INAUGURATION DE L'ORGANuGAMMusEUM
DE DANIELLE JACQUI
En la CHAPELLE SAINT-SAUVEUR DE DRAGUIGNAN
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La ville de Draguignan a transformé la chapelle Saint-Sauveur en un musée dédié exclusivement à la figure de proue de l’Art singulier : DANIELLE JACQUI.
Intitulé "ORGANuGAMMusEum-Danielle Jacqui", il a été inauguré mercredi 4 juillet 2019 à 17 h.
Une fois acceptée l'idée d'un tel musée, s'est posée pour la ville l'obligation de trouver le lieu idéal. Et c'est alors que la chapelle Saint-Sauveur, édifice du XIIe siècle récemment restauré, est apparue comme absolument incontournable. Ainsi est-elle devenue musée pérenne, alliant la sobriété de son style roman provençal aux couleurs chatoyantes des œuvres de Danielle Jacqui.
Qui ne connaît Danielle Jacqui et, à Pont-de-l'Etoile, la façade de "la Maison de Celle qui peint" ? Enfin voilà cette grande artiste muséifiée ! Enfin, tous ses amis peuvent se réjouir, car ils ont vu, en ce début de juillet 2019 nombre de ses œuvres entrer dans cette chapelle située sur une colline d'où le visiteur peut admirer la ville à ses pieds ! Jolie petite chapelle, devenue rien que pour elle ORGANuGAMMusEum. Permettant enfin aux fidèles et convertis de fêter cet évènement depuis si longtemps espéré !
Allègre octogénaire, cette artiste exceptionnelle reste créative comme au premier jour, menant de front peintures, sculptures, broderies, etc. Bataillant, -après que la ville d'Aubagne se soit "courageusement" démise de ses engagements de construire son Colossal d'Art brut-, pour trouver des lieux où placer son hectare de sculptures réalisées en huit ans !
QUI EST DONC DANIELLE JACQUI ?
Définir Danielle Jacqui sur le papier est à peu près aussi facile qu’enfermer dans une bouteille un Djinn malin ; ou vouloir effacer des ailes d’un papillon en vol, les ocelles colorées ! Dire qu’elle est peintre équivaut à affirmer d’un homme-orchestre qu’il joue de l’harmonica ! Car elle est à elle seule le Djinn, le papillon, l’orchestre, chacun de ces mots définissant l’idée de couleur, d’ambiance et non l’idée de technique. Tenter, face à la pluralité de son travail, de séparer sculpture, peinture, collage, broderie, couture est illusoire : des peintures en relief, des sculptures peintes, des broderies devenues robes, des poupées aux grands yeux étonnés, des cailloux humanoïdes... ramènent à l’unique réalité : l’univers coloré de Danielle Jacqui, UN et INDIVISIBLE !
Sa poésie, également, cette manière qu’elle a d’exprimer sans sophistication ses souhaits de bienvenue en décorant la façade de sa maison : danseuses “slaves”, “Indiens” emplumés, dragons et diablotins adressent leurs clins d’yeux au passant, l’air de dire “Entrez donc voir les merveilles que nous gardons!” Il est logique d’apprendre que Danielle Jacqui fut brocanteuse : sa maison est foisonnement, objets personnalisés, meubles devenus sous ses doigts somptueusement “exotiques” ; un lieu privilégié où l’on a envie de fouiner, s’attarder, rêver, toucher du doigt les perles de l’armoire, s’exclamer ou rester coi devant un groupe cueillant des cerises au dossier d’une chaise, ou un tigre bâillant férocement au plafond d’une chambre !... Car elle aborde avec le même délire contes, légendes, poèmes, adapte chacun à son gré, recrée des émotions, transcende son environnement. Et, s’il est une catégorie à laquelle elle appartient, c’est celle des Bâtisseurs de l’Imaginaire, les Tatin, les Picassiette... Comme eux, elle a un jour éprouvé le besoin irrépressible de rompre avec la banalité, embellir son cadre de vie, rendre à sa façon si personnelle et talentueuse, la culture qu’elle a glanée aux hasards de sa vie, tout en gardant à ce cadre, une dimension humaine !
Un jour, elle propose (en toute simplicité) de couvrir de ses personnages en terre, la façade la gare d'Aubagne. Et, dans cet esprit, voilà Danielle Jacqui en résidence à Aubagne, commençant une série de sculptures qui se terminera huit ans après par un hectare d'œuvres étalées côte à côte dans un entrepôt ! Las, c'était là le premier lièvre soulevé ! braquant comme un seul homme, tous les conservateurs pétitionnaires du coin ! Oubliée la façade ! Rien qui puisse décourager l'artiste qui crée bientôt une maquette pour la réalisation d'une œuvre monumentale, un "Colossal d'Art brut" ! De lieu impossible en lieu invraisemblable, voilà le Colossal aux oubliettes ; d'autant que la municipalité ayant viré radicalement de bord, la nouvelle équipe ne sait rien faire d'autre que refuser, censurer… Terminé le festival qui brilla pendant nombre d'années ! Finis les projets aubagnais. De la décennie consacrée à Aubagne, il ne restera qu'un bas-relief à la Colline aux oiseaux, un giratoire à l'entrée de la ville. Il lui faut aller ailleurs, trouver des lieux plus cléments, faire des projets d'"utopies réalisables".
Dans le même temps, non seulement Danielle Jacqui œuvre, elle pense aussi ! Et prononce un jour le mot ORGANuGAMMe. Questionnements multiples !!? Que peut-elle bien suggérer en prononçant ce néologisme ?
QU'EST-CE QUE L'ORGANuGAMMe DE DANIELLE JACQUI ?
Non contente de vouloir construire son monument, Danielle Jacqui a étayé et exprimé en 2008, une théorie capable de l'accompagner. Pour elle, l'Art brut est un processus de construction/déconstruction ; et elle a à son actif cinquante ans de construction. Elle affirme que l'autodidacte est capable de construire avec autant de talent que l'artiste issu des écoles ; et qu'en construisant quelque chose de colossal, il est plus explicatif qu'en montrant un beau tableau bien encadré sur un mur. Ainsi, les "gens du commun" peuvent-ils inventer des monuments innés, dont la réalisation pourrait être confiée à des techniciens. Subséquemment, l'architecture s'ouvrirait à tout un chacun. Elle dit alors avoir envie de réaliser une œuvre colossale mais qui rebondirait ; une œuvre d'un genre qui laisserait à tous la possibilité d'être un architecte ou un "anarchitecte".
Elle affirmait alors que "les mots ne manquent pas si l'on est inventif" et qu'elle s'était inventé un nom : ORGANuGAMME. Ce mot aurait été créé en hommage à son égérie Frida Kahlo qui, pour elle, était une ORGANuGAMME, parce qu'elle avait non seulement une œuvre de peinture, mais aussi une épopée, une ligne de conduite. Elle était en interaction avec tout ce qui l'entourait, avec son temps. Elle avait une forme d'art qui va jusqu'au bout, qui va à l'aventure. On peut être ORGANuGAMME si, comme Diane Fossey qui s'occupait des gorilles, on va au bout de son aventure. (¹)
Au cours du XIIe festival de 2012, il semble que Danielle Jacqui ait dramatisé sa définition, puisque, faisant visiter l'entrepôt où elle conserve "en attente" ses milliers de sculptures, elle disait : " ORGANuGAMME", c'est la faculté de celui qui sait se dépasser, aller au-delà de toute imagination, au-delà de lui-même, même s'il doit en mourir". Souhaitons-lui longue vie !
QU'EST-CE QUE L'ORGANuGAMMe DE DANIELLE JACQUI ?
Non contente de vouloir construire son monument, Danielle Jacqui a étayé et exprimé en 2008, une théorie capable de l'accompagner. Pour elle, l'Art brut est un processus de construction/déconstruction ; et elle a à son actif cinquante ans de construction. Elle affirme que l'autodidacte est capable de construire avec autant de talent que l'artiste issu des écoles ; et qu'en construisant quelque chose de colossal, il est plus explicatif qu'en montrant un beau tableau bien encadré sur un mur. Ainsi, les "gens du commun" peuvent-ils inventer des monuments innés, dont la réalisation pourrait être confiée à des techniciens. Subséquemment, l'architecture s'ouvrirait à tout un chacun. Elle dit alors avoir envie de réaliser une œuvre colossale mais qui rebondirait ; une œuvre d'un genre qui laisserait à tous la possibilité d'être un architecte ou un "anarchitecte".
Elle affirmait alors que "les mots ne manquent pas si l'on est inventif" et qu'elle s'était inventé un nom : ORGANuGAMME. Ce mot aurait été créé en hommage à son égérie Frida Kahlo qui, pour elle, était une ORGANuGAMME, parce qu'elle avait non seulement une œuvre de peinture, mais aussi une épopée, une ligne de conduite. Elle était en interaction avec tout ce qui l'entourait, avec son temps. Elle avait une forme d'art qui va jusqu'au bout, qui va à l'aventure. On peut être ORGANuGAMME si, comme Diane Fossey qui s'occupait des gorilles, on va au bout de son aventure. (¹)
Au cours du XIIe festival de 2012, il semble que Danielle Jacqui ait dramatisé sa définition, puisque, faisant visiter l'entrepôt où elle conserve "en attente" ses milliers de sculptures, elle disait : " ORGANuGAMME", c'est la faculté de celui qui sait se dépasser, aller au-delà de toute imagination, au-delà de lui-même, même s'il doit en mourir". Souhaitons-lui longue vie !
Les années ont passé. Certaines œuvres ont trouvé place au Musée des Arts naïfs de Nice, à Montpellier, Sète. Et Draguignan où une première sculpture, "La Dragonne", mène sa vie dans un jardin public. Et les trente-cinq tonnes de sculptures sont désormais parvenues à Renens en Suisse où il semble bien, à en juger par l'optimisme de la délégation venue à l'inauguration, qu'elles serviront pour la construction d'un monument à la gloire de Danielle Jacqui ; tandis qu'un totem ira au musée d’art brut de Lausanne (rejoindre la Collection de Jean Dubuffet qui, elle aussi, avait dû, par manque de reconnaissance, s'exiler en Suisse) !
Devant une œuvre tellement colossale, comment ne pas comprendre que les amis de Danielle Jacqui la voulaient muséifiée, elle qui, pendant cinquante ans, a créé, créé, créé !? Créé des œuvres originales, souvent difficiles à analyser, chaque toile "comprenant deux histoires et une troisième pour les brouiller" (²), laissant devant chaque tableau le visiteur perplexe !
Et voilà qu'enfin, comme il est dit plus haut, une chapelle est devenue musée à son image !
COMMENT DANIELLE JACQUI A-T-ELLE PRIS POSSESSION DU LIEU ?
Chacun sait que, de la façade de la "Maison de Celle qui peint" à l'intérieur de l'habitation (création et quotidien étant étroitement confondus), n'existe aucun espace libre, nulle respiration, pas le plus petit interstice entre les tableaux, dessins, poupées… Son installation dans la chapelle est conçue sur le même modèle, les cimaises entièrement recouvertes de toiles. A tel point qu'elle a dû mettre au sol la maquette de la gare d'Aubagne qu'elle aurait voulu recouvrir de ses sculptures (³); et tasser si fort quelques sculptures au pied des tableaux, qu'elles en perdent leur sobriété et beaucoup de leur beauté. Malgré cela, il s'agit d'une exposition colorée, très colorée ; belle, très belle ! "Du" Danielle Jacqui, en somme !
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C'est pourquoi, il faut remercier Jean-Claude Caire qui, depuis des années, œuvre sur, pour, et autour de cette œuvre (ne vient-il pas de réaliser une biographie de 1200 pages qui s'arrête pour le moment en 2000 ?) ; Eddy Copin et son épouse Dany qui l'a accompagné d'étape en étape, et qui, de haute lutte, a gagné d'abord "La Dragonne", sculpture déjà évoquée, puis la chapelle Saint-Sauveur ; le Maire Richard Strambio qui, avec la municipalité, a obtenu les autorisations administratives et artistiques nécessaires à l'accomplissement du projet ; qui a prononcé un vibrant hommage à Danielle Jacqui et lui a offert la Médaille de la Ville ; la Fondation suisse de Renens qui a déjà organisé dans sa fondation une importante exposition des œuvres de Danielle Jacqui, et promet, assure, certifie, -juré, craché- qu'elle envisage de lui construire un monument que tout un chacun pourra visiter. Et pourquoi pas Jeanine Rivais qui, avec ses petits moyens, met tout son cœur en hommage à cette immense artiste ?
Bravo, Danielle ! Quel plaisir de te savoir enfin "au musée" ; de pouvoir exprimer toutes ces bonnes nouvelles !! Et quel bonheur de se dire : "Ca y est ! Tu y es" !!
Jeanine RIVAIS
(¹) Extraits d'un entretien réalisé en 2008 par Dailymotion, avec Danielle Jacqui.
(²) Simone Caire.
(³) Honte encore une fois à la ville d'Aubagne qui n'en a vu ni l'intérêt, ni la richesse culturelle ; et n'a pas eu le courage d'aller au bout d'une aventure pourtant bien amorcée !
TEXTE ECRIT A PEINE RENTREE DE L'INAUGURATION DE l'ORGANuGAMMusEum, en la chapelle SAINT-SAUVEUR : Visitable sur rdv au 04 94 84 54 3, du mardi au samedi.
VOIR AUSSI :
JACQUI DANIELLE : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "REFLEXIONS" : N° 54 de février 1995 du BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA.
ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER. "LA FACADE DE LA MAISON DE CELLE QUI PEINT" : Revue DE L'AUTRE COTE DU MUR DECEMBRE 1995.
TEXTE : QUAND DANIELLE JACQUI CELLE QUI PEINT est aussi CELLE QUI CREE DES POUPEES : http://jeaninerivais.jimdo.doc/ Rubrique ART SINGULIER.
Et aussi ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : "LA FACADE DE LA MAISON DE CELLE QUI PEINT": http://jeaninerivais.fr Rubrique ENTRETIENS AVEC DES ARTISTES.
Et "LA DRAGONNE " : "UNE RENCONTRE,UNE ŒUVRE, UNE FETE" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER.
Pour voir les images agrandies, cliquez dessus.