RENCONTRE AVEC JEAN-JACQUES RENAUD
*****
Lors de mes pérégrinations estivales de 1997, il était bon aussi de rencontrer Jean-Jacques Renaud qui, entre autres formes de mécénat, prodigue ses encouragements à un modeste restaurateur de Serrières : las de passer sa vie entre ses fourneaux, celui-ci a décidé un jour de l’éclairer un peu. Complètement autodidacte, n’ayant jamais vu d’oeuvres picturales originales hormis celles d’un voisin, JEAN-PAUL BASSET s’est d’abord -sans grand brio- essayé à la peinture. Insatisfait, il a commencé à créer des petites poupées-sculptures de papier mâché, qu’il habille lui-même de tissus, mais surtout de lambeaux d’écorces tombés des platanes de sa cour ; et, ce qui est plus original, il leur colle barbes et cheveux faits avec “le foin” des artichauts de son jardin ; donnant pour son plus grand bonheur, naissance à une création originale, hirsute et l’air sérieux, à laquelle il faut souhaiter bonne chance ! Quant à JEAN-JACQUES RENAUD, il œuvre de toute son énergie à créer un double lieu appelé à “contrebalancer les errances artistiques de la ville de Lyon ; et les querelles intestines en train d’en saboter le potentiel pictural”. Un ensemble destiné à jouer un rôle de tout premier plan dans le monde de l’Art : Propriétaire du château de Serrières de Trept, il a commencé à en aménager les vastes communs ; mettant au service de cette reconstruction son savoir-faire d’architecte et son bon goût d’esthète. Dans ce cadre magnifique, ombragé de tilleuls centenaires, dressant ses tours au-dessus de la campagne environnante, il va installer un "Musée des Arts et Traditions populaires" : Jean-Jacques Renaud collectionne en effet depuis des années, de nombreux objets du terroir, dont certains si beaux qu’une fois encore, apparaît la difficulté de distinguer “art” et “artisanat” ! Malgré le vol d’une partie de sa collection (bien qu’emprisonnés pour en avoir gardé quelques-unes chez eux, les protagonistes de ce larcin très important s’en sont tenus à la loi du silence, l’empêchant de récupérer les pièces dérobées), il possède encore assez d’objets pour que ce musée bientôt naissant génère nombre d’émotions fortes. Et puis, Jean-Jacques Renaud a acheté un peu plus loin, dans un magnifique village ayant gardé de nombreux caractères de la Renaissance, une grande maison également en réaménagement, et qui deviendra dans un proche avenir, le "Centre d’Art brut et Hors-les-Normes de Crémieu". Tout est à créer dans ce dernier lieu ! Mais son fondateur est très au fait des tendances multiformes de l’Art singulier vers lesquelles, comme vers toutes oeuvres chaleureuses, intimement liées à la psychologie de l’artiste, le portent ses goûts. Enfin, soucieux de la pérennité de sa double création, Jean-Jacques Renaud a institué une fondation qui possède déjà les bâtiments et, dût-il lui arriver malheur, gérera les collections. Nul doute, donc, que très vite, ce musée côtoiera avec bonheur, ses si prestigieux aînés ! Jeanine RIVAIS
JEAN-JACQUES RENAUD : Centre d’Art brut et hors-les-normes de CREMIEU (38460).