JEAN-PAUL LE BUHAN 

Texte de JEANINE RIVAIS

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« Les hommes sont de drôles de zèbres. Des zèbres rayés de toutes les façons, de toutes les couleurs qui avancent en troupeau et parcourent la savane de l’existence. Pas de doute, le zèbre prend moyen de ses rayures si utiles et si diverses. Il pense ainsi  se distinguer ou se protéger. Le zèbre sans aucun doute se révèle intrinsèquement nu dans son grillage barreaudé qui peut ressembler à celui d’une cage s’il n’y prenait garde. L’un des siens vient-il d’être la proie du lion,  il s’écarte indifférent pour brouter nonchalamment un peu plus loin cet animal social qui s’en glorifie, préfère la fuite dans laquelle il piétinera sans rémission son congénère resté à terre. Voyez-vous, il faut bien regarder la société des hommes pour savoir qui nous sommes. »

Jean-Paul Le Buhan. 

 

          Jean-Paul Le Buhan travaille généralement sur des douelles de tonneaux suspendues aux cimaises par des crochets. Chaque œuvre « se prolonge » sur plusieurs de ces douelles. Certes, sur chacune se trouve un personnage qui pourrait être « lu » séparément, mais vues ensemble, elles créent une sorte de saga dans laquelle se côtoient de façon récurrente, au moins deux, mais souvent plus, visages forcément longilignes, tantôt de face, tantôt de profil, souvent avec un léger dodelinement qui donne à leur expression une grande tendresse. Pas de membres, peut-être à cause de l’exiguïté de leur situation géographique ? Ou parce que l’artiste a le souci d’intellectualiser sa démarche et de ne doter ces êtres que de l’élément indispensable à la pensée ? Il est difficile de deviner d’autres motivations, les « groupes » de douelles ne proposant aucune scène qui, narrative, fournirait une clef. Parfois, pourtant, l’anatomie d’un de ses personnages est « complète », mais tellement stylisée qu’elle ressemble à un motif décoratif, sorte de haut-relief arboré. D’autres fois, l’artiste ornemente ces planchettes curvilignes de motifs géométriques aux très belles couleurs. 

          Car Jean-Paul Le Bihan est un véritable coloriste, travaillant dans une gamme très réduite de teintes, mais en nuançant si bien les intensités que l’ensemble crée des harmonies dont la poésie prolonge le « dit » tellement sobre de ses oeuvres.

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.