LA COLLECTION CERES FRANCO D’ART CONTEMPORAIN

Invitee par “MIRAMAS ART CULTURE” au CHATEAU DE BELVAL, à MIRAMAS.

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Cérès Franco dans l'escalier de son musée
Cérès Franco dans l'escalier de son musée

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Le Maire de Miramas, Jeanine Rivais et Jean-François Meyer coupant le ruban inaugural de l'exposition
Le Maire de Miramas, Jeanine Rivais et Jean-François Meyer coupant le ruban inaugural de l'exposition

Printemps 2000 : L’Association “Miramas Art Culture” propose près de 150 oeuvres “enlevées” au Musée de Lagrasse (Aude) où niche la Collection Cérès Franco d’Art contemporain. Une magnifique exposition ! Conçue et installée avec une intelligence, une sensibilité rares par son directeur, Jean-François Meyer. Sur les cimaises de cette grande maison bourgeoise, rénovées pour la circonstance, s’étalent 50 années de recherches picturales à l’échelle du monde ; oeuvres de chair et de sang de la part de leurs auteurs, de coeur et de dévouement de la part de celle qui toutes ces années a été la cheville ouvrière de la Galerie L’Oeil-de-Boeuf à Paris.

Jean-Marie Martin signant le catalogue du Maire de Miramas
Jean-Marie Martin signant le catalogue du Maire de Miramas

            Hélas, le bon Saint-Antoine qu’elle évoque si souvent avait pour une fois détourné les yeux de Cérès Franco et l’avait laissée se casser une jambe, quelques jours avant l’inauguration ! Quelle injustice ! Elle a donc dû confier à la Secrétaire générale de son association le soin de la représenter à cette manifestation ! Tâche à la fois impossible, terrifiante mais tellement gratifiante ! D’autant que le public était incroyablement nombreux, chaleureux et passionné ! Et dans ce préambule laudatif, il ne faut surtout pas oublier M. Thorrand, le Maire de Miramas dont l’investissement à la cause de l’art en général et de cette exposition en particulier a été tout à fait remarquable ! JR

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Jacques Grinberg
Jacques Grinberg

Discours inaugural de Jeanine Rivais.

"Au moment où reconnaissant enfin officiellement la qualité et l’originalité de sa collection, des villes, et en particulier Miramas, l’invitent à la montrer, Cérès Franco, éternelle dissidente, vient de se jouer le plus mauvais tour qui soit : se casser une jambe et ne pouvoir venir jusqu’à ce micro, pour vous remercier elle-même de votre si chaleureux accueil !

Macréau
Macréau

Dissidence ! Depuis un demi-siècle, ce mot s’applique comme une seconde peau à cette Brésilienne devenue française par amour de la richesse culturelle multiforme qu’elle a trouvée chez nous. Dissidence, car, délaissant les chemins faciles qui lui étaient larges ouverts, elle s’est d’emblée passionnée pour des formes d’arts situées en marge des courants et des modes : En effet, dans le temps où, prenant le pas sur l’Art abstrait, s’imposaient en France le Conceptuel,, le Minimal-Art, etc., Cérès Franco s’entourait d’oeuvres figuratives créées par des artistes de la Nouvelle Figuration alors à ses balbutiements, comme Grinberg ; élaborées par des gens eux-mêmes à l’origine de mouvements contestataires, comme Lucebert ou Corneille, du groupe Cobra ; d’oeuvres violentes et proches de l’Expressionnisme, comme celles de Rustin ; tragiques du mal-être existentiel de leurs auteurs, comme celles de Nitkowski et surtout de Macréau qu’elle défendra bec et ongles pendant des décennies et qui deviendra la figure de proue de sa collection : des oeuvres de créateurs individualistes, en somme, dont rien ne saurait araser les différences.

Jaber
Jaber

Pourtant, ces options plutôt intellectualisées n’excluaient pas d’autres créateurs, autodidactes, spontanés (Jaber, Chaïbia, Aïni...), restituant de façon très émotionnelle sur la toile, leurs joies et leurs peines ; des artistes purs, authentiques, comme Eli Heil... De nombreux vocables sont nés et devenus officiels, dans la seconde moitié du siècle, pour classer paradoxalement ces inclassables ; mais elle préfère regrouper “les siens” sous celui plus ouvert et bien à elle, d’“artistes en transe” ! Des Naïfs firent également, au fil de ses voyages, partie de ses choix, dénichés sous de lointains horizons (Haïti ; Brésil, Mexique, etc.) où il est plus courant de les appeler Primitifs ; et dont elle situe les oeuvres dans la catégorie, infinie à ses yeux, des “Arts d’ailleurs” ! Et puis, exemples par excellence de l’Art populaire, des ex-voto, figurines très colorées ou au contraire sombres et sobres ...

Nitkowski
Nitkowski

Bref, il faudrait continuer longtemps encore... Mais de toute façon, il est impossible de citer toutes les trouvailles qui ont émaillé l’existence de découvreuse de Cérès Franco ! Comment définir sa collection, elle dont la vie a été –continue d’être- une longue histoire d’amour, de coups de coeur irraisonnés et déraisonnables ; dont chaque exposition était une pierre blanche dans l’aventure picturale en marge des voies officielles ; s’enchaînait sur un autre maillon issu de son imagination floribonde ; constituait une nouvelle étape de ses engagements de plus en plus profonds sur des artistes eux-mêmes de plus en plus... dissidents ! N’est-il pas mieux, en fin de compte, de dire qu’aucune règle, jamais, n’a présidé aux choix de Cérès Franco ; si ce n’est de défendre, sans exclusive, des artistes à l’imaginaire infiniment riche, à la poésie picturale obsessionnelle et délirante.

Rustin
Rustin

Quiconque a connu sa galerie L’Oeil-de-Boeuf, rue Quincampoix à Paris, a conscience qu’il s’agissait bien là d’un “oculus” grand ouvert sur la création mondiale ; clos de façon rédhibitoire sur les faux semblants, les fausses valeurs, la création moutonnière... De ce lieu tellement atypique, sont parties vers le monde des expositions excentriques au sens le plus positif de ce mot. Là, elle a reçu des invitations internationales de la plus haute distinction, comme celle d’assumer le titre de Commissaire de la Sélection brésilienne de la Triennale d’Art insitic de Bratislava... Bien d’autres ! Bien sûr !

Jean-Marie Martin
Jean-Marie Martin

Aujourd’hui, Cérès Franco a quitté cette caverne d’Ali-Baba, restée célèbre comme le seul exemple parisien d’une galerie marginale et audacieuse. Dans ces conditions extrêmes ; si elle s’est enrichie, c’est de cette magnifique collection unique qu’elle a constituée au fil de toutes ces années ; et dont vous voyez ici une partie. Il vous appartient désormais d’aller, presque en voisins, d’ailleurs, visiter le reste dans son beau musée de Lagrasse, dans l’Aude.

En attendant, pour cet hommage grandiose que vous lui rendez aujourd’hui, soyez tous, en son nom, remerciés !                      

                             Jeanine Rivais.

 

MUSEE CERES FRANCO D’ART CONTEMPORAIN : 12 rue des Remparts, 11220 LAGRASSE.

 

Ce texte a été publié dans le N° 69 de Janvier 2001 du BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA.