Depuis des siècles, les mannequins ont fasciné les artistes, des plus grands aux plus obscurs. Chacun a pu admirer ceux, articulés et "humanisés" de Chirico… Plus près de nous, ceux, en trois dimensions,  d'Yvon Taillandier et de Badia illustrent la Collection Cérès Franco… 

Déjà, le mannequin nu attendant dans une vitrine les vêtements qui vont le recouvrir, exerce une étrange fascination sur le passant. Par la perfection de ses formes, par l'immobilité de son visage… Modèle à la fois vivant et impénétrable, il devient une sorte de substitut pour le "regardeur". Quant aux artistes, il devient le sujet-même de leur œuvre, parfois crûment réalistes, parfois drolatiques voire érotiques. 

          Les mannequins de Brigitte Vio ne sont jamais dans leur intégralité. Coupés en bustes, bras et jambes tronqués, ou jambes suspendues elle les peint tantôt de couleurs froides, allant des violines aux bleus et gris ; ou plus chaudes, de l'orange au jaune. Ou simplement recouverts de perles. Couturant les "pièces" tel un habit de Pierrot, elle veille à ce que chaque protubérance, poitrine d'homme ou seins de femme, capte la lumière.

Qu'est-ce qui peut motiver une telle récurrence ? Rêves colorés ? Fantasmes ? Fétichisme ? Pour cette artiste, comme pour tous ceux qui ont pactisé avec leurs mannequins, le mystère reste entier.

Jeanine RIVAIS

TEXTE ECRIT SUITE A L'EXPOSITION DE L'ASSOCIATION PRAZ-LES-ARTS A PRAZ-SUR-ARLY, DU 8 AU 17 JUILLET 2016.