui veillent dans le silence et la solitude de ce petit homme frêle et timide ». C’est qu’en effet, si tous sont sciés et découpés, la réalité transparaît toujours : le ventre de l’ourse en train de fureter s’arrondit jusqu’au sol ; les caractères négroïdes de la femme sont indubitables, le berger se dresse entre ses échasses ; le chapeau plat à visière orne bien des têtes masculines. Et des portraits sont rendus plus vivants par des surlignages des détails avec des couleurs ocre plus claires…

Pour le texte complet, voir http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART BRUT.

 

********************   

 

FRANCOIS CHAUVET

LES PETITS BONSHOMMES /TETES DE FRANCOIS CHAUVET, peintre

          Enseignant pendant 18 ans. Puis 24 ans auteur, décorateur, metteur en scène, comédien en tournée sur toute la France. 9 créations pour le jeune public dont la plupart tournait autour des arts plastiques. Pendant tout ce temps, François Chauvet a travaillé en parallèle dans son atelier, accumulant des réalisations plastiques. 

A ouvert à l'automne 2007 le Hang-art : un espace d'exposition, en milieu rural, dédié à l'art singulier. 

« François Chauvet vous pouvez le rencontrer sur le chemin, l'oeil brillant, courbé comme un glaneur, s'arrêtant à chaque pas, s'émerveillant de toute chose, ramassant brindilles tordues et racines séchées, cailloux divers, morceaux de briques ou de tuiles dans le but d'alimenter le stock de ses créations futures... Tous ces riens, ces objets sans valeur, promis à l'oubli, à la désagrégation poussiéreuse ou à la pourriture sans cette rencontre inespérée, deviendront par transfiguration une chair nouvelle capable de reconstruire un monde à la destinée moins vaine ».  Rémy Le Guillerm 

 

… Ainsi, comme il est dit plus haut, clef de voûte de cette iconographie, ces petits êtres sont toujours dépourvus de corps. Comme si, pour le peintre, seules comptaient les têtes ; ce qui expliquerait pourquoi elles sont généralement posées solidement sur une amorce de cou. Ou, si l'amorce est inexistante, (comme c'est souvent le cas), elles se tiennent néanmoins bien droites sur leur base. Conçues, en dépit de tous les questionnements, avec tant de certitude, que chacune est chantournée sans hésitation d’un unique trait de pinceau ; sans qu’il soit possible d’en déterminer le point de départ : arrondissant ou rentrant l’ovale des joues ; affirmant leur assurance avec leur menton carré ; gominant les maigres chevelures brunes, blondes ou rousses… Pas d'oreilles, de peur de rompre la linéarité de leur contour, peut-être ; ou comme si le visage en gestation devait naître centré sur lui-même, n’avoir pas vocation à "écouter" l’extérieur (ce que contredisent les yeux, d’où un paradoxe a priori). Et puis, presque rien, sauf les yeux justement, dotés d'une seule possibilité directionnelle… Un nez, parfois filiforme, en V inversé, en triangle inachevé, quasi-réaliste parfois… Et la bouche, petite, aux commissures toujours relevées pour affirmer que tous sont réjouis, qu'au pire ils réfléchissent et la bouche est alors parfaitement horizontale ! Car il s’agit chaque fois pour François Chauvet, avec ces traits rudimentaires, cette grande spontanéité ; cette discrétion et cette immutabilité absolues ; cette absence radicale d’effets spectaculaires ou fictifs, de rendre perceptibles à l’instant, leurs états psychologiques…

Pour le texte complet, voir http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER

 

********************  

 

Michel HENOCQ

ENFERS ET DAMNATIONS ou MICHEL HENOCQ, peintre

Né en 1938, vit et travaille à Angers 

« Je ne suis pas un artiste con-temporain, je suis un artiste a-temporain. Je ne peins pas pour passer le temps. Avec ce mode d'expression, je me remets en cause à chaque nouvelle œuvre, opposé en cela à toute peinture artisanale dans laquelle l'artiste refait avec application les gestes qu'il connaît. Fabriquer n'est pas créer. 

Je ne vis pas en dehors de mon époque. En tant qu'artiste je ne puis me contenter défaire de l'art pour l'art, une peinture qui se situerait hors du temps. Ni voyeur, ni moraliste, je tente par une figuration singulière faisant appel aux sources des hantises de l'inconscient collectif et à des allégories obsessionnelles, d'exprimer mes colères face aux absurdités présomptueuses du monde. Non sans délectation ! 

Je revendique une peinture d'images. Je revendique le droit d'exprimer ce qu'il y a en moi ! Le droit de raconter des histoires. 

La peinture appelée à tort « abstraite » a fini par tarir l'imagination, l'idée, le sujet, pour se réduire à l'objet décoratif, acceptée et de bon ton, parce qu'elle ne pose pas plus d'interrogation que le canapé, le lampadaire ou la broderie Miao rapportée du voyage en Chine. L'académisme aujourd'hui a changé de bord. Michel Hénocq

 

… D’explorations en rejets, d’impossibilités mentales en avancées psychologiques, Michel Hénocq est parvenu à ce monde des interdits qui le fascinent et qu’il voulait "dénoncer" sans les "dire". Il lui fut bientôt évident qu’en cette progression dans la gravité, s’il ne voulait pas tomber dans les scènes sanguinolentes ou tout à fait sinistres, il devait à tout prix préserver l’humour, la connotation dérisoire du tableau. Jusqu’à ce qu’enfin, il acquière la certitude d’avoir atteint le but qu’il traquait. Il s’est alors intéressé au thème d’" Héloïse et Abélard" : Travail manichéen, en noir et blanc, dont le baroquisme tenait à la débauche de détails, à la curieuse façon de camper ses personnages tout à fait irréels ; d’une laideur repoussante ; aux corps liés, suspendus dans le vide comme des météorites hurlantes qui graviteraient au-dessus d’un non-lieu, dans un non-temps ; parmi des cailloux également en lévitation, et des arbres éperdus de vent. Et, alentour, une frontière composée d’un monstrueux bestiaire d’hommes/bêtes ou de bêtes/hommes ?

Des légendaires amoureux tués par la bêtise et l’intégrisme, à l’"Apocalypse », il n’y avait qu’une centaine d’œuvres que Michel Hénocq a franchies allègrement. En une nouvelle bouffée de personnages intemporels, de scènes allégoriques, d’alliances de teintes hautement symboliques… Non pas une histoire linéaire, mais des sortes de flashes où l’artiste joue des lumières avec tout son talent et son grand savoir-peindre ; pour rendre plus infernaux les montagnes qui avalent la foule des "méchants" et les abysses où se concentrent les tourbillons de la damnation…

Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/  Rubrique  ART CONTEMPORAIN

 

********************

 

JEAN-FRANCOIS JOGUET 

LES GLANES SINGULIERES DE JEAN-FRANCOIS JOGUET

Jean-François Joguet sculpte depuis une cinquantaine d'années le bois. 

Il s'est attaqué aussi à la Pierre Bleue de la région de Nozay et a constitué dans son jardin un véritable parc de sculptures, situé à deux kilomètres du Hang-Art. Les bois qu'il utilise ont déjà vécu, ont déjà été œuvrés par l'homme : poutres de maisons, traverses, montants de portes, rayons de charrettes. Depuis près de quarante ans, il sculpte des bois de bouchots ramassés sur les plages de son enfance, en baie de Saint-Brieuc. François Chauvet

« Très nue, très belle, la baie de mon enfance en Bretagne est devenue autrement belle, plantée de milliers de pieux, cultivée. Après des années de service, usé par le travail des hommes, rongé par la mer, arraché à la tangue, le bois d'épave est maintenant à la côte, coincé dans les rochers ou abandonné parmi les goémons. Beaucoup de temps, c'est sûr, à tourner tout autour, avec tout au fond et de très loin ce désir de tout dire... mais comment dire sans abîmer. Voilà, les veilleuses sont là, debout ; maintenant à vous de dire... »  JFJoguet2007 

 

… Le sérieux apporté à cette création n’a pas empêché l’artiste de travailler sur le mode ludique. Ainsi, personnalisant l’ensemble de ses œuvres, il en fait de vrais bouquets aux tiges droites ou incurvées, dont les corolles s’ouvriraient. Il façonne ses trouvailles en piquets suivant la forme de la branche les laisse presque à l'état d'ébauche, -en somme, c’est le bois qui décide- se contentant d'enlever à la gouge de minuscules copeaux ; jusqu’à l’extrémité qui va devenir une création la plupart du temps masculine. Il burine finalement de petites têtes ovales, faisant saillir les pommettes, étirant les yeux en deux fentes, mettant le nez droit en relief, et creusant la bouche qui, toujours, crie ou chante, continuant parfois par une possible barbe qui donne au visage un air dur et inamical. Puis, invariablement, désireux de conserver la longueur initiale, se dresse au-dessus de la tête, un bonnet très haut par rapport à la taille du visage, quelquefois biscornu lorsque le bois est particulièrement érodé ! Pas de membres. En somme, Jean-François Joguet est un créateur de têtes de bois !...   

Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER

 

********************  

 

ALAIN LACOSTE  (1935-2022)

QUOTIDIENS ET FANTASMAGORIES DANS L’ŒUVRE D’ALAIN LACOSTE,

 Peintre-sculpteur

Né en 1935 à Laval, Alain Lacoste devient professeur d'histoire et géographie. Il enseigne sans grande conviction dans le nord de la France (Béthune). Des problèmes familiaux s'ajoutent à son mal être professionnel. Il subit alors une lourde dépression psychologique. « Mon premier rendez-vous avec la dinguerie a été bref mais décisif, la folie s'est logée dans le compartiment bricolage de mon cerveau. Et de là, elle a squatté le reste. » 

D'abord attiré par l'écriture, il commence à dessiner et à peindre de façon assidue au début des années 70. Suite à son retour en Mayenne, où il a en charge les finances du Conseil Départemental, il se lance dans une production artistique singulière ... Sa rencontre avec Robert 

Tatin, en 1980, sera révélatrice de sa nécessité impérieuse de créer. 

Pendant les trente années qui vont suivre, Alain Lacoste va développer une œuvre foisonnante et bouleversante, en exploitant l'imprévu dans des matériaux de récupération qu'il glane ici et là (bois morts, galets, vieux tissus, etc.). « Je joue avec le hasard. Je le cherche. Mon travail est résolument anecdotique. Il est l'équivalent des journaux intimes. Sans trop l'avoir cherché, j'ai raconté toute ma vie. » Francois Chauvet

 

     … Car chaque tableau EST une narration : une histoire fantasmagorique, mythologique, ethnographique, littéraire ou cinématographique ; profondément ludique sous ses dehors sérieux. Des péripéties où les personnages sont parfois sagement inscrits dans l’espace anonyme qui leur est dévolu ; mais affectent le plus souvent d’être en lévitation, de n’obéir à aucune gravité ; transgressant leurs limites, pour conquérir des territoires qui ne leur seraient pas d’emblée impartis ! Indisciplinés donc. Aventureux. Et puis, autre originalité, et même si parfois l’artiste « s’exprime à plat », ils sont en saillie, comme si la troisième dimension participait de ces « émancipations ». De sorte qu’il est difficile de préciser –mais quelle importance ?- si les œuvres d’Alain Lacoste sont des peintures en reliefs, ou des sculptures plates ; puisque peintures et sculptures conçues en des couleurs vives associées en d’audacieux contrastes, s’élaborent simultanément, se complètent, s’interfèrent ; le ciseau et le pinceau travaillant « ensemble », à les combiner pour y générer des moments psychologiques forts.

Le créateur recompose/colle/peint ces petits êtres sur la toile, les organise en des « scènes » appartenant à l’imagerie populaire, du temps où bêtes et gens se comprenaient, se parlaient, avaient en somme des rôles de semblable importance. En conséquence, elles le ramènent (et avec lui le spectateur jubilant) aux lectures de son enfance, à de patibulaires truands ferraillant, cache sur l’œil, épée et coutelas en action, échappés nul ne sait d’où ; à des enfants irrévérencieux tirant la langue, lancés dans d’homériques bagarres ; à de redoutables griffons menaçant quelque brave explorateur ; à Jonas sortant de la baleine dotée de quatre énormes pattes… 

Pour voir le texte complet : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER.

 

********************  

JACK LAMY 

LES PEINTURES HYPERRALISTES DE JACK LAMY

Né en 1944, vit et travaille à Saffré, 44

Jeune, il aimait dessiner. De ses deux années passées à l'école Boulle, il y a près de 60 ans il a gardé la rigueur technique et l'amour du travail bien fait. 

Ses activités professionnelles l'ont un peu éloigné de la création, mais retraité, il a repris les pinceaux. 

Souvent pour son travail, il part d'une photo qu'il a prise lui-même ou d'une image trouvée dans une revue pour réaliser des peintures très réalistes. 

Son travail ne correspond pas à ce que nous présentons habituellement au Hang-Art et c'est pour cette raison qu'il est l'intrus invité de cette expo 35. François Chauvet 

 

     … En effet, il travaille longuement ses toiles, y campe un dessin absolument réaliste à partir duquel la peinture assure les contrastes de forme et de couleur, au service de la “description” de l’objet, du paysage, ou du personnage, placés en avant-plan, et conforte la “solidité” plastique de l’œuvre. Ainsi mis  en scène, ce premier plan dégage paix et sérénité, intimité et convivialité, ou au contraire force et pugnacité : Ici, traumatisé par les dégâts causés par des manifestants à l’Arc de Triomphe, il reprend avec une précision incisive le visage du moulage de plâtre du « Départ des Volontaires de 1792 », la chevelure ciselée, les sourcils froncés, l’énorme trou défigurant ce visage hurlant ; ailleurs ce sont de paisibles paysages qui ornent les cimaises : l’extrémité d’une île se reflétant dans l’eau, la scène éclairée par une lune énorme au niveau de l’horizon ; les lampes d’une double rangée de réverbères rendues diffuses par la pluie se reflètent dans une rivière, tandis qu’un vague monument bouche au loin le paysage…

Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART CONTEMPORAIN

 

********************  

MONIQUE LE HINGRAT-VILLION

ENFANCE TOURMENTEE ; ET PEURS EXISTENTIELLES

DANS L’ŒUVRE DE MONIQUE LE HINGRAT-VILLION, peintre

Née en 1944, vit et travaille à Cudot 89 

« D'aussi loin que je me souvienne, mon enfance a été bercée par le mouvement de la vie- autour de la mort. Nous étions des enfants des « Pompes » (Funèbres) ; tâche exercée avec ferveur et fierté par mon père. Ordonnateur. J'ai vécu dans les fastes mortuaires. Spectacle merveilleux des voitures à chevaux empanachés de noir et argent. Couronnes de fleurs fraîches. Tentures théâtrales dressées pour les voyages vers la lumière. Symboles chrétiens, exvotos, éléments végétaux, portraits de fa mil le et culte des souvenirs seront le lot de mon quotidien. Repères dressés pour préserver et projeter le passé vers le futur dans une immortalité lumineuse... Très tôt me vint l'idée, confuse encore, d'offrir une vie éternelle aux rebuts dérisoires ; je construisais avec ceux-ci mon monde de joie et de magie. Et au fil des jours je me suis appliquée à faire renaître le passé de ses cendres. C'est un bonheur dont je ne me lasse pas ! J'ai le désir profond de renouer les liens avec les ancêtres à travers les vestiges de leur vie, de juxtaposer leurs reliques disparates afin défaire surgir de mon monde intime un chemin vers la lumière. » mleh 

 

          Parallèlement, a disparu le faste des monuments qui devaient paraître à l’enfant immenses et effrayants. Ils sont devenus chapelles à l’échelle humaine, arcades branlantes auxquelles s’agrippent quelques plantes rudérales, châteaux en ruines, grottes fantasmatiques, etc. Des "restes" de splendeurs anciennes, abandonnés nul ne sait quand, ni pourquoi ? Baignant dans une atmosphère livide qui abstrait toutes profondeurs. Avec parfois, des chemins qui semblent s’en aller "vers". Mais vers où ? Aucun indice ne permet de conclure. Et même, ces possibles "ailleurs" s’avèrent illusion, puisque, immanquablement, ils se heurtent à quelque muraille latérale, se perdent aux marges du tableau. De sorte que chaque œuvre de l’artiste pourrait être un élément d’un film de Murnau, avec ses décors fermés, expressionnistes et glauques.

 Néanmoins, ces sites sont habités. Mais là encore aucune clé ne permet de deviner comment des "humains" sont parvenus en ces huis clos ? Qui sont ces créatures dépourvues de membres ; s’appuyant, de temps à autre, sur des ailes ? Aux visages figurés par de simples ovales entourés d’une auréole ? Aux corps à peine esquissés, désincarnés, réduits à leur ultime enveloppe, épiderme ou suaire ? Paradoxalement, dans l’esprit de Monique Le Hingrat-Villion, rien de religieux ne vient hanter ces lieux ; et ces êtres ne sont pas des anges ; même si, dans ces ambiances chargées de mysticisme, ils seraient parfaitement chez eux !...

  Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER

 

********************  

 

ADAM NIDZGORSKI

EN NOIR ET BLANC, et EN COULEURS : SI SIMPLES ET SI HUMAINES, LES PETITES CREATURES D'ADAM NIDZGORSKI, peintre

Adam Nidzgorski est issu d'une famille d'origine polonaise, il passe son enfance et son adolescence en France, puis en 1951, part pour Varsovie grâce à une bourse d'études. Il y reste jusqu'en 1956. L'art n'étant pas encore rentré dans sa vie, c'est par le sport qu'il s'exprime : il contribue notamment à introduire le judo en Pologne. Après un bref retour en France, il s'installe en Tunisie, où il exerce pendant dix ans en tant que professeur d'éducation physique à l'École d'éducation physique de Tunis. 

Adam Nidzgorski commence à dessiner à l'âge de trente ans. Véritable autodidacte, il ne reçoit aucune formation artistique. Les débuts sont difficiles : ses œuvres sont jugées comme maladroites, enfantines. Ses personnages sans oreille, sans perspective, étonnent et dérangent. Il expose pour la première fois en 1967, en Tunisie. 

Adam Nidzgorski ne travaille qu'un seul thème : la figure humaine. Ses personnages ont de grands yeux, au regard interrogatif, sur lesquels l'attention se fixe forcément en premier lieu. Ces yeux trahissent selon les œuvres joie, tendresse, parfois angoisse. Les traits simplifiés au possible et les couleurs très vives appellent un univers d'enfant. Les personnages bienveillants aux mouvements raidis s'enlacent les uns les autres sans cesser de dévisager le spectateur ; on trouve bien souvent une mère embrassant son enfant, rappelant les figures des icônes religieuses que Nidzgorski a côtoyées durant son enfance. François Chauvet 

 

          Puis, comme il faut bien se raccrocher à un peu d'humour, les individus créés par Adam Nidzgorski "suivent leurs nez", de gros appendices phalliques qui leur mangent le visage, pendent comme des points d'exclamation entre le crâne au cheveu rare et la bouche en "o" ! Tout cela dans des noirs profonds ou de belles couleurs qui corroborent l'humeur de ces protagonistes. Car l'artiste est un coloriste talentueux : même en noir et blanc, ses œuvres ont l'air d'être en couleurs : Il sait combiner d'infimes touches d'ocres pâles pour nuancer le blanc, des dégradés de gris pour ciseler le noir ; créer avec eux comme chez les poètes, des ruptures, silences, plages de repos lui permettant de s'isoler, prendre du recul par rapport à ses personnages... le contrepoint étant un véritable festival de cinabres et de carmins, d'indigos et de myosotis, d'ambres chaleureux ou d'oranges acidulés... en particulier lorsqu'il crée des tapisseries dont les grandes envolées l'emmènent inconsciemment vers son folklore polonais, des œuvres gaies, stimulantes à la fois pour l'esprit et le cœur. Leur charme naïf, l'élégance de la broderie qui détermine les visages, créent un stupéfiant travail recto chamarré comme une légende du jour explosant de couleurs, et un conte de la nuit où seuls les contours des faciès se dessinent sur le verso de toile bise !

  Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER

 

********************  

 

FRANCOIS RIEUX

SOUFFRANCE ET DESENCHANTEMENT de JEAN-FRANCOIS RIEUX,

Sculpteur/peintre de bas-reliefs

Né en 1944, vit et travaille à Caluire et Cuire, 69 

« Ma vie a toujours proche du trait et de l'illustration. Dès l'enfance ce fut les BD noir et blanc des héros de l'Ouest. Un peu plus tard, apprentissage en architecture, puis Le Service militaire au Service Géographique des Armées. Enfin une vie professionnelle passée exclusivement comme dessinateur cartographe dans un bureau d'étude (Région lyonnaise). C'est dans ce contexte que j'ai rencontré les cartons moulés (emballages de cartouches pour imprimantes) qui par leurs formes étranges et tellement diverses, ne cessent de m'inspirer. 

Parallèlement, avec deux amis artistes (Loren et Guy Dallevet) nous avons organisé la Biennale hors les Normes de Lyon (BHN). Cette aventure riche a duré pour moi une vingtaine d'années. » 

Ce n'est pas de la peinture, ce n'est pas de la sculpture. Mais c'est drôle, moqueur et poétique, iconoclaste et blasphématoire, grotesque et attendrissant. A partir de cartons d'emballage, comme déformés à coups de poing, cet artiste porte sur le genre humain un regard critique et impitoyable, mais avec ironie et bonne santé, humour et tristesse amusée. Chez J. F. Rieux, dans un bouleversement de formes originelles, les visages se métamorphosent en masques figés, impassibles, froids, détachés, qui jamais ne rient, dont les yeux clownesques, outrageusement orbiculaires et concaves rongent la face, prégnants, fascinants de fixité, comme un reproche, une accusation. Et les corps contrefaits, déformés, déjetés, monstrueusement drôles, renaissent marionnettes, pantins, bouffons, paillasses grotesques, histrions, pauvres simulacres d'humains dérisoires qui, sur le théâtre de la vie, jouent une comédie, plutôt une tragédie « aux cent actes divers dont la scène est l'univers. Charles Gourdon 

 

          … La plupart de ces êtres se résument à des visages et sont seuls. Mais s’ils sont associés à d’autres ("Famille"), tout se passe comme si l’artiste voulait présenter, à la fois tour à tour et dans leur appréhension globale, les différents états d’une même misère : parfois, ils sont de guingois, nez écrasés, dents apparentes en une sorte de rictus, yeux vairons exorbités (au sens littéral), peau couperosée de mille veinules vibrillonnaires. D’autres fois, il s’agit du même visage aux quatre temps de la vie : lisse et souriant ; un peu « attaqué » déjà ; aux rides accentuées en des lignes douloureuses de soucis ou de souffrances ; de plus en plus raviné jusqu’à n’être qu’un réseau de plis faciaux ; cependant que la bouche s’affaisse, et que les yeux se délavent… Mais ce qui est paradoxal, c’est que Jean-François Rieux semble prendre cette vie à l’envers : en tout cas, pour percevoir la logique de son cheminement, il faut lire ce tableau de droite à gauche. A moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de retour sur soi-même du personnage parvenu au terme de sa vie, et qui en remonterait le cours jusqu’au moment du premier souvenir ?... 

Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER.

 

********************  

 

GERARD SENDREY 

GERARD SENDREY peintre et muséographe

Gérard Sendrey fait carrière dans l'administration de sa ville natale Bordeaux puis à Bègles. Il a toujours dessiné et, à partir de 1967, décide de se consacrer quotidiennement à la création artistique. En 1980, ses oeuvres entrent dans la collection de l'Art brut de Lausanne. En 1989, soutenu par Noël Mamère, Maire de Bègles, il crée le Musée de la Création Franche, qui rassemble les propositions de créateurs ne s'inscrivant pas dans les schémas artistiques institutionnels. 

Artiste prolifique, Gérard Sendrey s'essaie à toutes sortes de techniques : encre de Chine, peinture, pastel et crayon, stylo bille ou calame (roseau taillé en pointe trempé dans une encre utilisée pour l'écriture). Attaché au support papier, il affectionne la création en série, déclinant les dessins comme autant de variations sur un même thème. Sendrey ne se veut ni artiste ni créateur mais se dit chercheur en art. Laissant son esprit et sa main vagabonder, il trace des formes hybrides et donne naissance à des animaux étranges et à des corps aux lignes enchevêtrées semblant ne jamais s'interrompre. François Chauvet

 

          C’est que la démarche de Gérard Sendrey est, elle-même, totalement ouverte aux gens “simples” ; une main tendue vers toute manifestation de ''l'art inventif des génies ordinaires". Et ce travail acharné, commencé bien avant l'époque où l'artiste fut découvert par Dubuffet, ne lui a sans doute pas gagné que du pain blanc ! Mais, désireux d'ouvrir de nouvelles pistes à des gens que l’art officiel n'appelle pas "artistes", il a créé à leur intention un musée “hors-normes", un lieu pour toutes les œuvres qui, d’abord qualifiées d’"art brut”, ont multiplié les vocations et sont devenues “Création franche", "Arts singuliers", “Art immédiat"... Il a appelé ce musée SITE DE LA CREATION FRANCHE (¹), devenu après des années "MUSEE DE LA CREATION FRANCHE" : une partie en est la GALERIE IMAGO qui présente des expositions de peintures et sculptures. Chaque automne, le musée organise une exposition appelée pendant des années "Les jardiniers de la mémoire" puis devenue "Visions et créations dissidentes". Il assure la publication de monographies, biographies... Le troisième volet de cet étrange endroit, le F.C.A.B.I. (Fonds de Création Artistique Brute et Inventive) est le dépositaire d’œuvres originales et magnifiques.

Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique RETOUR SUR UN QUART DE SIECLE D’ECRITURES

 

********************  

 

UKEO

DE L’IMPORTANCE DE LA FRISE OU LES PEINTURES D’UKEO

«Je suis née le 13 décembre 1941 dans la ville papale d'Avignon, en pleine guerre, naissance programmée pour tenter de remplacer mon frère mort un an auparavant. Années sombres, premiers souvenirs faits de sirènes hurlantes, de bruit de bombes et.... de gribouillages au crayon noir sur les pages du Larousse Universel familial. 

J'ai longtemps habité de minuscules lieux. une, parmi les autres raisons expliquant mon goût 

pour un monde miniaturisé que j'assemble ou fractionne en histoires, qu'enfant, jamais vieillie, je continue à me raconter. 

Dessiner. Tout a commencé très tôt, le long des journées étirées d'hiver dans l'isolement où me tenait ma santé fragile. Eternelle apprentie j'ai hanté l'école des Beaux-Arts, les ateliers de décoration, de gravure et plus récemment de mosaïque... jamais rassasiée. 

Je vis entre vignes et pinèdes, dans la splendeur de la campagne aixoise. 

L'atelier est le lieu où le temps est suspendu et si sur mon chemin le hasard bienveillant m'amène des regards amis : c'est le bonheur assuré du partage. »Ukeo 

 

       … Il faut croire que l’imagination d’Ukéo est infinie, parce que cette frise peut être quasi-inexistante, cerner complètement l’œuvre, être au milieu du support générant ainsi deux vies ou groupes de vies, etc. Mais quelle que soit la formulation, son importance est capitale, et elle assure l’équilibre et la diversité de chaque création. 

          Est-elle presque inexistante, un large espace blanc subsiste autour du tableau qui comprend, perdu au milieu de ce blanc (ou gris, d’ailleurs), un personnage serré entre deux spatules médicinales (ce qui donne au visiteur la taille du tableau et crée un léger relief) ! ce personnage sur fond rouge vif peut être stylisé, donnant à la « femme » l’aspect d’une Alien, ou au contraire être presque réaliste, et elle est vêtue d’un costume folklorique et coiffée d’un képi. Mais ce sont alors les spatules qui garantissent la richesse de l’œuvre, peintes en noir, découpées en cases de tailles variées, dans lesquelles tentent de s’agiter (tentent car leur espace est réduit) d’autres personnages, des diables, un homme tenant une rose sous la lune, deux têtes prises en une querelle manifeste, un singe recroquevillé, que sais-je encore ? …

Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER.

 

********************

 

ROBERT VASSALO 

LA FEMME DANS TOUS SES ETATS, ou ROBERT VASSALO, peintre et sculpteur

Robert Vassalo est né en 1922 à Berréched, près de Casablanca, de parents français. Son père était employé aux chemins de fer du Maroc. Il obtient son brevet et apprend le morse puis commence à travailler en 1938 comme apprenti radio-télégraphiste sur le paquebot Chanzy de la compagnie maritime Transat. En 1939, il retourne au Maroc et devient comptable dans un garage à Port-Lyautey. En 1940, il est engagé dans l'armée française et fera la campagne d'Italie et de France de 1944 à 1945. Il est prisonnier en Allemagne, au cours de la guerre. 

Sans aucune formation préalable, il commence à peindre pendant sa captivité. A la démobilisation, il entre aux chemins de fer du Maroc jusqu'en 1961, date à laquelle il est rapatrié en France où il continue à travailler jusqu'à l'âge de sa retraite, en 1977. Ses premiers tableaux représentent des paysages qu'il voit depuis son lieu d'enfermement. Il exécute des peintures extrêmement colorées et des dessins de petits formats. De 1993 à 1996, il réalise cinquante sculptures en ciment : jeunes femmes, bustes d'hommes, famille, etc., dans une facture rustique. Robert Vassalo résidait près d'Auxerre, dans l'Yonne. Il est décédé le 8 janvier 2010. Son œuvre est présente dans la collection de La Fabuioserie à Dicy. François Chauvet

 

          Modeste, pourtant, sans qu'il y ait contradiction, comme s'excusant de ne pouvoir s'empêcher de peindre, puisque "tout se passe dans la tête !" N'envisageant pas d'exposer ses peintures, par contre, "parce qu'il faudrait les encadrer !" Timide, aussi. Content, vraiment, que l'on vienne à lui, parce qu'il est bon de sentir sur soi le regard des autres ; mais bien installé dans sa coquille ! Puéril parfois, "racontant" son histoire en Morse - sa deuxième passion, acquise à seize ans, lorsqu'il était marin - ; riant de bon cœur de l'air éberlué de son interlocuteur qui, bien sûr, n'y comprend goutte ! Et, dans le garage où ce créateur si convivial a entraîné ses visiteurs survenus inopinément, Robert Vassalo sort les multiples peintures qu'il conserve précieusement dans un coffre à bois ! Des paysages, d'abord, puis des femmes : des femmes dans tous les états possibles, se rendant au marché, à la plage, chapeautées ou en cheveux (toujours longs), provoquant un taureau, caressant un chien... Mais surtout, allongées, lascives et nues, parce qu'"il n'existe rien de plus beau que le corps ou le visage féminin !" A-t-il, ce faisant, le désir de peindre des fantasmes érotiques ? Non, car il a une conception très morale de son approche du nu !

Pour voir le texte complet, http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER.

 

Le HANG’ART / 10 le Moulin Roty, 44390 SAFFRÉ. Du 19 octobre au 12 décembre 2024. Ouvert weekends et fériés : 14h30/18h30.