Elle, Elles… et Anne PhilomèneROLLIN

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Un visiteur propose-t-il à Anne PhilomèneROLLIN d'intituler l'ensemble de ses œuvres "La femme dans tous ses états", la réponse est non ! Et pourtant, son titre, "Elle, Elles" atteste que sa préoccupation est bien "La" femme et "Les" femmes ! 

Mais, cette première impression est, en effet, erronée ! A bien regarder ses compositions de bistres et bruns, il est évident que cette proposition tendant à étaler leurs nudités et en jouer, ne convient pas ! La femme seule cambrée à l'excès, entre des êtres monstrueux lourdement penchés sur elle ; celle allongée sur le dos, semblant, comme happée, pénétrer les pieds les premiers dans la bouche béante d'une grotte ? D'un individu chevelu ? Une autre encore, les cheveux épars entre deux silhouettes masculines aux mains griffues… ces femmes-là, pourtant idéalement galbées, ne songent pas à user de leurs atouts féminins pour charmer quelque personnage voisin ! Elles sont assujetties à ces monstres qui les entourent, une foule anonyme assistant au "spectacle". Et leurs expressions vont de la peur à la terreur à l'état pur ! 


Plus difficiles à "lire", mais se déroulant selon semblable scénario, sont les œuvres en noir et blanc d'Anne PhilomèneROLLIN, à l'encre de Chine, avec plumes, pinceaux, etc. Il semble bien que, dans ces œuvres d'une composition autre que les précédentes, l'artiste propose à chaque fois, un récit double, avec deux niveaux à considérer : Le "lieu" sorte de huis clos, et l"'aventure" subie par la femme. Composition étrange, donc, sorte de défi lancé au visiteur, qui consiste à rendre "lisible" ou au contraire difficilement lisible, voire illisible, l'histoire offerte dans le tableau. 

Ainsi, de l'œuvre intitulée "Spirale", dont le centre est un énorme escargot d'où s'échappe, en corolles successives, une sorte de corne d'abondance sur la coupe terminale de laquelle est allongée une femme, les yeux clos, paisible. Tandis que, près de la bouche de l'escargot, se trouve un personnage masculin de dos, accroupi, le visage entre les genoux ; son allure écrasée suggérant qu'il pleure ? Et, entre les deux, en filigrane dans le fond piqueté de milliers de minuscules points, un homme de dos, debout, nu. Qui sont ces trois personnages ? Quel rapport y a-t-il entre eux ? Entre la femme et l'homme accroupi, séparés par la partie antérieure du pied de l'escargot ? L'homme en filigrane personnalise-t-il le premier, ou est-il quelqu'un d'autre ? Un ami ? Un rival ? Et chemine-t-il pour rejoindre la femme ? Et, puisque parvenue au sommet de la spirale, elle est apparemment sereine, est-ce parce qu'elle a –finalement- "gagné", échappé au carcan dans lequel elle était enfermée ? 

Le visiteur pourrait ainsi questionner chaque œuvre. Comme "Escale" dont une sorte de coque semble en même temps un personnage chauve ; vu du dessus du crâne, tandis qu'une femme s'agrippe au bord du tapis qui supporte la scène, pour s'extirper de cette coque. Mais alors, que dire de son arrière-train, arc-bouté à l'opposé ? Puisqu'il lui faudra, à l'évidence, traverser à son tour, l'espace fermé de la coquille, est-il là pour asséner le fait que la "prisonnière" est loin d'être sortie de son enfermement ? 


Ainsi, d'œuvre en œuvre, Anne PhilomèneROLLIN suggère-t-elle des questionnements, des possibilités, mais aucune réponse ! Et à chaque fois, le spectateur se retrouve devant la bivalence de la femme : Violence de sa souffrance et acharnement à faire toujours plus pour s'arracher à la terrible difficulté dans laquelle elle se trouve ! 

Vu l'expressivité de telles créations, peut-on croire qu'elles ne sont que fantasmes d'une femme envers d'autres femmes imaginaires ? Ne serait-ce pas plutôt une façon éminemment personnelle d'exprimer son propre mal-être ? Là encore, la question reste sans réponse ! 

                                                         Jeanine RIVAIS.  

CE TEXTE A ETE ECRIT EN JUIN 2015,.APRES LE FESTIVAL DE MONTPELLIER, "SINGULIEREMENT VOTRE".