Depuis bien des années, se retrouve sur le papier le même petit bonhomme à la tête de profil taillée à l’emporte-pièce, avec son grand œil naïf, son nez en trompette et son air mutin de poulbot qui explore son territoire ; le même oiseau perché dans le même arbre, près de la même maison ; parmi l’herbe et les fleurs à profusion. Et, sans doute parce que l’artiste voyage beaucoup mentalement, sont écrites en grosses lettres, comme autant d’étapes de ces itinéraires fantaisistes, des noms de personnes, de villes ou de pays : JAKLANG PARIS ALLEMAGNE AUVERGNE, sans oublier la signature JABER qui entre dans la composition du tableau et peut aussi bien décorer la coque d’un bateau à voile qu’orner le poitrail d’une biche. Et des dates, généralement deux, sans que l’on puisse dire s’il s’agit de la date de réalisation du tableau (assez invraisemblable) ou de celle à laquelle s’est « déroulé » le voyage « évoqué », ou simplement celle qui lui est passée par la tête à cet instant-là ?
Parallèlement à cette saga très imaginative et répétitive, Jaber réalise une multitude de petites sculptures en papier encollé (les mêmes personnages que les peintures) ; têtes humaines, figures emblématiques ne comportant que la tête en équilibre sur le cou, reconnaissables à l’infini parce qu’il en a créé des… milliers peut-être, des centaines à tout le moins ! Et chaque fois son nom y figure en caractères énormes par rapport à la dimension de l’objet !
Sans doute, comme tout un chacun, Jaber connaît-il des moments difficiles ? Mais son œuvre n’est qu’un grand éclat de bonne humeur, si simple et rayonnante, si bon enfant, si sympathique, si pleine d’humour, qu’elle semble mettre au défi le spectateur ou plutôt l’inviter à venir… dans le pré avec lui, pour y trouver le bonheur !
CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.