Ve FESTIVAL D’ART HORS-LES-NORMES DE PRAZ-SUR-ARLY (Haute-Savoie)

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SCELLIER CATHERINE

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CATHERINE SCELLIER ET L’ART-RECUP’

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          Catherine Scellier appartient à cette catégorie d’artistes qui, ayant fait des études poussées (en l’occurrence de philosophie et de psychologie, et des cours en auditrice libre aux Beaux-Arts) ont un jour récusé ce bagage, décidé d’oublier ces (dé)-formations et de revenir vers des apprentissages beaucoup plus primitifs. Pour elle, il s’est agi de travail manuel, l’amenant en particulier à plonger ses mains dans la terre et créer des céramiques et autres objets décoratifs… Mais quand le poids de cette création s’est fait trop lourd, elle a choisi de réaliser des oeuvres de métal, à partir d’objets récupérés dans de vieux ateliers, parfois dans des décharges campagnardes ! Reniant les implications psychologiques et les lourdeurs techniques inhérentes à la céramique, elle est passée à des œuvres aériennes, filiformes qui, par leur connotation ludique, ont souvent l’air de jouets.

          Etre libre d’utiliser à son gré des matériaux dénichés au cours de recherches aléatoires lui procura un bonheur tout neuf. De même que la faculté de gaspiller, rejeter momentanément, s’interroger sur le résultat obtenu… Toutefois, dépourvue de toute espèce de respect passéiste, travailler exclusivement le métal, même rouillé, même patiné, même déformé ou portant les stigmates du temps et de l’usage, la laissait insatisfaite. Car il est une notion à laquelle elle est très attachée : couvrir d’une « peau » toutes ses créations. C’est pourquoi elle a associé aux métaux le raku qui, irisant et patinant la terre, crée l’illusion de cette peau ! Alors, souvent, après qu’elle ait assemblé, soudé les éléments métalliques d’une nouvelle sculpture, elle fait cuire dans son four, ses ajouts de terre.

          Elle se trouve alors face à une nouvelle option : conserver les couleurs naturelles pour leur sobriété, pour les accidents qui évoquent ici un nœud de bois, là une fente…. ; ou au contraire, ajouter émaux ou peintures parce qu’elle aime le côté séducteur de la couleur. 

          Enfin, il est une règle qui prime toute idée de technique et toute définition esthétique : Catherine Scellier veut que création soit synonyme de travail dans la joie. Elle engrange donc à loisir des images, les enrichit au gré de ses promenades, de ses lectures, ou de son imagination… Et, lorsque –seulement lorsque—l’émotion, l’excitation sont assez puissantes, elle commence à créer une nouvelle oeuvre. Elle peut aussi revenir sur une précédente qu’à un moment elle avait considérée comme achevée… Elle sait bien sûr que ses modifications, ses maquillages ou ses retraits de matière changent le « dit » de l’œuvre. Mais n’est-ce pas un plaisir renouvelé de lui en donner un différent ?

         Bref, Catherine Scellier a trouvé une expression artistique qui éclaire sa vie. Néanmoins, parfois, avec une pointe de cynisme, elle se dit que le métal n’est en aucun cas son matériau de prédilection ; que d’autres, peut-être, lui permettraient aussi de jouer dans l’espace sans contraintes insupportables. Pourtant, si elle s’accroche à lui, c’est que, du fait de sa dureté, il possède une violence qui répond à la sienne ; et que cette « peau » dont elle le recouvre et qui lui donne un aspect moins rude, la décharge de sa propre violence et la rend capable de vivre sans heurts avec autrui ! 

          Tout est donc pour le mieux dans le monde de Catherine Scellier qui, ayant défini ce qui lui est indispensable, crée sans se soucier de temps, de modes… Crée pour son plaisir, tout simplement !

J. R. 

 

SCELLIER CATHERINE : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "CATHERINE SCELLIER ET L'ART RECUP'" :  N° 71 de Janvier 2002, DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA, dans le cadre du Ve festival de Praz-sur-Arly. 

Et http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS RETOUR SUR PRAZ-SYR-ARLY 2001