UN ANCIEN MEDECIN REANIME L'ART BRUT DANS SON CABINET DU FINISTERE
Par Martin RIEDLER
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Michel Smolec qui fouine souvent sur Internet, a découvert cet article sur ALAIN GUYOMARD.
Nous nous sommes alors souvenus d'avoir naguère rencontré ce passionné d'Art brut dans la petite galerie de Cérès Franco. Et nous regrettons d'autant plus de l'avoir re/trouvé trop tard, puisqu'étant en Bretagne début août, nous aurions pu aller lui rendre visite. Espérons que ce sera possible l'an prochain !!
Pour ceux qui auraient plus de chance que nous :
https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/un-ancien-medecin-reanime-l-art-brut-dans-son-cabinet-du-finistere-20210822
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"J'ai voulu passer de la médecine du corps à celle du sensible". Alain Guyomard, 85 ans, offre aux Bretons la possibilité de découvrir, dans son espace Réanim'art à Rosporden, quelque 250 tableaux d'artiste vivants.
S'il récuse le terme de collectionneur, qu'il trouve trop prétentieux, Alain Guyomard pense probablement être "le plus grand amateur d'art de son cours élémentaire de dessin". Ouvert en 2013 sur les 250m2 du cabinet médical qu'il occupait en tant que médecin de 1963 à 1993, son "salon d'art" reçoit des curieux venus de toute la Bretagne pour découvrir sa collection. Le féru d'art expose aussi chaque mois des professionnels, sculpteurs, photographes et peintres qui viennent présenter leur travail. Une seule ambition : démocratiser l'accès à "l'Art brut", ce terme par lequel le peintre Jean Dubuffet désignait les productions de personnes exemptes de culture artistique.
Art sur ordonnance
L'espace Réanim'art est destiné à rendre l'art accessible à "toute personne sachant faire confiance à ses yeux, son émotion propre, en dehors de tout complexe du genre". L'exposition, contenue dans six pièces, rappelle l'univers de l'enfance, cette époque où l'on laissait libre cours à des imaginaires débridés. Chaque œuvre possède son histoire, que l'amoureux raconte inlassablement aux visiteurs. "Cette œuvre de Jaber je lui ai achetée après l'avoir reconnu près de la rue de Seine, à Paris. Nous avons bu un verre, et je lui ai demandé si nous pouvions visiter son atelier. Il m'a dit que non et m'a demandé de l'attendre. Une heure plus tard, il est revenu avec 5 toiles".
Sa collection débute un soir d'automne, lorsque le téléphone retentit un peu avant l'heure du dîner. C'est un dénommé Morantin, un courtier en tableaux, qui l'appelle. "Bonsoir Docteur, je passerai bientôt dans votre région et je souhaitais savoir si vous seriez intéressé par des œuvres de maître". Monsieur Guyomard, qui travaillait alors 80 heures par semaine et n'avait ni loisirs ni dépenses extraordinaires, se prend au jeu. "J'ai acheté avec les yeux plutôt qu'avec les oreilles. Je n'y connaissais rien, mais je me suis laissé toucher par les œuvres". Quarante ans plus tard, il a amassé plus de 250 tableaux.
Un drame personnel le pousse alors à s'investir pour sa communauté, raconte Yvon le Floch, son ami d'enfance, ancien professeur d'art plastique et correspondant de presse. "La perte de sa fille avec qui il avait pour habitude d'aller chiner des tableaux dans les rues de toutes les villes de France l'a poussé à rendre sa collection publique". L'ancien médecin, meurtri, décide de partager son amour pour l'art avec les habitants de la ville dont il connaît si bien les foyers. "J'ai voulu passer de la médecine du corps à celle du sensible", explique Monsieur Guyomard, en offrant aux Bretons la possibilité de découvrir quelque chose d'inhabituel.
"L'art, ce n’est pas pour toi, tu n'y comprends rien" : le Breton a tant entendu cette phrase qu'il a développé l'ambition de tisser un lien entre les habitants de sa ville et l'art. "Pas besoin d'avoir suivi des cours d'histoire de l'art ou de suivre les discours d'experts pour tout simplement se faire plaisir, s'évader et comme disait Picasso, se laver l'âme de la poussière du quotidien".
Mettre en valeur des artistes vivants
Alain Guyomard n'achète que des œuvres d'artistes vivants, par souci de les faire vivre. "Je ne comprendrai jamais pourquoi les musées n'exposent pas de tableaux d'artistes vivants" et propose aux amateurs d'art, professionnels ou non, de venir présenter leur travail aux visiteurs, dans un espace de collection.
Philippe Hernot, amoureux de photographie depuis l'âge de 14 ans, originaire de Rosporden, y expose jusqu'au 5 septembre son travail. 50 photos et un double thème : portraits et paysages. Il témoigne : "C'est un honneur d'être exposé dans cet endroit. Tout le monde connaît cet espace. J'y ai moi-même découvert de très belles œuvres, comme celles de Danielle le Bricquir".
Durant la période estivale, l'espace accueille des enfants des centres de loisirs de villes avoisinantes. Le salon du 3 rue du Boulouard est ouvert, le samedi et le dimanche, de 13h30 à 18 heures, mais les visites de groupes sur réservation peuvent se dérouler en semaine. Un espace qui saura surprendre petits et grands en gardant l'art et les artistes vivants.
M.R.
NDLR : Jaber El Mahjoub, un peintre d'art brut autodidacte révélé par Cérès Franco et Laurent Danchin, vivant et travaillant à Paris.
Danielle le Bricquir est une peintre parisienne d'art singulier, affiliée au mouvement cobra et à l'art brut.