LIEUX VISITES PAR DES PASSIONNES D'ART BRUT
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"LA MAISON FLEURIE" dite aussi "LA MAISON DU FADA" à LEZIGNAN-CORBIERES (Aude)
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Ce lieu a été proposé par JEAN-LOUIS BIGOU
Créateur du site : "De l'art improbable aux jardins insolites dans l'Aude et les environs
Portraits de personnes qui interviennent dans leur environnement, par l'installation d'objets ou de sculptures".
Pour plus d'infos voir mon blog catégorie II ...Aux jardins insolites
delartimprobableauxjardinsinsolitesdanslaudeetlesenvirons.hautetfort.com
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Né en Espagne et décédé en France, Antoine Puéo entreprit la rénovation ou plutôt, la "revisite" avec déconstruction et reconstruction de sa maison en plein centre de Lézignan-Corbières, probablement au début des années 1940.
"C'était un bâtiment normal, (dit sa petite-fille, Marie-José Puig, dans le Midi-Libre en décembre 2012). Puis mon grand-père a commencé à changer les balustres de place et les a installés plus en hauteur. Il a également créé des étages supplémentaires et s'est arrêté quand ça n'était plus possible... Il a également orné les façades avec des sculptures qu'il faisait lui-même. Dès qu'il trouvait un coquillage, un joli bout de verre, il le collait sur la façade... De plus la maison était couverte de fleurs et de plantes, d'où le nom de "Maison Fleurie"".
Certains l'appelaient aussi, de manière plus péjorative, la "Maison du fada". C'est vrai que fada, il faut l'être un peu pour s'attaquer de manière aussi sauvage et spontanée à sa propre demeure.
Antoine Puéo, citait souvent dans les conversations, l'oeuvre de Gaudi dont il avait dû voir quelques exemples à Barcelone ; ainsi que celle du Facteur Cheval.
La "Maison Fleurie" devait être démolie fin 2013 pour cause de rénovation du centre ville de Lézignan. La découverte de vestiges archéologiques, a retardé sa fin inéluctable. Même si elle n'est plus fleurie depuis longtemps, si ses stucs et rocailles se dégradent et si les trois têtes sculptées qui ornaient le linteau de sa porte ont été volées récemment, on regrettera beaucoup sa disparition.
"La destruction annoncée de cette maison unique signerait un invraisemblable gâchis, puisque l'on ferait ainsi disparaître un des rares cas d'architecture sauvage créée par un bâtisseur autodidacte, en pleine ville qui plus est", dit Bruno Montpied dans son dernier livre "Le gazouillis des éléphants".
Les articles de la presse locale témoignent de l'intérêt et de la curiosité que la Maison Fleurie suscitait, il y a quelques années, bien au-delà du département. Elle a fait l'objet de cartes postales et on pouvait lire dans les journaux, à la fin des années 60 : "Quelle est la curiosité de la capitale des Corbières qui, à longueur d'années,..., est la plus mitraillée par les appareils photographiques et caméras des vacanciers ? On peut, sans la moindre hésitation, répondre : c'est la "Maison Fleurie" !"...
Et dans un autre article : "Cette maison attire de nombreux vacanciers de passage, de nombreux curieux et nous ne sommes pas surpris de voir des Belges, des Hollandais, des Anglais et.... bien d'autres, admirer cette merveille où s'allie le chaos à la simplicité et le baroque à l'art naïf."
Au niveau régional, Jean Delmas en 1975 dans un article paru dans la revue "Connaissance du pays d'Oc" et Yves Rouquette dans les années 1980, dans un article intitulé "Les bâtisseurs de l'imaginaire" dans le n°2 des "Cahiers de l'office" parlent eux aussi de la création d'Antoine Puéo.
Malheureusement, en France, la plupart des environnements spontanés disparaissent en même temps que leur créateur.
Il ne restera bientôt de la "Maison Fleurie" que les photos de familles et les articles de presse pour se souvenir de l'oeuvre de ce maçon d'origine espagnole qu'on surnommait "Tounet".
JEAN-LOUIS BIGOU
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Les trois premières photos appartiennent à la petite-fille du créateur. La première est réalisée avant toute intervention. Puis on peut la voir à différentes étapes de sa création.
La dernière, sur laquelle la Maison Fleurie est voilée pour cause de destruction imminente, est de Jean-Louis Bigou, et a été prise en novembre 2017.
Celles-ci-dessous sont de Michel Smolec, et ont été prises au début du siècle.
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PROMENADE (TROP RAPIDE ) DE JEANINE RIVAIS
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Souvent, lors de nos visites à Cérès Franco dont l'amitié nous a toujours été précieuse et dont la Collection Cérès Franco d'Art contemporain de Lagrasse nous a toujours attirés, nous sommes allés à Lézignan. Une année, même, (vers le milieu des années 2000/2010) Cérès devant se faire opérer, j'ai gardé son musée pendant quatre semaines
Et voilà qu'un jour, Michel, parti seul, et toujours en alerte, revient en me disant qu'il avait découvert une maison vraiment originale. Et tout fier, il m'a montré quelques photos !!
Bien entendu, comme en une sorte de pèlerinage, nous y sommes revenus tous les deux.
Quelle surprise, en effet, de voir cette maison toute décorée, coincée au milieu de maisons bien ordinaires ! Et pourtant, déjà, le temps avait commencé son œuvre destructrice : les sculptures étaient érodées, parfois partiellement absentes.
Et puis, voyant cette maison, il fallait bien penser au vide béant qui existait entre celui qui, fuyant sans doute les exactions de la Guerre civile en Espagne, avait appelé ce lieu "La Maison fleurie" ; et celui qui, ne comprenant rien, ne ressentant rien, l'avait baptisée "La Maison du Fada". C'est sous cette dernière dénomination que nous l'avons toujours connue. A croire que la médiocrité prendra toujours le pas sur la poésie !
Quel talent, pourtant, quelle minutie, quelle patience, ne fallait-il pas pour réaliser les décorations aux angles de la maison aussi précieuses qu'aux plus beaux jours de l'archéologie !
Sans doute Antoine Puéo avait-il, comme son compatriote Anselme Boix-Vives (¹), enfin trouvé la paix, qu'il éprouvait le besoin de clamer son nom sur la façade de sa maison ?
Dans quelques mois, quelques semaines peut-être, la Maison fleurie aura disparu. Une question demeure : Avec toutes les beautés qu'il avait réalisées sur sa façade, sachant qu'il habitait cette maison, Antoine Puéo en avait-il comme Picassiette ou comme Tatin, décoré l'intérieur ?
JEANINE RIVAIS
Texte écrit en novembre 2017
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Pour répondre à votre question, l'intérieur de la maison était tout à fait ordinaire. Puéo s'est contenté (si on peut dire) d'intervenir sur l'extérieur.
Il y a quelques sculptures conservées par sa petite-fille et quelques autres dispersées.
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(¹) BOIX-VIVES ANSELME (1889-1969) : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "HOMMAGE POSTHUME A ANSELME BOIX-VIVES" : http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.
VOIR AUSSI : Les GRIGRIS DE SOPHIE, site de Sophie Lepetit.
: "LE GAZOUILLIS DES ELEPHANTS" de Bruno Montpied.