LES SOUCHES, TRONCS ET RACINES D'ANDRE MORVAN

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Nous arrivions en vacances ! Nous venions de passer Auray, sur la route nationale Vanne-Lorient, lorsque, lancés à pleine vitesse dans la ligne droite, nous avons freiné au vu des sculptures d'André Morvan, au lieu-dit Le Mont-Salut. Nous avions programmé de visiter ce site, mais pas réalisé qu'en fait, nous allions tomber dessus avant tous les autres à notre programme ! 

          Bien qu'ayant maintes fois vu des photos, quelle surprise de se retrouver au milieu de tous ces géants de trois mètres au moins, surgissant des deux côtés de la route, s'enfonçant jusqu'au bout du parking, traversant la rue pour peupler le jardin de part et d'autre du bar. Nous étions en plein dans la fantasmagorie d'André Morvan.

A partir de là, le bar étant hermétiquement clos tous les jours, à toutes les heures où nous sommes passés, seul le chien répondant à la sonnette de la maison, il a fallu glaner ici et là de maigres renseignements ! Combien sont-ils, ces géants de bois ? Certainement plus de deux cent trente, écrivait en 2002  le Télégramme ! Quel âge ont les plus anciens ? D'après Marc Decimo, l'un des rares à avoir obtenu un entretien, il aurait commencé son site dans les années 70.  Les premières œuvres auraient donc sans doute pas loin de quarante ans ! 

          Car André Morvan est né à Auray. L'Office du Tourisme  appelé à l'aide, n'a aucune nouvelle de lui, ce qui laisse supposer qu'il a toujours bon pied bon oeil ! La mairie d'Auray appelée ensuite exigeait une demande écrite pour me donner sa date de naissance ! Décidément, l'administration ne changera jamais !  

           Suggérons alors, sous toutes réserves, que, puisque Michel Leroux affirmait en 2011 qu'il avait alors soixante-dix-huit ans, s'il est toujours vivant (ce que nous espérons), André Morvan doit aller vers ses quatre-vingt dix ans.

A quatorze ans il suit une formation d’apprenti menuisier, puis il deviendra menuisier charpentier. C’est un peu avant sa retraite qu’il commence à assembler des bois morts et à les installer autour de sa maison. Et depuis, "André Morvan ne va plus s’arrêter de créer ! « … Je recherche les souches de chêne et celles de châtaignier. Après la tempête de 1986, j’en ai ramassé beaucoup. Cela m’occupe !... Je récupère des morceaux de bois et je les fixe avec des clous pour former des animaux et des personnes. Pour conserver sous le soleil les bois qui finiraient par craquer, je les enduis d’huile brûlée…. ». Ses sources d’inspiration sont issues de son environnement quotidien : « Ce qui me guide, ce sont souvent des images aperçues dans les journaux…»(¹)

          Ses premières réalisations sont d’abord des animaux. Plus tard, il aborde les personnages.

Qu'il place essentiellement de part et d'autre du bar. (D'où la difficulté de les apercevoir, lorsque l'on respecte la propriété privée ! )

          Avec la Mare au Poivre, le site du Mont-Salut est le plus vivant et le mieux conservé de la région ! Souhaitons à ces deux lieux magiques, longue vie et continuons d'aimer cette folie de l'insolite qui nous enchante depuis si longtemps !

Jeanine RIVAIS

 (1) la citation concernant le travail d’André Morvan, est extraite du livre de Marc Décimo : "Les jardins de l’Art Brut", Edition ‘Les presses du réel’ (2007).

ANDRE MORVAN : Bar du Mont-Salut, 56400 commune de Ploemel en direction de Plouharnel. 

Images Michel Smolec