IXe BIENNALE DES ARTTSSINGULIERS ET INNOVENTS

SAINT-ETIENNE 2024

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SALLE ANDRÉ CHAUVY : UNIEUX

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Pour la première fois, la ville d'Unieux, dans la banlieue de Saint-Etienne, prêtait sa salle des fêtes à la 9e Biennale des Zarts singuliers et innovants. Sous la présidence de Madame Boyer, l'association ARTUX, créée par le peintre Marcel Bouchet qui, hélas, nous a quittés, accueillait plusieurs artistes et plusieurs associations. Une foule immense participait au vernissage, au cours duquel fut servi un cocktail raffiné et très goûteux, bien que gargantuesque, entièrement réalisé par les bénévoles de l'association. Que tous en soient remerciés.  

Plusieurs artistes, dépendant directement de la Biennale, occupaient une partie de la salle qui semblait placée sous les auspices d'une sorte de moine étrange dont personne ne savait trop qui était le géniteur

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MARCEL BOUCHET  

 

Il était entré à quatorze ans comme apprenti à Firminy dans la Société des Forges et Ateliers du Creusot, devenu Creusot-Loire en 1970. À 20 ans, il était déjà ouvrier P3. Doué en technique et en art, il a commencé à faire des maquettes "du Design" sur les machines et à dessiner les coques des machines. Il était devenu le couturier de Creusot-Loire.

Ayant quitté le monde du travail, il avait conservé des spires de fer qu'il avait conjuguées pour en faire des tableaux, exposés en hommage lors de la Biennale. 

 

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DIDIER HAGBÉ

VOIR : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "L'AFRIQUE AU CŒUR DE DIDIER HAGBÉ" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ SAINT-ETIENNE 8E BIENNALE DES ARTS SINGULIERS ET INNOVANTS 2022. Rubrique FESTIVALS.

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          Lorsque Michel Smolec, poussé par les manifestations inconscientes de sa création, a quitté ses dessins pour en venir à des sculptures, il s'est intéressé à des personnages seuls, et plutôt grands.

          Paradoxalement, se posa d’emblée pour lui, le problème de la position des jambes. Car c'était elles qui allaient déterminer l’apparence du corps, décider s’il serait légèrement penché, un peu tourné, etc. Elles qui "amèneraient" la petite culotte noire… "Noire" parce que cette couleur véhicule tous les tabous sensuels du "vrai" monde ! Et lorsque la femme allait se pencher, ce petit derrière offert au regard serait coquin à souhait, et mignon à croquer !

          Et depuis lors, monte le galbe des fesses que l'artiste veut toujours bien modelées ; le ventre sur lequel la main passe et repasse, pour que l’arrondi semble appeler la caresse ! Viennent les seins, généralement menus lorsqu’ils sont nus ; mais plus volumineux, délicatement mamelonnés, lorsqu'ils sont vêtus, non pas étalés impudiquement, mais suggérés, à demi-cachés par le justaucorps au décolleté à balconnets, séparés par un bijou très simple qui en accentue les courbes. Les couleurs des terres que conjugue l'artiste confortent ces impressions, s’organisant peu à peu pour donner à ses petites créatures féminines, une vie, un mouvement ravissant.

          Et les hommes ? Longtemps, ils ont été "hommes" par le port de leur tête, par les cheveux très travaillés et hirsutes. Mais un jour, l’un d’eux est apparu avec un zizi ! Et il avait l’air d’un petit Eros se pavanant devant les dames ! Mais là encore, Michel Smolec préfère suggérer. Certes, parfois, l’un d’eux tombe la chemise et, pris de frissons, semble prêt à tous les excès de la chair… D'ailleurs, la chair, Michel Smolec la dévoile, en laissant ses personnages nus. Mais la plupart du temps, richement vêtus de costumes et bottines à boutons, ou de deux-pièces aux couleurs voyantes, crânes chauves ou coiffés de chapeaux chics ou de casquettes gouailleuses, ils sont les partenaires compassés ou ardents, des dames dévêtues ou si peu habillées… Se jouent alors des "approches", des "attentes", qui font sourire le spectateur, d’autant que les titres corroborent cette notion d’espérance et de complicité : En attendant, Vénus, Séductrice, etc. Et que l’artiste sait, avec talent, composer des groupes qui, en multipliant les "hypothèses" multiplient les joutes en suspens… Que d’aventures mutines, coquines, le long de cette œuvre !

 Jeanine RIVAIS

 

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RENÉ MATHIEU 

VOIR : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS : 6e BIENNALE des Z'ARTS SINGULIERS ET INNOVANTS DE SAINT-ETIENNE 2018

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          Bien qu'il les fasse souvent souffrir en fendant leur visage en deux, les dépeçant pour montrer les circonvolutions de leur cerveau, leur mettant une tête de loup au-dessus de leurs beaux seins, ne réalisant que la moitié de leur corps et montrant ostensiblement l'intérieur, ou leur faisant une vilaine moue de leurs lèvres lippues…, il est évident qu'Adam Sejdic ne s'intéresse qu'à des têtes humaines. Plus précisément, des têtes masculines ! 

           Parfois, pourtant, il sculpte un corps féminin magnifique, sans tête ni bras, certes, mais avec un beau tronc au galbe idéal, ventre légèrement arrondi, seins mamelonnés, et même pour faire bonne mesure, il ajoute des jarretières en dentelle au bord de l'amorce de jambes. Une partie de ces œuvres sont taillées dans la pierre, d'autres sont en résine, peut-être ? Et leur aspect parfaitement lisse atteste que, même s'il les maltraite, Adam Sejdic les peaufine, aime ce travail, sait tirer du matériau des œuvres dont l'aspect témoigne d'un grand savoir-faire, permettant au visiteur de prendre conscience de la cohérence manifeste de sa création, de la richesse de sa créativité. 

Jeanine RIVAIS

 

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          Danuta Bruyère est d'origine polonaise, vivant depuis plus de vingt ans en France. 

   Autodidacte, elle peint depuis de nombreuses années. Elle a mis au point une technique de peinture acrylique sur vinyle.

         Ses peintures très colorées reproduisent en les détournant des tableaux célèbres : La jeune fille à la perle de Vermeer buvant sa tasse de chocolat, face à Van Gogh qui, apparemment, s'ennuie à mourir ; la Joconde en blouson de jean enlacée avec un Michel-Ange vêtu d'un polo arborant "le Cri" de Munch, tous deux debout devant "La vague" de Kanagawa. 

 

          Ou bien, Danuta Bruyère imagine des scènes qui pourraient avoir eu lieu : "Dali pilotant une décapotable, avec Van Gogh à la place du passager, tandis que Gala se prélasse sur le siège arrière… 

      Parfois, délaissant les protagonistes connus, elle imagine des scènes de brousse où des singes armés de boucliers courent après un éléphant : peut-être pas si anonyme, au fond, car une telle scène pourrait figurer dans "2001 Odyssée de l'espace", sans Stanley Kubrick, cependant !  

Jeanine RIVAIS

 

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          Très active, l'association ARTUX organise régulièrement des expositions. Installée dans l'atelier de Marcel Bouchet, aujourd'hui décédé ; sous la présidence de Madame Boyer et l'attention bienveillante de Madame Bouchet, elle accueille chaque semaine, de nombreux élèves. 

          Lors de la "Biennale des zarts singuliers et innovants", les participants avaient décidé de présenter des œuvres toutes çonçues à partir d'une même technique, l'EMBOSSAGE. Avec, bien sûr, toutes les variantes que pouvaient créer les imaginations sollicitées. 

          Ainsi, cette association présente-t-elle cette technique : "Pour cette neuvième Biennale, Artux s'est essayé au travail de la feuille d'aluminium, en utilisant la méthode ancestrale de l'EMBOSSAGE qui permet d'embellir différents supports papier, carton ou bois à l'aide de motifs tamponnés d'encre et recouverts d'une poudre à embosser. L'outil utilisé s'appelle un embosseur ou pistolet chauffant et permet de figer l'encre et la poudre".

 

 

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          L'Ebru est l'art traditionnel turc, qui consiste à créer des motifs colorés en appliquant des pigments de couleur au goutte-à-goutte ou au pinceau sur de l'eau à laquelle on a ajouté des substances grasses dans un récipient, puis à transférer ce motif sur du papier. 

 Les dessins et les effets employés dans l’art du papier marbré sont, entre autres, des fleurs, des feuillages, des motifs ornementaux, des entrelacs, des mosquées et des lunes ; ils sont utilisés pour la décoration dans l’art traditionnel de la reliure. 

          Les praticiens utilisent des méthodes naturelles pour extraire les teintures des pigments naturels, qui sont ensuite mélangées à quelques gouttes de bile de bœuf, un type d’acide naturel, avant d’être déposées au goutte-à-goutte ou au pinceau sur une préparation de liquide épaissi, où elles flottent en formant des motifs bigarrés. 

          Les artistes, les apprentis et les praticiens de l’Ebru considèrent leur art comme faisant partie intégrante de leur culture traditionnelle, de leur identité et de leur mode de vie. 

          Leurs connaissances et leurs savoir-faire, tout comme la philosophie de cet art, sont transmis oralement et par la pratique dans le cadre de relations maîtres-apprentis. Il faut au moins deux ans pour acquérir le savoir-faire élémentaire de l’Ebru. 

          Cette tradition se pratique sans distinction d’âge, de sexe ou d’origine ethnique, et joue un rôle important dans l’autonomisation des femmes et l’amélioration des relations dans la communauté. 

          L’art collectif de l’Ebru encourage le dialogue à travers des échanges amicaux, renforce les liens sociaux et consolide les relations entre les individus et les communautés.

(Ce texte était proposé au visiteur et l'artiste lui proposait d'assister à une démonstration de son art).

          Malgré des difficultés de langage, Zeynep Karakurt recevait ses visiteurs de façon très conviviale, et à entendre ses explications, chacun pouvait comprendre qu'étudier l'Ebru puisse nécessiter de multiples répétitions acharnées ; et signifier pour les apprentis, rires, larmes, stress ; mais qu'une fois la technique acquise, vient le moment du plaisir de dévoiler son talent, et de sourire enfin ! 

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ASSOCIATION INSTANTS D'ART

          Ainsi, cette association se présente-t-elle : "Gens d'ici et d'ailleurs, qu'importe d'où l'on vient, qu'importe où on va, chaque personne a en soi son monde, son rêve, son art.

          Découvrez l'expression des artistes d'ici. Voyez la variété, la diversité, la multitude de ces univers si différents. Le monde d'expression artistique est un monde de liberté, de fantaisie, d'originalité. Quand vous aurez fait le tour, vous aurez vu que la richesse du monde, c'est sa diversité. 

          L'art est une rencontre, un dialogue, alors, profitez de cet instant d'art pour l'apprécier."  

 

BRYONE : Chacune de mes créations peut être envisagée comme un récit et le corpus des œuvres tout entières forme, par conséquent, un recueil cohérent. Si je suis la seule et unique détentrice de ces contes mystérieux, je propose à mon public d'enrichir ma narration, de la réinterpréter, en y projetant ses propres représentations. Mon message : je vous fournis une trame, à vous d'imaginer VOTRE propre histoire ! 

FATIMIR KOCI : De culture albanaise, il a laissé là-bas son atelier, mais pas son talent d'artiste. Il dessine, sculpte, admire Vinci, Michel-Ange et Maillol. Il reproduit leurs œuvres, mais il crée aussi des œuvres plus personnelles. 

HABIBOU MOGNE : De culture française, cette partie de la France située dans l'Océan indien, cette petite île voisine de Madagascar.  Acteur des centres sociaux, il aimait s'évader en créant des œuvres de Street-Art. 

Puis, au fil du temps, il s'est passionné pour le nouveau monde de l'informatique. Il gère maintenant un centre social, mais il crée aussi des œuvres numériques. 

 

MONIQUE TARIAN-FOREST : "Je suis autodidacte. J'ai toujours dessiné. Je me suis orientée vers le tachisme en m'inspirant du minéral, du floral et du végétal. Apposer de la couleur est important pour moi. Je travaille principalement avec des encres, de l'aquarelle, de l'acrylique et des feutres. Pour moi, l'art est là pour provoquer des émotions. 

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ASSOCIATION RENC'ART

          Nombreux étaient les participants de cette association à participer à l'exposition. Et, subséquemment, les sujets étaient diversifiés, parfois surprenants ! 

La plupart avaient apporté une œuvre. 

Perret / Abdechacourt / AVCM / Illi / Porte / Sivet / Soubeyran / Blanc / Collectif
Perret / Abdechacourt / AVCM / Illi / Porte / Sivet / Soubeyran / Blanc / Collectif

Mais certains proposaient une mini-série intéressante. 

MARC CROUZET et son étrange bestiaire composé d'animaux qui possèdent la tête et les appendices de leurs confrères terrestres, mais auxquels il manque toujours l'abdomen. Ils partageant le quotidien de non moins étranges humanoïdes aux formes suggérées plutôt que marquées. Des compositions étranges où se mêlent terres et éléments animaux. 

 

ELIANE CARTIER, sa musicienne, apparemment inspirée, jouant du violoncelle ; ou son adolescente nue pieds et débraillée, humant une des fleurs qui sont dans sa corbeille ; ou encore son très sophistiqué portrait de "Black Mamba", corsage croisé sur la poitrine, boutons et boucles d'oreilles bijoux/écrous ! Un beau travail de terres, une vision serrée sur chaque élément. 

 

 

CHANTAL DURIEUX : Mais qu'est-il arrivé à la famille Durieux, pour que tous soient enveloppés dans des bandages ? Apparemment, un accident grave, puisque ni les autres n'ont encore leurs bras, qu'ils ont des pansements autour de la tête dont les cheveux ont apparemment été coupés ! Mais, ils ont tous gardé leur oreille gauche ! A en juger par leurs airs, ils sont choqués : le père fait une vilaine moue, la mère a un petit sourire, l'air de ne pas y croire et elle plisse les yeux. Quant au fils, il a la bouche ouverte d'étonnement ! Et les deux personnages qui se trouvent dans la corbeille sont sains et saufs, puisque l'homme a une casquette et la femme est en cheveux !  Il y a tant de tendresse dans les œuvres de cette artiste qu'à son tour, le visiteur s'attendrit, et espère que la prochaine génération sera en pleine santé ! 

PATRICK CASETTO : Etrange architecture totalement verticale, constituée de petites maisons indépendantes, sans moyen de locomotion !!! L'artiste a-t-il construit son village pour que des mésanges ou des tourterelles y viennent nicher ? En tout cas, si le visiteur ne peut envisager d'y passer ses vacances, il peut admirer l'audace de cette idée, et l'humour indispensable pour l'avoir conçu ! 

 

SEPT A VOIR était signé RENCART CÉRAMIQUE, et se présentait ainsi : "Sept paires d'"oeil"… c'est a voir ! Voir l'esthétique de la céramique issue de la maîtrise des quatre éléments fondamentaux : la terre, l'eau, l'air et le feu. 

Retrouver, en scrutant la rétine de chacun, des valeurs encore possibles, contrastant avec l'état du monde actuel. 

Des paires d'yeux suspendues, renvoyant aux interprétations subjectives, aux incertitudes des regards qui se croisent, multipliant les expériences du sensible.

Voir, tout simplement, au travers de ces yeux, la beauté de la vie". 

En effet, ces yeux étaient beaux à voir, et l'ensemble était impressionnant. Mais une surprise attendait le visiteur : en s'approchant, il constatait que chaque iris était remplacé par un œilleton. Et dans chacun, il pouvait admirer un paysage urbain. Spectacle inattendu, sidérant ! 

Beck / Illisible/ Chalindar / Faure / Battard / Reynaud / Alirand
Beck / Illisible/ Chalindar / Faure / Battard / Reynaud / Alirand

 

          Et c'est ainsi qu'une année encore, s'achève le compte-rendu de la Biennale des Zarts singuliers et innovants.  Bonne lecture !