MONTOLIEU VILLAGE DU LIVRE
Devenu
BERCEAU DE LA COLLECTION CERES FRANCO
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De nombreuses dates ont jalonné la vie artistique de Cérès Franco ! Il est difficile de dire sous quelles latitudes cette voyageuse
internationale d'origine brésilienne, a fêté les dizaines d'expositions qu'elle a organisées ? Mais une chose est sûre : Chaque décennie a enrichi son imaginaire artistique généré par l’univers
coloré de ses lointains horizons sud-américains ! Il s’est poursuivi et affirmé sans équivoque depuis les années 60 lorsqu'elle a organisé des expositions dans les Pays de l’Est et à travers
l’Europe.
Un jour, Cérès Franco a trouvé son Eldorado, posé ses valises et s'est définitivement installée en France. Déjà, elle donnait à des artistes totalement inconnus, leurs lettres de noblesse ! Car s’est alors ouverte la longue litanie de ceux qui ont eu la chance de la rencontrer : Les Corneille, Macréau, Rustin, Grinberg, etc. sont apparus sur les murs des divers lieux où elle promenait ses coups de cœur.
Pour les installer définitivement sur les cimaises de cet invraisemblable endroit baptisé “Œil-de-bœuf”, véritable entité sculpturo-picturale, synonyme d’avant-garde hors-les-normes ! Et pendant des années, les mots "Cérès Franco" et "Œil-de-bœuf" sont devenus aussi inséparables que des siamois ! Des siamois bien différents de ceux qui régissaient la vie artistique de l'époque ! En effet, face à son originalité, qui, parmi l'"intelligentsia", éprouvait alors pour l’Art naïf, l’Art brut ou l'Art singulier, voire l'Art contemporain figuratif... autre chose qu’un brin de commisération ?
Pendant trente-cinq ans, à travers toutes les galères, contre et en-dehors de toutes les modes, elle a défendu “ses” artistes. Bien souvent, d’ailleurs, ils ne sont entrés dans “tel” mouvement qu’après l’avoir côtoyée, devenant adeptes de la Nouvelle Figuration... de l’Art-ceci... de l’Art-cela. Mais, bien avant que les marchands du Temple ne les aient convoitées, ces oeuvres l’avaient provoquée, et elle les avait défendues bec et ongles, sans souci d’étiquette !
Et puis plus tard, elle a rendu à tous ces plasticiens qui ont fait un bout de chemin avec elle, le plus important hommage dont ils pouvaient rêver : Elle a créé pour eux un musée. Un musée installé à Lagrasse, dans l'Aude !
Bien sûr, ce nouveau lieu est très vite devenu trop exigu pour “contenir” les talents qu’avec sa pugnacité légendaire, elle a continué de découvrir. Bientôt, il a fallu une nouvelle maison tout entière pour installer anciennes et nouvelles œuvres ! Et encore, ne parlerons-nous pas d'une troisième également pleine jusqu'aux huisseries !
Les années ont coulé ! Cérès Franco qui avait conscience de ne pas être aussi immortelle que sa Collection commença à se soucier d'une ville qui l'accueillerait. Divers lieux semblèrent propices, capables d'accueillir favorablement les milliers d'œuvres qui la composaient. Mais il ne faut croire que la motivation était insuffisante, car toutes les démarches avortèrent ; jusqu'au jour où la Ville de Carcassonne décida de l'honorer.
Une première "tranche", celle des "anciens", des solides, des figures de proue de la Collection fut inaugurée en septembre 2013. Malheureusement, les élections suivantes amenèrent une équipe municipale qui, incapable de comprendre l'importance pour la ville, de ce magnifique projet, le renia, le rejeta, rendit même les œuvres déjà inaugurées !!!
Qui revinrent au logis !
Heureusement, Saint-Antoine que Cérès Franco évoque si souvent, veillait sur elle ! De rencontres en rencontres entre Dominique Polad-Hardouin, la fille de Cérès, le Maire de Montolieu, le Président de Carcassonne-Agglo, divers intervenants, et Monsieur Foch, le propriétaire d'un lieu qui allait devenir providentiel, des liens se nouèrent. La Coopérative inoccupée devint le berceau de la Collection en déshérence. Montolieu, village du livre, devenait haut lieu artistique ! LA COOPERATIVE COLLECTION CERES FRANCO était née, qui fut inaugurée le 1er juillet 2015, en présence d'une foule immense, ravie de savoir enfin à l'abri ces œuvres qu'elle admirait depuis si longtemps !
Longue vie à ce nouveau lieu culturel, tellement riche et singulier !
Jeanine Rivais
DES PASSAGES DE CE TEXTE ECRIT POUR LES 70 ANS DE CERES FRANCO, ONT ETE EMPRUNTES POUR LE TEXTE CI-DESSUS, ECRIT EN JUILLET 2015.
VOIR AUSSI : CERES FRANCO : TEXTES ET ENTRETIENS DANS LE "BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA" de Jean-Claude et Simone Caire BP 44, 83690 Salernes.
** "L'Itinéraire exemplaire de Cérès Franco, galeriste" : N° 55 de juillet 1995.
** "Cérès Franco : anniversaire" : N° 58 de septembre 1996.
** " Propos à bâtons rompus, entre Cérès Franco et Jeanine Rivais" : N° 63 d'octobre 1998.
** "Cérès Franco : dialogue autour d'une collection" : N° 66 de Janvier 2000.
** " La Collection Cérès Franco à Miramas" : N° 69 de janvier 2001.
** "Inauguration des nouveaux locaux du Musée de Cérès Franco à Lagrasse (Aude) :N° 70 de janvier 2002.
** "Désirs bruts 6e Forum : La Collection Cérès Franco à Lagrasse" : N° 74 Tome 2 de juillet 2004.
TEXTES REPRIS SUR LE SITE : http://jeaninerivais.jimdo.doc/ Rubrique RETOUR SUR UN QUART DE SIECLE D'ECRITURE.
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DISCOURS DE MONSIEUR BERNARD LAURET, MAIRE DE MONTOLIEU
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"Madame Cérès Franco
Monsieur le Président de la Communauté d’agglomération de Carcassonne
Madame la Vice-Présidente à la culture de Carcassonne agglo
Mesdames et Messieurs les élus et les maires,
Madame Polad-Hardouin,
Monsieur et Madame Henri Foch,
Mesdames et Messieurs, Montolivaines et Montolivains,
Je commencerai par souhaiter à tous la bienvenue à Montolieu village du livre.
Vous savez qu’un maire n’est jamais plus heureux que lorsqu’il voit se concrétiser des projets dans sa commune. Et je sais par ailleurs le regard un peu envieux porté sur Montolieu pour la vitalité qui anime notre village. Cette vitalité est ancienne, puisque, avant d’avoir la chance de devenir un des plus dynamiques "Villages du Livre en France", le seul du grand Sud, et le seul doté d’un Musée dédié au livre et aux arts graphiques, opérant ainsi une mutation qui lui a permis de "rester vivant", Montolieu a été un village d’usines et un village viticole, sans quoi nous ne serions pas ici aujourd’hui. Le bâtiment dans lequel nous nous trouvons, qui a fait l’objet d’une très belle rénovation de la part de ses précédents propriétaires, et dont l’extérieur vient d’être rajeuni et embelli pour la circonstance, fait partie, au même titre que l’ancienne manufacture royale, ou les anciennes usines qui s’échelonnent le long de la Dure, de ce que les Montolivains considèrent comme leur patrimoine. Ce n’est donc pas un maire heureux, mais un maire comblé qui voit se réaliser ici un projet d’avenir réunissant des partenaires privés et publics que je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement, au nom de tous les Montolivains
Je suis d’autant plus heureux que ce projet original et ambitieux me semble revêtir une triple cohérence.
Projet culturel en milieu rural, il s’inscrit dans la ligne des préoccupations de la communauté d’agglomération qui est d’ouvrir à tous des lieux de découverte et d’enrichissement intellectuel, et il rejoint la destination de Montolieu Village du Livre et la notoriété acquise à ce titre.
Centré sur des formes d’art toujours en marge de l’institution, dont les mots d’ordre sont l’émotion, l’expression spontanée et l’intensité de la couleur, il s’inscrit parfaitement dans la sobriété de ce lieu dont la singularité se trouve encore renforcée. Les spécialistes parleront mieux que moi de cette collection, mais on ne peut qu’admirer son éclectisme, qui est le reflet d’une recherche toujours indépendante poursuivie pendant plus d’un demi-siècle. Nous sommes honorés d’accueillir ici le produit du travail de Mme Cérès Franco, et de profiter de cette ouverture sur l’univers des artistes avec lesquels elle a tissé des liens tout au long de sa vie.
Enfin s’il manquait quelque chose à la réputation acquise, à la dynamique déjà impulsée avec des partenaires locaux, c’était le développement d’un réseau d’échanges avec d’autres pôles culturels à l’échelle nationale voire internationale, or c’est dans ce cadre-là que va s’inscrire La Coopérative : Collection Cérès Franco.
Le rôle de la municipalité dans cette affaire consiste à faciliter cette nouvelle installation avec l’aménagement de zones de stationnement et de cheminements, et la mise en place d’une signalétique. Les délais impartis ne nous ont permis pour cette première exposition que des aménagements provisoires, mais nous nous y sommes appliqués, et nous apporterons tout notre concours au bon fonctionnement du projet en prévoyant par la suite des aménagements plus durables. Ce nouvel établissement aura forcément un effet productif sur l’évolution et le rayonnement de notre commune, nous en éprouvons une sincère reconnaissance.
Ce projet est le fruit d’un double mécénat, je tiens à réitérer nos remerciements à Mme Cérès Franco et à M. Henri Foch, à dire encore une fois merci à Régis Banquet pour sa disponibilité et sa constance dans le soutien au développement culturel, touristique et économique. Je remercie à Montolieu les employés et adjoints qui se sont mobilisés, les responsables de l’Office intercommunal de tourisme et la direction du Musée Mme Etore et Claire Taoussi pour leur collaboration. Je félicite tous ceux qui, pour Carcassonne agglo, ont suivi et accompagné ce dossier sur le plan administratif et technique. Je souhaite la bienvenue à Montolieu aux personnes qui vont gérer l’ouverture de ce lieu ces quatre prochains mois. Vous aurez tous apprécié la beauté de la scénographie de cette exposition, je remercie volontairement sans les nommer, de peur d’oublier tel ou tel intervenant, tous ceux qui ont contribué à la mise en place et travaillé ces derniers jours d’arrache-pied pour parvenir à ce magnifique résultat. Et merci à vous tous de votre présence.
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DISCOURS DE CERES FRANCO LORS DE L'INAUGURATION DE SON NOUVEAU MUSEE
Il m'est arrivé une chose très curieuse et je dis toujours que Saint-Antoine a guidé mes pas. Je trouve par hasard en bas de l'atelier d'un peintre, Antoine, à qui je rendais visite, une pancarte dans la vitrine d'une agence immobilière qui annonçait la vente d'une maison à Lagrasse, dans l'Aude. C'était mon chemin de vacances vers l'Espagne et Barcelone, où je prenais le bateau pour Ibiza depuis 1953.
Lagrasse, village médiéval, abbaye du VIIIe Siècle, situé en bas de vignes alléchantes. L'Aude : c'était prémédité. Ce département était le lieu idéal pour accueillir les tableaux et autres oeuvres artistiques que je collectionnais depuis le début des années 60. Grâce à mon amour pour les vieilles pierres, j'ai jeté l'encre avec mes bagages, mes trésors. L'Aude. Lagrasse, Avec la grâce de Dieu. La grâce des Arts comme a écrit une journaliste d'un grand quotidien toulousain, après avoir visité ma collection.
J'ai acheté une première maison : "le Casino" où les notables du pays venaient jouer aux cartes autrefois. La maison était assez délabrée, je l'ai fait restaurer. Cela a duré quatre ans. Enfin, j'ai inauguré en juillet 1994 la Collection Cérès Franco avec une sélection d'environ cinq cents œuvres. Dix ans plus tard, j'ai acheté la maison d'en face, celle dont la façade principale se trouve du côté du Boulevard de la Promenade, pour pouvoir accrocher les tableaux qui étaient dans la réserve de fortune... J'ai pu alors loger mes très chers peintres naïfs, bruts, singuliers, des sculptures en terre cuite, en bois flotté, en fer soudé, les masques populaires mexicains et tant d'autres curiosités réalisées par les artistes que j'ai eu l’occasion d'exposer dans ma galerie à Paris. L'aventure lagrassienne a duré vingt ans.
Après la belle exposition de 2013 à 2014 au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, qui prévoyait la donation de ma collection à la Ville et dont vous connaissez la suite, voilà que Saint-Antoine
vient à nouveau à mon secours dans la personne d'un mécène, Henri Foch, en m'attribuant la Coopérative de Montolieu, dans le village du livre. Je tiens à préciser que cette exposition que nous
inaugurons ce soir est rendue possible grâce au travail infatigable de ma fille Dominique Polad-Hardouin qui s'est chargée du commissariat, aidée par Nicolas Brisset à la scénographie que je
remercie de tout mon coeur. Je souhaiterais également adresser tous mes remerciements à Monsieur Régis Banquet, président de l'Agglomération de Carcassonne, pour sa confiance ainsi
que Monsieur Bernard Lauret, maire de Montolieu pour son appui moral.
Montolieu, village du livre. Quelle magnifique vocation! La culture à travers la lecture. C'est ainsi que je découvre dans mon adolescence "Les lettres à un jeune poète" de Rilke, celles de Vincent à Théo, celles de Paul Gauguin, ainsi que celles de Rimbaud à sa famille... C'est à travers mes lectures que je découvre le monde merveilleux de l'art, qui me donne des ailes pour partir loin, traverser les mers, découvrir ces peintres dans les grands musées et affirmer mes choix. Aujourd'hui, je suis très émue de partager avec vous les oeuvres qui m'ont toujours accompagnée, récoltes des voyages et des rencontres faites au cours de toutes ces années de dévotion à l'art et qui me permettent de partager mon regard et ma passion pour la peinture.
Enfin, merci à tous les amis, les artistes, et ma famille qui m'ont aidé à mettre en lumière cette collection et à la rendre visible !
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DISCOURS DE DOMINIQUE POLAD-HARDOUIN, FILLE DE CERES FRANCO, ET A L'ORIGINE DE LA COOPERATION QUI A ABOUTI A CE NOUVEAU MUSEE
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Très chers amis,
C’est avec une très grande émotion que nous ouvrons aujourd’hui la Coopérative de Montolieu, rebaptisée : "Coopérative-Collection Cérès Franco".
Vous le savez comme moi, l’ouverture de ce lieu est le résultat d’une forte obstination de ma part mais surtout le fruit de rencontres et d’amitié. Sans le concours de Sophie et Henri Foch, cette nouvelle page n’aurait pu s’écrire. Fort de leur désir d’accompagner la collection dans un nouveau lieu, nous avons eu la joie de retrouver Magali Arnaud et Valérie Dumontet qui sont devenues nos ambassadrices auprès de l’Agglomération de Carcassonne et auprès de Régis Banquet. Grâce à lui et grâce à sa forte détermination, c’est toute l’agglomération qui s’est mise en mouvement et qui a permis au rêve de devenir réalité.
Je suis heureuse de pouvoir aujourd’hui vous accueillir dans ce lieu qui servira d’écrin permanent pour recevoir cette collection. Je tiens à les remercier très sincèrement et très chaleureusement. Il me faut aussi remercier celle qui est à l’origine de toute cette aventure, celle qui a su éduquer mon regard, susciter les émotions que déclenche l’art ; celle qui m’a appris à évaluer, critiquer, comparer les écritures et qui, au fond, a tracé cette histoire que j’ai écrite avec elle et pour elle.
J’espère que ce qu’elle lègue ici à Montolieu saura susciter autant de joies et de générosité, de désirs et qu’elle sera aussi sources de vocations comme cela le fut pour moi.
Enfin, je tiens à dire que sans la collaboration fidèle et professionnelle de toutes les équipes qui se sont mobilisées, nous n’aurions jamais pu tenir un délai aussi bref. Nous avons fait en trois mois ce qui aurait du être fait en trois ans. Mais là, le sentiment de l’urgence nous a tenus et a permis de réaliser ce pari complètement fou.
Merci à vous tous depuis Nicolas Brisset, le scénographe, jusqu’à tous ceux qui ont permis à chaque maillon de s’assembler. Bien sûr, merci à mes très proches qui ont su comme toujours être là, me réconforter quand je croyais que tout allait s’arrêter, qui savent combien je tenais à réussir ce projet et qui y ont cru parfois malgré moi.
Maintenant, une nouvelle histoire va s’écrire. La Collection va commencer une autre vie, elle sera découverte et prise en charge par d’autres yeux et d’autres mains.
Donner c’est savoir perdre, je félicite maman pour cet acte incroyable.
Merci à Montolieu et à tous ceux qui vont écrire cette nouvelle page.
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DISCOURS DE MONSIEUR REGIS BANQUET, MAIRE D'ALZONNE, et PRESIDENT DE CARCASSONNE-AGGLO
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Il est parfois des intuitions qu'il faut suivre et des opportunités qu'il faut saisir. C'est ce que j'ai proposé de faire aux élus de Carcassonne Agglo, en choisissant de s'impliquer dans l'aventure "La Coopérative-Collection Cérès Franco".
Bien sûr, le point de départ est la présence dans l'Aude de cette collection hors norme. On pourrait commencer l'histoire par "il était une fois une collectionneuse, un mécène et un élu...". Car comme dans beaucoup d'aventures, c'est la rencontre humaine qui a permis de faire tomber les obstacles.
L'origine du projet, donc, est cette fameuse collection. Une chose est sûre, regarder ces œuvres, surtout lorsque l'on n'est pas amateur d'art ou spécialiste, provoque de l'émotion, sans jugement ni a priori. N'est-ce pas le sens-même de l'art singulier ? Alors, pourquoi ne pas permettre au grand public de ressentir ces émotions ? Surtout quand Carcassonne Agglo a pour ambition politique l'accès du plus grand nombre aux pratiques artistiques et culturelles comme moyen d'émancipation de chacun ! Le lieu, c'est la coopérative de Montolieu, propice pour abriter cette collection et propriété d'un mécène prêt à s'engager dans l'aventure.
En tant que Président de Carcassonne Agglo, j'ai la conviction qu'un tel projet peut être attractif, susciter la curiosité et donc participer d'un projet économique et social au bénéfice des habitants et des acteurs locaux.
Mais le ciment de ce projet, est la perspective d'un partenariat entre le public et le privé. Il est rare, surtout en matière culturelle et en espace rural, d'avoir un mécène et une collectionneuse prêts à investir pour ensuite envisager le don à une collectivité publique répondant à l'intérêt général. Mais voilà, la conjonction s'est faite et elle m'a permis de convaincre mes collègues de tenter l'aventure !
Je voudrais remercier bien sûr, Henri Foch, Dominique Polad-Hardouin et Madame Cérès Franco, de croire en ce territoire, d'investir sur un projet aussi singulier et d'avoir su fédérer des personnalités qui vont apporter la crédibilité et la notoriété nécessaires au développement et rayonnement de "La Coopérative - Collection Cérès Franco".
Merci également aux services de Carcassonne Agglo de s'être investis avec force dans un temps contraint et d'avoir relevé avec compétence et envie le défi, celui de réussir la première étape de ce projet.
L'histoire n'est pas finie, elle commence à s'écrire, mais déjà nous pouvons y puiser des valeurs et des actes porteurs d'espoirs.
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DISCOURS DE MONSIEUR HENRI FOCH, PROPRIETAIRE DE LA COOPERATIVE
Bonjour, Je n'ai pas de papier ! Mais je pense que ce serait sympath de tous vous remercier.
Il est vrai qu'il s'agit de plusieurs rencontres : Une rencontre avec le lieu. Moi je n'ai pas beaucoup de mérite, parce que j'habite de l'autre côté de la rue, et je n'ai pas beaucoup de chemin à faire. Une rencontre avec Dominique qui m'a permis de rencontrer Cérès à travers ses œuvres exposées à Lagrasse. Et puis, il y a eu la rencontre également avec Ma-dame Etoré, avec le Maire de Montolieu, Magali Arnaud et Valérie Dumontet. Il est vrai que ces rencontres donnent une mention politique, au bon sens de la politique, c'est-à-dire que selon moi quand plusieurs personnes partagent les mêmes convictions et qu'elles décident de se mettre en mouvement, il est difficile de les arrêter !
Nous savions que c'était une opportunité absolument unique : il y avait ce lieu qui ne servait à rien. Il y avait la collection qui était en déshérence puisque, d'une manière pathétique et tragique elle avait été repoussée à Carcassonne. Et puis, il y avait l'équipe de l'Agglo qui était une espèce de force en mouvement, comme l'a dit Dominique. Nous avons beaucoup travaillé. Nous avons eu des doutes, aussi, par moments. Nous ne savions pas... Nous ne savions plus... Et puis, il est vrai que l'urgence était une façon de dire que si nous allions trop loin, nous ne pourrions plus reculer ! Finalement, nous nous disions que tout le monde allait pouvoir y aller, les gens de Montolieu, les gens de l'Agglomération...
C'est donc pour moi une très grande joie, et je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
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Certaines photos sont de Michel Smolec. D'autres ont été empruntées aux journaux "La Dépêche" et "l'Indépendant". D'autres à celles proposées sur Internet par les Guallino. Merci à tous !!!
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LA COOPERATIVE COLLECTION CERES FRANCO
"EN GRAND FORMAT"
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Cette première exposition intitulée "En Grand Format" joue sur la polysémie du mot.
En effet, devant le foisonnement et la richesse de la Collection Cérès Franco (plus de 1500 pièces, 248 artistes) et un lieu exceptionnel, la Coopérative de Montolieu, il fallait faire une démonstration éblouissante, forte en émotion.
Les choix de présentation permettent de découvrir 80 artistes et près de 500 pièces de la collection.
La Coopérative est un lieu atypique qui offre de grandes possibilités d'exposition : une grande luminosité, une hauteur de 14 mètres dans sa partie centrale, des alcôves latérales le long de la nef centrale et à l'étage. Le bâtiment, par sa forme rectangulaire, permet ainsi au visiteur d'embrasser d'un seul regard l'ensemble, dès l'entrée.
Face à la monumentalité de ce lieu, Dominique Polad-Hardouin, commissaire de l'exposition, a pris le parti de travailler d'abord à la scénographie, avec l'aide de Nicolas Brisset, et moins de se laisser guider par les catégories ou familles artistiques.
Un choix qui se justifie au regard du moment, du lieu et aussi d'une collection éclectique. En effet, les artistes de la collection Cérès Franco appartiennent à des tendances ou à des histoires différentes mais ont en commun l'oeil qui les a rassemblés, celui d'une Brésilienne qui a regardé la création de la deuxième partie du XXe avec gourmandise et sans a priori.
Tous ces artistes partagent un imaginaire débridé, puissamment coloré. Ils sont majoritairement proches d'un art spontané, naïf, brut, hors-les-normes, ou bien se réclament d'une nouvelle figuration qui renoue avec l'expressionnisme.
Le visiteur se laissera guider par un dialogue entre les uns et les autres. Il va donc découvrir des œuvres qui appartiennent à différents courants (art populaire, art naïf, art brut, art singulier, CoBrA, nouvelle figuration). Sachant que chacune de ces appellations peut être fluctuante, selon les pays ou les critiques d'art mais les oeuvres sont volontairement entremêlées pour laisser place avant tout à l'émotion, au choc visuel.
L'espace central est réservé aux toiles de très grand format et aux sculptures.
Latéralement, le bâtiment a gardé quelques alcôves, vestiges de sa première utilisation (ces espaces fractionnés correspondent aux placements des anciennes cuves de la coopérative viticole). Ces alcôves, ou "grottes" pour certaines, offrent la possibilité de coups de projecteur sur des artistes spécifiques ou sur des thèmes.
Au rez-de-chaussée, deux grottes :
l'une dédiée au travail de nombreux céramistes ou sculpteurs ;
l'autre aux ex-voto de la collection.
A l'étage :
une alcôve est consacrée à Stani Nitkowski,
- une au tunisien Jaber,
- une à Jean-Marc Gauthier,
- et enfin une à Joanna Flatau.
Les dernières alcôves réunissent les artistes autour d'un mouvement, l'une pour les artistes "Naïfs", l'autre pour des artistes singuliers ou bruts.
Et bien sûr le voyage se termine par un portrait "presque vivant" de Cérès Franco, grâce à une vidéo réalisée par sa petite-fille Clémence Hardouin en 2014, (Coproduction Senso Films et TV Sud).
Le visiteur peut parcourir dans le sens qu'il souhaite cette exposition, en fonction de ce qui attire son œil.
Un seul mot d'ordre : Place à l'émotion.
PS : Chaque artiste exposé fait l'objet d'une notice biographique sur le site : www.lacooperative-collectionceresfranco.com