Salvador Dalì a écrit : "La différence entre les vrais souvenirs et les faux est exactement la même qu’avec les bijoux : ce sont les faux qui ont toujours l’air le plus vrai". Ne peut-on appliquer cette maxime aux créations miniatures lorsqu'elles naissent de l'esprit fantaisiste d'un artiste ? 

L'utilisation des maquettes est connue depuis l'Antiquité (en témoignent celles qui ont été retrouvées dans des tombes crétoises, égyptiennes, la plupart liées à l'architecture, aux arts militaires ou à la navigation). 

Depuis des décennies, Alain Brechbuhl s'adonne passionnément à l'infiniment petit sous forme de macro photos. Mais il s'attache également à réaliser des véhicules miniaturisés, construits chacun -grâce à ses talents de récupérateur-, d'une infinité de petits objets recueillis ici et là ! Et ce sont ces véhicules qui sont les plus spectaculaires ! 

Impossible pour le visiteur passant devant la table où trônent ces petites voitures, de ne pas s'émerveiller de la prouesse technique, l'esthétique de l'objet. Et la persévérance qui est la condition sine qua non  pour réaliser ces merveilles ! 

En même de temps, ces créations présupposent le goût de la glane et de l'exploration des matériaux, la connaissance des processus de réalisation ;  le "sens du faire" dans des dimensions inusuelles  : un intérêt passionné pour un tel concept ; et le désir de consacrer son temps sans compter, pour réaliser ces œuvres tellement proches de la réalité !  

Les petits véhicules d'Alain Brechbuhl ont d'autant plus de mérite d'attirer si fort l'attention, qu'ils sont tous vert-de-gris ou bronze foncé, des couleurs donc qui rappellent les sinistres souvenirs de la dernière guerre. Et se pose alors la question : Pourquoi l'artiste a-t-il choisi cette couleur ? Faut-il penser que les mondes miniatures qu'il crée le ramènent à des expériences remémorées ? Des "récits" personnels faits de nostalgie, de perte ? Ou n'est-ce que la volonté d'imposer ses créations par leur beauté formelle ? Qui sait ? 

                                                        Jeanine RIVAIS.

CE TEXTE A ETE ECRIT EN JUIN 2015,.APRES LE FESTIVAL DE MONTPELLIER, "SINGULIEREMENT VOTRE".