Loren se définit comme “un humaniste ayant envie d’abattre les conventions, dans la mouvance de gens favorables à la mondialisation, sans passer sur l’humain”.
Programme difficile lorsque, pour tout engagement, un homme n’a que sa peinture. C’est pourtant cet état d’esprit qui a déterminé la forme picturale à laquelle il s’adonne. Parce que, hormis le poids du temps attesté par les objets sur lesquels il peint, calendriers périmés, planches érodées… il a développé un raisonnement socio-pictural qu’il défend pied à pied ! Ainsi, à l’instar de La Fontaine, remplace-t-il souvent les humains par des bêtes. Non qu’il soit misanthrope ; simplement parce que l’animal véhicule des forces brutes et infiniment plus d’énergie que l’homme ; que, graphiquement, le bestiaire l’intéresse davantage : les crocs découverts, les mufles béants de chiens placés en des espaces clos... sont plus évidemment menaçants, leur violence potentielle plus directe, leur férocité plus démonstrative, plus capable de servir de faire-valoir au problème qu’il veut dénoncer. D’où, pour le spectateur, une foule de questions à brûle-pourpoint : Est-il dans une fiction ? Le danger pour l’humain vient-il des animaux ? L’homme est-il prisonnier de l’animal ?
Quelle que soit sa problématique, le peintre la pose dans un grand déploiement de “sang”, des projections de peinture dont l’abondance crée un apparent désordre ; au milieu desquelles, pour en isoler la violence, la cerner, il glisse parfois des plages monochromes aux couleurs livides de sorte qu’il n’existe finalement aucun répit pour l’oeil.
Ainsi, Loren déploie-t-il ses oeuvres sans concessions, avec l’énergie d’un beau désespoir, comme autant de contes cruels, de démonstrations politico-socio-pédagogiques, dans le but bien sûr, de s’aider à vivre, mais aussi d’obliger autrui à se poser des questions.
Attitude utopique, peut-être, mais combien généreuse de la part d’un être conscient de la somme d’énergies qu’il devra encore dépenser pour changer ne serait-ce qu’un tout petit coin du monde. Et dès lors, faut-il s’étonner que parfois il quitte ces voies tortueuses pour se lancer dans une autre (la même, peut-être) création ; de verre cette fois, comme si l’élégance et la transparence de ce nouveau matériau, donnait à sa démarche un petit air ludique, un peu irrévérencieux : un moment de repos, en somme ?
CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.
TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "PEINTURE ET MILITANTISME DE Loren3 : BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N° 67 DE janvier 2000 ; et "LOREN FACE AUX ALEAS DE LA VIE" : BULLETIN… N° 74 TOME 1 DE JUILLET 2004 et http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.