Jean-Pierre Nadau fait jaillir sous sa plume et à l’encre de Chine, d’insolites allochtones peuplant d’imaginaires cosmo-mégapoles. Un travail de titan dans une géographie de fourmilière, conçue à partir de variations acrobatiques sur l’espace ; d’enchaînements de macro-structures architecturées qui semblent aller partout et nulle part. Car l’« architecte » jette mille ponts dont l’aspect est rassurant pour le spectateur, jusqu’au moment où leur profusion crée dans ces équilibres de prime abord, des déséquilibres de plus en plus inquiétants : les entrelacs labyrinthiques générés par de nombreux points de rencontre et les lignes de fuite tuent la magie que, spontanément, l’œil avait accordé à ces constructions familières, car ils cernent des sortes d’enclos dans lesquels sont en mouvement de monstrueuses entités…
Parfois, dans cette sophistication graphique poussée à l’extrême, Jean-Pierre Nadau entraîne son observateur, en des partitions musicales farfelues sur lesquelles des taches-notes échevelées sont à la fois personnages et envolées polyphoniques. Perpendiculairement aux portées, se dessinent les incontournables labyrinthes, sortes de cloches-bouches-sexes dont les parois ovoïdes zébrées de stries foncées ponctuent comme des touches pondérées les fantaisies de ce solfège en folie…
Une œuvre picturale dépaysante, à la fois conte merveilleux et récit fantastique ; dentelles humoristiques et graves ; travail d’orfèvre délicatement ciselé avec la cruelle précision d’un esprit fin comme un scalpel.
CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.
VOIR AUSSI : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LES ENTITES EN NOIR ET BLANC de JEAN-PIERRE NADAU" : N° 56 DE DECEMBRE 1995 DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA. Et : IDEART MARS 1995. Et Site http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.